Détails du quotidien polynésien

Les gombos

Parfois, je trouve au marché du dimanche matin un petit sachet de gombos, l’asperge du pauvre. C’est si rare ! Je demande à E. si elle peut faire pousser quelques plants de gombos sur ses terres. Elle refuse mais connaît une amie qui pourrait le faire.
« Elle connaît les gombos ? Elle en mange elle-même ?
- Oh ! oui. »

Alors, confiante, chez Brico-bordel, j’achète un sachet de graines de gombos. May be, je pourrai me régaler d’ici peu. Inquiète malgré tout, je prends régulièrement des nouvelles de « ma » plantation.
« Les gombos poussent bien ?
- Oh ! oui, ils sont déjà hauts de 20 cm.
- Merveilleux ! C’est la hauteur du plant ? »

Après quelques semaines d’attente, l’amie apporte à E. les premiers gombos récoltés. Je serai livrée demain.
Le premier est long de 20 cm, tel un concombre dur… Les autres ne valent guère mieux ! Je jette mes rêves à la poubelle !

Ni E., ni son amie ne savaient ce qu’étaient des gombos, ni comment on les cueillait, ni les dégustait.
Conclusion : ne jamais faire confiance à un Polynésien qui vous dit « je connais, je sais » !

Ces chèvres qu’on assassine

L’élevage caprin de Rurutu (îles Australes) a été décimé par des chiens errants. Et la seule société à fabriquer du fromage de chèvre en Polynésie pleure ses chèvres ! Sur 20 bêtes, six laitières ont succombé aux morsures, huit agonisent, il ne reste que six petits. Toutes les disparues attendaient des petits.

Dix ans pour mettre son élevage sur pied, et tout est anéanti en une nuit.

Hélas, ce n’est pas la première fois qu’un élevage est détruit par les chiens errants, il y a quatre ans un carnage avait détruit un élevage de chèvres et de cochons.

L’an passé, lors de la croisière de l’Aranui III aux Australes, nous avions visité cet élevage qui fleurait bon le fromage de chèvre…

La politique du fenua, ras le bol…

Ubu roi, je t’aime moi non plus, et tout le théâtre de boulevard sans payer de billet d’entrée. Les dessinateurs des journaux s’en régalent :

Festivités du Jour de l’An chinois. « Oooracle ! ôôô désespoir !!! Le politique se rend au temple pour interroger l’oracle :
« Que disent les divinités pour cette année politique ?  ».
L’oracle : elles disent que ça sent le fafaru !(plat typiquement tahitien à l’odeur insoutenable). »

Mieux qu’une « Télénovela », que « Dallas », « Amour, Gloire et Beauté », c’est notre feuilleton politique local : « Trahison, Mensonges, et Vanité ». Une vahiné zappe devant sa télé et dit « taahoa ! » (ennuyeux)

Heureusement on se distrait en regardant les paquebots qui viennent s’amarrer dans le port! Quatre le même jour, qui dit mieux ? L’Amadea et le Tahitian Princess stationnaient à l’épi sud. L’Albatros et le Maxime Gorki à l’épi nord. Je ne vous raconte pas quand le soir avant de sortir du port ils actionnent leur sirène pour dire au revoir … les vitres tremblent. Les quatre sont sortis en se suivant… aïe, aïe les oreilles ! Heureusement la gamme comporte plus de quatre notes… chacune empruntant une tonalité différente. Auparavant, le Queen Elisabeth II avait fait une escale technique avant de rallier Dubaï où il servira d’hôtel flottant !

Quelles nouvelles ?

Hier, début février, les dieux nous ont gratifié d’une journée merveilleuse. La mer était d’huile, le soleil haut et fort, pas de ride sur le lagon, l’eau était chaude mais pas trop.

Nous papotions, assises dans le lagon comme c’est la coutume, et recevions la visite d’une multitude de poissons bariolés.

E : « j’ai reçu une lettre de S. (de Paris)
Moi : ?
E : je lui avais envoyé une belle carte pour la nouvelle année.
Moi : c’était sa réponse donc ?
E : Oui, mais elle m’écrit : « donne-moi de tes nouvelles ». Quelles nouvelles ? Mes nouvelles c’était écrit sur ma carte !
Moi : ?? »

E. est une Polynésienne qui « écrit », une exception dans ce peuple où l’oralité demeure…

Sabine