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[France précarité] Nicolas Sarkozy : “Nous ne laisserons personne au bord de la route!” – Strasbourg laboratoire de l’horreur ; l’hébergement d’urgence est mort – AgoraVox le média citoyen

Publié le 03 décembre 2011 par Yes

Jeudi soir se déroulait l’Assemblée générale du SIAO 67.

Nous avons dès que l’information a filtrée, dans un couloir de la CUS pas loin du photocopieur, fait suivre espérant que les militants viendraient à ce rdv.

L’indignation ne s’est pas faite sentir, deux personnes dont notre porte-parole, seules à s’inviter.

Le gouvernement n’entend pas créer de places d’hébergement d’urgence supplémentaires tout en reconnaissant que le nombre de personnes abandonnées à la rue augmente.

Dans son “bilan” de cette première année de fonctionnement le président monsieur Hitter a déclaré :
“Le pilotage du logement d’abord est difficile à mettre en place” surtout sans logement et avec des associations qui se mettent en concurrence “ceux qui joueront en solitaire seront emmenés à mourir en solitaire” sourires et gloussements dans la salle, “l’hébergement est engorgé par les demandes d’asile. Je ne veux mettre personne en cause, seules sont en cause un certain nombre d’options politiques”.
“Avec les demandeurs d’asile il y a moins de rotation” faut-il comprendre qu’on installe des familles dans des lieux d’urgence ? “le plus fort de la demande vient d’eux et cette demande n’est pas toujours justifiée. Faut-il les décourager de venir alors que cela affaiblie la demande de droit-commun ?”
“Le nombre de demandes n’a cessée de croître et le nombre de personnes qui ne téléphonent plus aussi”.
“Il existe une sorte de marché noir des places, un marché parallèle qui consiste à faire passer ses usagers devant sans respecter la liste d’attente” …
“Et nous déplorons chaque année d’avoir à mettre en route le plan hivernal”.
Sur les conditions de travail des travailleurs sociaux pas invités “je vous rappelle cet acte de violence qui s’est déroulé dernièrement” il s’agit de l’agression très violente d’un SDF contre un autre dans un foyer. “les effets de la violence sont plus à craindre que le nombre de personnes qui vont mourir de froid”. Et d’ajouter qu” il y a beaucoup de malades mentaux”.
“La prise en charge en hôtel n’est qu’un pis-aller, on ne peut y envoyer que des gens correctement habillés et calmes. Cette prise en charge en accordéon dans les hôtels est abandonnée. Quelques chambres au niveau 2″ bref à moins dix degrés.
Conclusion : “il nous faut retrouver des marges de maneuvre et abandonner le chacun pour soi”
Votes : “Voulez-vous continuer le SIAO” oui pour les 17 présents sur 18 votants :
ADOMA, ANTENNE, ARSEA, AAJ, ACCUEIL SANS FRONTIERES, FOYER NOTRE DAME, CCAS, CEFR, CITÉ RELAIS, ENTRAIDE LE RELAIS, ETAJE, GALA, HOME PROTESTANT, HORIZON AMITIÉ, (REGAIN absente), SOS FEMMES SOLIDARITÉ, TOIT HAGUENEAUVIEN, UDAF 67.

Enfin les deux pauvres courageux du SIAO s’expriment !
Alain Di Cintio : “Le 115 va évoluer avec le SIAO …
8OO dossiers sont arrivés au SIAO. 137 places ont été trouvées.
En octobre 800 demandes, en septembre sur les 675 demandes arrivées, 469 émanent d’isolés (qui sont les abandonnés du plan hivernal).
135 demandes en moyenne par mois soit 8 demandes nouvelles par jour ouvré.
Un tiers des demandes qui arrivent au SIAO n’est plus d’actualité, la situation des personnes en un mois peut évoluer.
8 demandes sur 10 qui arrivent au SIAO sont qualifiées d’”urgence”.
De novembre à aujourd’hui il y a eut 72.041 appels au 115 qui concernent 6557 appels de personnes. Un tiers ne trouvent pas de place.
Sur 600 dossiers de droit commun, 119 manent de personnes qui ont un titre de séjour de moins d’un an.”
Voilà le vrai bilan de cette situation misérable.

