Magazine Moyen Orient

Leçons d’histoire

Publié le 29 novembre 2011 par Jcharmelot

Les déboires de l’euro, la crise économique dans les pays du Vieux Continent, la montée du chômage, la pauvreté grandissante, le manque d’espoir, le recul de l’état … Des impressions de « déjà vu », de « Grande Dépression », d’années 30 et de montée de périls.

Dans une analyse pour le Financial Times du 29 novembre, « The long shadow of the 1930s », Gideon Rachman se demande si la crise que l’Europe traverse pourrait avoir, comme celle des années 30, la même conclusion: une terrible guerre. « La leçon des années 30 est qu’une dépression générale affaiblit les démocraties, ouvre la voie à des forces politiques nouvelles et radicales –et que ce processus accroit les risques de conflit international », écrit-il.

Rachman avance trois raisons pour lesquelles il veut croire que l’Europe et le monde feront l’économie d’un nouveau conflit généralisé. Nous avons retenu les enseignements d’une catastrophe qui a couté la vie à des dizaines de millions d’hommes et de femmes, et qui a ravagé la planète, nous dit-il. La paix qui règne depuis 1945 illustre la nouvelle sagesse des nations, et représente, selon lui, un état irréversible de civilisation. Et enfin, nos société sont beaucoup plus riches et les individus ne sombreront jamais plus dans un état de pauvreté tel qu’ils se laisseront entrainer vers des idéologies radicales.

Gideon Rachman a raison de se poser une question aussi provocatrice que celle de la possibilité d’une guerre en Europe. Envisager ainsi un retour de la violence à grande échelle doit servir de mise en garde à tous, d’avertissement que les acquis de la paix et de la démocratie peuvent être remis en cause.

Les raisons qu’il nous donne d’espérer sont toutefois insuffisantes: la mémoire des horreurs de la guerre se perd à mesure que disparaissent les derniers témoins, que le récit de l’histoire est délaissé. Si la violence a décru, comme il le souligne, dans les pays d’Europe de l’ouest, elle a perduré et s’est mutipliée dans des régions voisines, au Moyen Orient ou en Afrique, par exemple. Et si la richesse a augmenté dans le monde occidental, ou en Asie, les inégalités y sont telles que les laissers-pour-compte du bien être, les défavorisés, les déshérités, sont légions.

La guerre telle que le monde l’a connue aprés la « Grande Dépression » n’est sans doute plus possible. Mais l’insécurité économique peut facilement générer des violences d’un autre genre. Une généralisation, par exemple, des agressivités individuelles ou communautaires contre les biens et les intérêts des personnes ou des groupes perçus comme mieux dotés. La multiplication des actes de vandalisme, des attaques armées pour des larcins de misère, des atteintes physiques dans les lieux considérés comme sûrs, bref la transformation rapide de nos milieux urbains en environnements hostiles. Face à cette perspective, l’affaiblissement de l’état, de sa légitimité, de son autorité, et de ses moyens de gérer les tensions sociales, ajoute une dimension inquiétante. La guerre que craint Gideon Rachman sera celle des marginaux contre les nantis, des pauvres contre les riches, de ceux qui ont un avenir et de ceux qui n’en ont pas.

Financial Times


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