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En vue

Par Deathpoe

Personne ne parlera à ma place
Il m’arrive de passer des nuits sans dormir à me demander à quel moment j’ai bien pu merder, quelle décision j’ai pu prendre et qui aurait fait en sorte que tout foute le camp de cette manière, que le contrôle m’échappe. D’aucuns croient en une bonne étoile, au destin et à toutes ces foutaises. C’est vrai: songer à un certain déterminisme idiot aurait tendance à me rassurer. Simplement me dire «c’est comme ça et puis c’est tout». Toujours est-il que ça ne m’empêche pas de retourner chaque détail de ces dernières années.
Et si le contexte avait été différent? Si j’avais été gaucher plutôt que droitier; si je n’avais pas eu de lunettes; si j’étais né ailleurs; si je n’avais pas eu de frère jumeau décédé; si une opération du dos n’avait pas changé, pour ne pas dire anéanti, l’essence de ce que j’étais; et si, et si.
Dans le fond, je n’ai pas à me plaindre, c’est vrai. Je n’ai jamais manqué ni d’affection ni de quoi que ce soit, matériellement parlant. J’ai grandi loin des coups et de la peur et je cherche encore quel traumatisme aurait pu faire de moi ce que je suis. Beaucoup d’entre vous auraient bien plus de raisons de se plaindre, bien plus de raisons que la vie leur sourit enfin; bien plus de facilités à croire que le bout du tunnel n’arrivera jamais. J’aurai l’occasion d’y revenir.
Qu’on ne se méprenne pas: ces pages ne seront ni un plaidoyer ni un mea culpa. Dans mon cas, écrire à la première personne est la chose la plus difficile qui soit, pour la simple et bonne raison que, lorsque je jette un coup d’oeil dans la glace, celui qui me regarde ne peut être qu’un autre. Et pourtant, nous sommes en Décembre 2011 et, à quelques différences près, je ne suis qu’un étudiant de vingt-trois ans, parfaitement ancré dans le mode de vie occidental. La nuit dernière, en réprouvant une nouvelle fois l’envie de boire, en pleurant silencieusement tandis que je regardais, béat, le sang couler sur ma jambe, je me suis dit qu’il était temps que tout se sache. Beaucoup de personnes ont fait partie de ma vie et il est hors de question que je touche à leur intégrité. Si tant est que je vive encore longtemps -disons ne serait-ce qu’une quarantaine d’années- j’en rencontrerai beaucoup d’autres. Peut-être même une femme à aimer. Peut-être même aurais-je des enfants. Ce que je souhaite pour mon avenir ne compte en rien puisque je n’en ai pas la moindre idée.
Enfin, qu’on ne se trompe pas. Ces lignes ne seront en grande partie qu’une fiction. Il faut que quelqu’un parle. C’est une nécessité presque vitale ou le non-lieu sera prononcé. Avertissement: certains faits et évènements de ce roman sont issus de faits réels. Toute vraisemblance avec une fiction n’est que pure coïncidence.
Chapitre 1:
Break on through


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