Le sous-préfet prend la parole :
Il commence en parlant de l’article paru dans les DNA qui donne des indications sur le plan hivernal et souligne qu’en Alsace, contrairement aux autres régions et autres années, il n’est toujours pas déclenché.
Beaucoup d’émotions chez ce monsieur “cet article est dépassé, attention à ce que vous racontez, ça peut être mal interprété par des journalistes…” Ces remarques ne visaient pas que Emmanuel Plantin des DNA mais bien Thierry Houdard le seul représentant associatif à exprimer ses inquiétudes depuis des années.
Article dépassé ? Oui, d’un demi-jour puisque la préfecture a lâché des miettes.
“Nous progressons en marchant” Prononcée deux fois c’est “la” phrase forte à enregistrer !
“Nous répondons favorablement à une requête du SIAO (refusée jusque là) en lançant une expérimentation sur des places d’attente. Je souhaite que cette expérimentation se fasse le plus vite possible”. Mais il ne lâche aucun chiffre ni planning.

Sur l’urgence hivernale :
“L’ouverture des places doit répondre à l’urgence quand les températures ne permettent pas de vivre à la rue. C’est pourquoi nous lançons un grand plan humanitaire qui sera déclenché quand les températures deviennent insupportables. Novembre a été particulièrement clément ce qui nous a obligé (!) à retarder le plan hivernal. Ce plan ambitieux se composent de 240 places pérennes pour les demandeurs d’asile, on va découpler le dispositif. Les demandeurs d’asile isolés qui reçoivent une allocation de l’état (280 euros) ne seront pas hébergés, la jurisprudence ne nous le demande pas. Peut-être (!) des gens n’ont plus recours au 115 ce qui fausse les chiffres. Moi, après 20H j’ai des chiffres faibles”.

C’est formidable ces discours qui nient, fuient les responsabilités et montrent une méconnaissance des gens et de ces dispositifs ; méconnaissance volontaire.

Pour joindre le 115 il faut s’acharner au téléphone avec peu de chance d’avoir une place. Ce qui provoque un abandon des gens qui à 20H se sont trouvés un coin ou poser leur immense fatigue. Un état d’épuisement qui ajoute aux risques de survivre à la rue et non d’y vivre, comme l’accepte facilement le préfet.

“Nous lançons donc un plan d’urgence ambitieux, humanitaire et adapté qui sera mit en oeuvre dès lundi. 150 places pour les familles (et non 240 ?). Des places isolés seront ouvertes ainsi que des chambres d’hôtel. Nous prévoyons d’ouvrir 100 places avec la mise à disposition de 2 gendarmeries désaffectées, une à Illkirch, l’autre au Neuhof. Tout ceci pour le niveau 2. Nous verrons les besoins pour le niveau 3.”

Donc lorsqu’il fera moins dix l’état fera tout ceci… pour l’heure l’organisation, les conventions avec les bailleurs, les moyens ; pas encore fait semble t-il.
“je ne veux pas entendre parler de raréfaction de places” ; deux fois, c’est important hein, il ne veut pas !
“Nous proposons 480 places donc 240 places de plus par rapport à l’an dernier. Ces dépenses représentent 20Millions 500.000 euros pour l’hébergement” s’en suit un bla bla sur la crise que nous vous épargnons.
Bon, je vous rassure, pas d’applaudissements ! Pas de réaction non plus.

Une invitation à participer au point presse du préfet histoire de justifier toute cette mascarade. Qui ira ?

