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Chine

Publié le 01 mars 2008 par Didier T.
Photo : Enrico Dagnino - Défilé Useless Collection Wuyong 
C’est la Chine, près de Canton.
Un espace industriel immense. Des rangées de tables en bois blanc. Posées dessus, alignées avec une géométrie implacable, des machines à coudre.
Quelque part, un peu à l’écart de cette immense pièce de travail, un dispensaire. Un médecin en blouse blanche palpe bizarrement le pouls d’un travailleur, puis d’un autre, puis d’encore un autre.
Fatigue.
Le diagnostic est toujours un peu le même.
Dans cette pièce médicale, un lit, un homme se repose, son corps pris de spasmes saute sur le matelas. Il essaie de dormir, le bras sur ses yeux pour éloigner de lui la lumière au néon d’une usine textile banale.
Un coin de verdure. On entend les oiseaux. Une chienne se promène avec ses chiots. Un immense atelier baigné de lumière, des planches de chantier harmonieusement disposées composent le sol d’un endroit qui pourrait être aussi bien niché à Londres, à Paris ou à Tokyo. Nous sommes quelque part en Chine. Sur des cintres sont suspendus des vêtements de créateur. La styliste annonce qu’un jour elle a abandonné le travail industriel du vêtement pour se consacrer à un mode de création plus lent en lien avec la nature. Elle dit qu’avant quand le travail était fait à la main, quand on savait d’où venait le vêtement, quand on savait pourquoi et comment il avait été fait, on ne le jetait pas, on le gardait comme témoin des périodes, comme témoin du temps. Elle a choisi d’enterrer les vêtements pour que le temps et la nature les imprègnent. Propos philosophiques séduisants. On retrouve la créatrice invitée à Paris, invitée à la prestigieuse Semaine de la mode, quelque chose comme ça. On maquille le corps des femmes avec des couleurs terre. La créatrice chinoise, mais elle pourrait être américaine, israélienne, française ou indienne, fait des petits caprices, la lumière est trop jaune, le mélange de terre pour enterrer les vêtements n’est pas le bon « Pourtant on avait envoyé un échantillon ! ».
Des dunes noires : les mines de charbon du sud de la Chine. A l’entrée de l’une d’entres elles un écriteau « La sécurité avant tout ». Le matériel est pourtant vétuste. Les hommes sont couverts de suie. Ils se lavent dans des douches dont les murs sont recouverts d’une épaisse graisse couleur charbon. Les mineurs font repriser ou rapetisser leurs pantalons râpeux dans une échoppe familiale où des drames un peu grotesques se jouent. Les femmes font les rares ourlets des pantalons de mineurs, les hommes font vibrer leur mobylette et boivent. Les femmes ne voudraient pas qu’ils boivent. 
La femme d’un mineur entre soudain pour récupérer un pantalon laissé plus tôt. Elle nous emmène chez elle à la rencontre de son époux. Avant il était tailleur. Il a été obligé d’arrêter pour travailler à la mine. Il taillait des costumes pour 40 yuan. Les industriels taillent le même costume pour 30 yuans. Alors, il s’est reconverti. Dernièrement, il a emmené sa femme à la ville. Elle voulait un ensemble.
- Votre femme est belle dans ce nouvel ensemble ?
- Pour moi, quoi qu’elle porte, elle est belle.
Useless, Jia Zhang-Ke, documentaire.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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