Magazine Cinéma

Champion

Publié le 26 novembre 2011 par Olivier Walmacq

Champion__2002_film_

Style: Biopic/drame

Année: 2002

Durée: 1h55

Réalisateur: Kwak Kyung-Taek

Résumé: Le 14 novembre 1982, à Las Vegas, le boxeur coréen Ki Duk-Koo tombe sous les coups du champion du monde poids léger Ray "Boom Boom" Mancini. Tombé dans le coma instantanément, Duk-koo décède quelques jours plus tard à l'hopital. Ce film retrace toute sa vie, de son enfance difficile à ses premières victoires et à son décès.

La critique de Duncan:

Les fans de boxe le savent: en 1983, le nombre de rounds d'un match de boxe est passé de 15 à 12. Par contre, ce que peu de gens savent, c'est que c'est la mort du boxeur coréen Kim Duk-koo qui a permis ce changement fondamental dans ce sport. Rappelons les faits: Ray Mancini, surnommé "Boom Boom", était à l'époque le champion du monde de boxe catégorie welter.
Kim Duk-koo, gagnant de plus en plus de popularité, sera défié par Mancini et combattra à Las Vegas. Le combat, très célèbre et disponible sur YouTube, sera brutal, et aucun ne fera de cadeau à l'autre.
Malheureusement, Mancini l'emportera et Duk-koo tombera dans le coma sur le ring et décédera quelques jours plus tard.

Ce film retrace la vie de ce boxeur coréen, nommé il y a quelques années à titre posthume évidemment, meilleur boxeur asiatique de tous les temps.
Et pour rendre hommage à ce grand boxeur pourtant méconnu, qui de mieux que Kwak Kyung-taek ? Réalisé à peine 5 mois après son précédent film, le sublime Friend (chroniqué sur ce blog), Champion demeure une oeuvre méconnue, et c'est bien dommage.

Réputé comme un véritable chef d'euvre, le film n'a pas eu un grand succès en France, même si l'explosion récente du cinéma coréen a permis à de nombreuses personnes de découvrir ce film.
En fait, disons-le franchement, Champion n'a rien à envier aux nombreux classiques américains du genre, tel que Raging Bull de Martin Scorsese, mis à part au niveau des combats (j'y reviendrai), le film auquel il se rapproche le plus.
Mais il fait aussi penser au superbe Million Dollar Baby de Clint Eastwood, ce dernier ayant un scénario certes fictif mais très similaire au film de Kyung-Taek. Ne parlons même de Ali de Michael Mann, qu'il enterre les mains dans les poches et un bandeau sur les yeux.

Pour interpréter Kim Duk-Koo, Kyung-Tek collabore une seconde fois avec l'acteur Yoo Oh-Sung,q ui avait le rôle principal dans son précédent film.
L'acteur, parfaitement investi dans son rôle et surtout très ressemblant au boxeur, est extrêmement convaincant.
Expressif, capable de pleurer (pas si évident que ça), il réussit à donner une vraie dimension dramatique à son personnage.

Passé cette qualité essentielle pour le genre du biopic, le traitement scénaristique opéré par le réalisateur est particulier.
La première est assez bordélique, mais volontairement pour montrer le côté paumé du personnage. Les scènes passent de l'une à l'autre, certes avec cohérence, mais d'une manière assez clippesque.

L'autre particularité, et c'est d'ailleurs souvent le cas dans les films asiatiques, c'est la poésie qui se dégage des nombreuses scènes.
Musique lyrique, scènes contemplatives sur la plage, ralentis... Ces quelques effets de mise en scènes rajoute un côté mystique, qui donnerait presque l'impression de voir un ange se battre: ce qui est en parfaitement adéquation avec le personnage.

Le film ne manque jamais d'humour. Par exemple, la scène de beuverie étant assez drôle. Mais le film est avant tout un drame, et là, le réalisateur réussit parfaitement à donner de l'émotion à son film.

On peut évidemment aussi compter sur la sincérité des acteurs,les effets de mise en scènes et la musique.
Autre chose intéressante, le film traite aussi des conditions de vie des boxeurs de l'époque, en particulier asiatiques.
Déjà, la boxe était perçue comme un sport violent, barbare, pour les pauvres. Kim Duk-Koo en fera les frais en perdant la femme qu'il aime, car le père de cette dernière, plus ou moins fortuné, refusait qu'elle fréquente un boxeur.

L'autre travers du sport, c'est le peu d'argent que gagnait les boxeurs à l'époque. Les boxeurs américains et européens vraiment reconnus (il y en avait peu) tels que Ali, Morrison, Frazier ou Mancini gagnaient plus ou moins pas mal d'argent (mais rien de comparable à maintenant), alors que les boxeurs asiatiques gagnaient des cacahuètes et restaient dans la misère (ou bien ils vivaient très modestement).

Indéniablement, Champion sonne juste dans quasiment tous les domaines. Bien interprété, bien mis en scène ,ambiance crédible, sincérité bien présente et une superbe musique. Mais le film n'est pas dénué de défauts,.
Déjà, il faut savoir que ce long métrage n'est pas un film de boxe, mais plûtot un film sur l'homme qui porte les gants. Ses ambitions, son caractère, son mental...

La boxe est peu présente. Á tout casser, il y a peut être une minute et 30 secondes de combat. 20 à 30 secondes pour chaque combat, pas plus.
Le faible temps consacré au sport en lui même est compensé par une brutalité des coups rarement atteinte. Donc oui, nous sommes loin tout de même des combats ultra réalistes à une caméra de Raging Bull.

Ensuite, l'enfance du boxeur est assez survolée. Mis à part quelques flashbacks assez violents, on fait peu echo à son enfance dans les gangs des gosses des rues ou encore la maltraitance de son père.
15 minutes de plus n'aurait sans doute pas fait de mal. Mais le film reste complet et le réalisateur n'oublie jamais de mettre en évidence certains détails qui ont leur importance: l'alcool facile du boxeur, son caractère impulsif ,son manque de sang froid sur le ring, ses relations houleuses avec son entraîneur...

Donc, que de broutilles tout ça, tant ce film demeure superbe, très émouvant, intimiste, avec une fin superbe, très représentative de la boxe de l'époque: si tu nais dans la merde, tu peux gagner des combats, tu peux devenir champion.
Si tu n'es pas américain ou européen, tu restes dans la merde, jusqu'à la fin. Les fans du genre se doivent impérativement de se procurer ce film qui, je le répète, n'a rien à envier aux classiques reconnus du genre.
Un bien bel hommage á un sportif fascinant qui mériterait d'être bien plus reconnu.

Note: 18/20


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Olivier Walmacq 11545 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines