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[Critique DVD] Deep end

Par Gicquel

L’aspect certainement sulfureux pour l’époque s’est émoussé. Les émois amoureux d’un ado face à une jeune fille très entreprenante ont depuis connu d’autres ébats. Mais la bizarrerie fait que ce film demeure quasiment sans ride. Il marque son temps, par sa musique très datée ( Cat Stevens, Can ), ses couleurs pop et ce swinging London désormais dépassé. Mais le temps ne fait rien à l’affaire, «  Deep end » a toujours le mérite de nous parler de Mike et Susan, un couple qui ne se fera jamais et qui vit encore ce matin quelque part à Londres, Paris ou Berlin.Dans les entrelacs d’une civilisation en dégringolade, sans repère, ni avenir confirmé.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

 C’est ce que l’on appelle l’universalité. En la matière Jerzy Skolimowski a toujours su faire. «  Deep end » est le premier film anglais de ce polonais qui délaissant un pays complètement sous la botte soviétique (nous sommes en 1970) prend très rapidement le pouls de la société britannique.

Quand Mike débarque dans les bains publics pour travailler aux côtés de la belle Susan, le microcosme qui s’y agite n’est que plaie de l’humanité, ou laisser aller. Dehors , il fait souvent nuit et cette fois Londres est plus enchantée ; mais le miteux des boîtes que fréquentent Susan et son fiancée ( un abruti de première ) n’est pas plus engageant que la piscine aux murs délabrés. Comment Skolimowski arrive-t-il à nous dépeindre tout cela de façon aussi légère, dans le désarroi culotté d’un jeune garçon que John Moulder-Brown  , porte sur ses frêles épaules, avec l’assurance d’un grand pro ?

[Critique DVD] Deep end

Une Angleterre des années 70, qui ne s'invente pas !...

Il est intéressant de le revoir dans les bonus en compagnie de sa partenaire du film Jane Asher , se remémorant leurs meilleurs souvenirs. Ils parlent beaucoup de l’improvisation à l’ordre du jour sur le plateau, et c’est peut-être l’explication de cette couleur dominante dans un  film très spontané. Les sujets traités ne sont pas faciles, mais le naturel ambiant fait que l’on se retrouve quasiment dans la vraie vie, ne sachant jamais ce qui attend les héros et leur entourage.

Et le final est tout à fait conforme à un film qui passe de la comédie au drame avec la logique implacable d’un gamin en quête de soi, face à l’ingénue et ambiguë  Susan. Entre le fantasme et la réalité, la mort viendra les guider.

 LES BONUS

  • Point de départ

Le titre de ce chapitre fait référence au premier titre du film, remplacé ensuite par «  Deep end » dont on nous raconte toute l’histoire avec ses concepteurs, acteurs et techniciens. Il n’y a pas d’images de tournage (en 1970 on n’y pensait pas, et même les scènes coupées ont été jetées), mais d’excellents commentaires ou souvenirs.

[Critique DVD] Deep end

«  On travaillait caméra à la main, et sans répétition, et comme très rapidement on a vu que ça fonctionnait, on a poursuivi » note ainsi Charly Steinberger, derrière la caméra, encore ébloui à l’évocation de ce tournage au cœur de Londres, mais aussi à Munich (pour son parc et les bains publics).

« Il y avait une certaine idéalisation de la part de Skolimowki » dit un de ses techniciens «tout paraissait merveilleux et agréable. Il voulait représenter une période endiablée, mais avec un aspect sombre. Bien que fasciné par ce mode de vie (il arrive de Pologne et a vécu sous un régime tyrannique) sa différence culturelle lui faisait porter un regard très critique »

  •  Les scènes coupées

On en parle, on ne les voit pas, car elles ont toutes été jetées, pratique courante à l’époque

  • «  Deep end » c’est moi

Ou le témoignage inattendu d’Etienne Daho sur un «  film qui m’a construit, j’espérais sa ressortie même si la rareté protégeait son côté confidentiel ».


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