Et si Facebook nous vendait de l’assurance?

Un peu de prospective ne fait jamais de mal, à défaut de toujours aboutir, l'opération permet parfois d'émerger des idées qui à l'occasion sont porteuses. C'est manifestement l'exercice auquel s'est attelé Christian Ruetsh, le secrétaire général du Cercle Lab, une de ces structures de consulting qui vendent leur expertise et leurs réflexions aux groupes d'assurances et aux mutuelles.

Facebook,un groupe d'assurance comme un autre?

L'idée en question est la suivante, et si Facebook devenait le premier assureur mondial? Comme le note Christian Ruetsh, avec bientôt 1 milliard d'individus titulaires d'un compte, Facebook constituerait potentiellement un immense réseau mutualiste à l'échelle du monde entier. En émettant cette idée, il fait en fait référence à l'ouvrage de Robert J. Schiller (Macro Markets). Ainsi M Ruetsh énonce l'idée que ce groupe immense que constituent les « abonnés Facebook » pourrait, je cite « constituer le socle de ce que Robert J. Schiller appelle les “macro marchés“ » permettant d'assurer la couverture efficace des « risques divers et variés » à l'échelle de la planète.

(Mais c'est peut-être oublier la place nécessaire accordée à l'Etat par Robert J. Schiller dans sa théorie, pour ce qui est de la création, de la structuration et de la régulation de ces marchés. Sur ces questions lire ceci : http://theme.univ-paris1.fr/plans/Steiner/Steiner-Marches.pdf)

L'assurance au niveau du cercle d'amis

Peut-être plus pertinente est l'analyse des mécanismes de solidarité restreinte qu'illustre Facebook. Pour Christian Ruetsh, « la connaissance fine des connexions entre les individus » offrirait des pistes pour mettre en place des « mutualités plus restreintes » sur la base du bon vieux principe de la tontine. Pour information il existe déjà des initiatives comparables, ce système a été mis en place sur un site allemand auquel j'avais consacré un article mais que j'ai malheureusement été incapable de retrouver.

Une idée pas si saugrenue?

Effectivement, Facebook dispose d'une masse de données sans égal, sur la vie quotidienne et les habitudes de ces membres. Des données qui feraient rêver plus d'un assureur. On sait d'ailleurs que ces derniers ont déjà expérimenté une utilisation raisonnée des données présentes sur le World Wide Web, ces données que nous laissons à droite à gauche comme le Petit Poucet et qui via des systèmes experts logiciels peuvent tout à fait restituer un profil utilisable riche d'enseignements pour les assureurs (lire ceci sur la question )

La question du respect de la vie privée

Bien sûr l'éventualité d'un Facebook devenu un géant du courtage ou de l'assurance (directement ou indirectement) ne serait pas sans poser des problème eu égard au cadre légal et à la protection des données, un domaine curieusement laissé de côté dans l'article du Cercle Lab. Mais l'obstacle n'est pas forcément infranchissable : Facebook ou sa structure d'assurance pourrait tout à fait s'engager à ne pas utiliser les données collectées. Après tout pourquoi serait-il plus étonnant d'acheter sa complémentaire santé à Facebook qu'à Carrefour ou Casino? Même Le groupe fondé par Bernard Tapie commercialise de l'assurance.

Assurances Ready?

Non seulement Facebook dispose d'un monumental fichier « Prospects » immédiatement accessibles par le web d'une part, mais aussi par les applications pour les smartphones, par la TV connectée, mais aussi a priori d'une bonne partie de la chaîne « logistique » capable de traiter cette énorme masse de clients potentiels….

Source : la newsletter de novembre du cercle Lab