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Les 45 ans de l'Age d'Homme et l'hommage à Dimitri, Vladimir Dimitrijevic

Publié le 28 novembre 2011 par Francisrichard @francisrichard

L-Age-d-Homme-fete-ses-45-ans.jpgSamedi 26 novembre 2011 après-midi. La salle des fêtes de la mairie du VIe arrondissement de Paris, qui se trouve place Saint-Sulpice, est noire de monde. Il a fallu rajouter des bancs tapissés de velours pour permettre à l'assistance de s'asseoir.

A la tribune se succèdent l'Ambassadeur de Serbie à Paris, S. Exc. Dusan Batkovic, le Pr Jacques Catteau, Jean-Baptiste Baronian, membre de l'Académie royale de Belgique, Jean-Pierre Vanderstappen, le Pr Gérard Conio, Lydwine Helly, Christine Mestre, présidente de l'Association France-Oural, Olga Zinoviev, directrice du Centre de recherches Alexandre Zinoviev, Polina Zinoviev, peintre. Ils sont venus célébrer les 45 ans de L'Age d'Homme ici et rendre hommage à son fondateur, Vladimir Dimitrijevic, que ses amis proches appellent Dimitri.

Dans l'assistance je rencontre Uli Windisch, qui me présente à l'Ambassadeur de Suisse en France et à Monaco, S.Exc. Jean-Jacques de Dardel, qui vient d'être nommé à Paris, et Edgar Morin, qui lui avait promis de venir et qui est là, en pleine forme, à nonante ans cette année, tandis que chante au fond de la salle un choeur orthodoxe aux accents graves de toute beauté.

Dans un salon proche de la salle des fêtes deux films sont projetés tour à tour.

L'un a été réalisé par Jean-Pierre Bonneau. Il est intitulée Personne déplacée, comme le livre d'entretiens de Vladimir Dimitrijevic avec Jean-Louis Kuffer, dont j'ai rendu compte ici, quand il a paru dans la collection du Poche suisse. On y voit Dimitri s'entretenir avec le Père Nicolas Ozoline, notamment sur l'orthodoxie, sur Vladimir Volkoff et son indépassable tétralogie des Humeurs de la mer éditée par lui, sur ces compatriotes serbes, qu'il ne demande pas de magnifier mais de simplement respecter.

L'autre film, intitulé Le sablier du siècle, est réalisé par Claude Herdhuin. Il s'agit du portrait du général Pierre-Marie Gallois, ami de Dimitri, qui souligne en particulier les conséquences désastreuses de la reconnaissance du Kossovo, ce fâcheux précédent d'une terre livrée à ses immigrés devenus majorité, et qui raconte la désinformation sur son intervention, à la demande des services secrets français, auprès du général Ratko Mladic, pour faire libérer en 1995 deux aviateurs français, que ce dernier avait fait prisonniers.

Dans un autre salon sont exposées des photos de Louis Monier qui représentent des écrivains tels que Georges Haldas, Eugène Ionesco en compagnie de Mircea Eliade et d'Emil Cioran, Stéphane Courtois, Roland Barthes, Pierre Gripari, Vladimir Volkoff et de tant d'autres écrivains, édités ou non par L'Age d'Homme.

Notre-Dimitri.jpg
Sur l'invitation on peut remarquer un petit dessin à l'encre noire. Il est de Dimitri. Il représente un passeur... C'est ainsi que l'avait qualifié fort opportunément Jean-Louis Kuffer

Le portrait de Dimitri, qui figure également sur l'invitation, est l'oeuvre du peintre et sculpteur serbe Pierre Omcikous. Il est reproduit également en couverture du livre d'hommage à Dimitri paru ce samedi. Il lit et paraît "concentré et heureux". 

La cotisation de l'Association des Amis de Vladimir Dimitrijevic et de l'Age d'Homme, créée ce samedi, dont le but est "d'aider au rayonnement et développement de la maison d'édition dans l'esprit de son fondateur", donne droit cette année à cet ouvrage qui honore Dimitri, mort au travail, sur une route de Bourgogne, le 28 juin de cette année.

Comme le dit dans ce livre Richard Aeschlimann à son propos :

"Son vrai pays était la vie, la littérature, l'amitié, l'amour; là où vivent les contrebandiers du verbe, les passeurs d'idées, là où le vent de la pensée circule librement."

Bernard de Fallois rend cet hommage d'un éditeur à un autre éditeur :

"Editer pour lui n'était pas le moyen de vendre des livres mais le moyen de les faire exister."

Gérard Joulié en explique le pourquoi en s'adressant en ces termes posthumes à Dimitri :

"En d'autres temps vous eussiez été prêtre et soldat. La bassesse du nôtre vous a fait éditeur de livres afin de maintenir à flot le niveau des âmes."

Le même ajoute un peu plus loin :

"Lire était pour vous une occupation sérieuse. Jamais la littérature ne fut pour vous un divertissement."

Jean-Michel Olivier publie un extrait d'un roman qu'il a mis en chantier et où il parle de Dimitri. Il aborde l'engagement de Dimitri aux côtés de sa patrie, la Serbie, dans le conflit balkanique et met dans la bouche d'un protagoniste ces paroles : 

"Ceux-là mêmes qui, naguère, l'avaient porté aux nues, quand il dénonçait les dangers du communisme, le crucifiaient à présent pour l'attachement qu'il vouait à son pays."

Toujours est-il que cet engagement  -"son plus beau titre de gloire" selon Gérard Conio -, a coûté très cher à sa maison d'édition, qui n'en a pas moins continué à faire paraître quelques 150 titres par an : il n'y en a pas moins de 4'500 au catalogue. Qui dit mieux ?

Sa fille, Andonia, que Dimitri voyait bien en patronne, a repris le flambeau de son père. Elle était là samedi dernier. Elle sera là, à Lausanne, le vendredi 9 décembre prochain, pour la journée portes ouvertes, de 14 h à 20 h, des nouveaux locaux sis 2 et 4 avenue du Théâtre. Car elle cultive, comme son père, la vertu d'espérance et doit se plaire à dire, comme son père :

"On continue !"

Francis Richard


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