Les conclusions des présents officiels :
Spiry qui représente la CUS “content d’apprendre qu’il y aurait des places supplémentaires. Si vous avez des problèmes de locaux, je vous rappelle que la CUS en tient à votre disposition.”
Dreyssé CCAS “se félicite de l’existence du SIAO, s’inquiète des isolés qui seraient hébergés uniquement en grand froid. Et se marre ouvertement sur l’article des DNA “dépassé” donc”

Hitter propose aux “invités” non invités de réagir.
Un type demande une précision sur le fric du SIAO ;
Médecins du Monde “je m’adresse à la Ville et au sous-préfet. Les SDF que nous croisons régulièrement lors de nos maraudes disparaissent de leurs endroits fixes et habituels. Nous ne savons où les trouver. La Ville nettoie t-elle ?”
Silence du sous-préfet. Marie-Dominique Dreyssé “je n’ai jamais entendu parler de ce truc. Vous dites qu’ils disparaissent mais quand ? En décembre seulement ou plus ? En décembre donc et après ça, ils réapparaissent. Et vous ne savez pas où les retrouver ? je vais me renseigner”.

Collectif SDF Alsace “Tout d’abord, Monsieur Hitter n’ayez pas peur, j’ai pris ma pilule et laissé la hache à la maison. Je suis scandalisée par un plan qui se base sur des températures et dont les propositions démarrent si nous atteignons -10°.
A trente mètres d’ici, un jeune d’à peine 20 ans au passé familial lourd à qui son association n’a rien à offrir. Il est là, près de nous déjà transi de froid et il lui faudra attendre qu’il fasse plus froid encore pour espérer un toit plus qu’incertain.
Je suis scandalisée de pouvoir entendre parler d’un plan humanitaire sans entendre un bruit dans la salle.
Vous avez remercié parfois, moi aussi je veux dire merci.
MERCI au journaliste des DNA qui vous a mit un petit coup de pied au cul, souvent nécessaire. Et dans la foulée j’adresse mes félicitations à 2 types, les deux mecs du SIAO qui font seuls le travail que faisait avant les CHRS. Sans grand moyen et avec un soutien de votre part plutôt aléatoire. Deux hommes qui portent sur leurs épaules de créer une synergie entre vous.”
INTERRUPTION DE HITTER QUI PÈTE LES PLOMBS “Ça fait 30 ans qu’on travaille et qu’on se bat, bla bla. Les réactions sous le coup de l’émotion on peut les comprendre, mais elles n’apportent rien. Le mouvement des Don Quichotte a fait plus de mal qu’autre chose, il a cassé beaucoup de choses, …”

Reprise de la parole par le Collectif SDF
“Monsieur Hitter, il y a bien longtemps que l’émotion m’a quittée pour parler de ce sujet. En ce qui concerne les Don Quichottes il n’y a rien de comparable avec le Collectif SDF. Nous n’avons jamais pris d’assaut la cathédrale en y invitant les caméras avec rien derrière en terme de place ou de logement. Nous ne faisons pas de réquisitions spectaculaires, mais des réquisitions citoyennes.

Les appartements voués à la démolition qui pendant deux hivers ont sauvés des vies c’est nous qui les avons négociés, sans gesticulation et sans votre soutien. Quand à votre coup de gueule il ne m’impressionne pas, je l’aurai préféré sur les vrais sujets fâcheux.”

“Monsieur Hitter si vous me connaissiez vraiment, vous sauriez que je suis calme et déterminée”.
Malheureusement tout le monde a commencé a se barrer … DÉTERMINÉ est donné par Hitter comme mot de la FIN.

Ha oui, pour l’anecdote, personne ne nous a salué.
Pas de prise de notes sur ce qu’à dit le 2e mec du SIAO, un certain Julien. C’était tellement intéressant et humain dans ce bordel, que nous avons écouté…

• le Collectif était représenté par sa porte-parole

Strasbourg laboratoire de l’horreur ; l’hébergement d’urgence est mort – AgoraVox le média citoyen.


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