Magazine Photos

Mohamed Salah BEN AMOR commente un texte de Patricia LARANCO.

Par Ananda

Ce poème gravite autour de l’éternelle question problématique sur la  véritable nature de l’être humain  et sur la part de ce qui y est substantiel donc constant et de ce qui y est accidentel ou passager. Cette dualité est liée ,  comme le mentionne la poétesse clairement tout au long du texte,  avec la notion du temps,  car la vie n’est qu’une traversée  forcée d’un parcours temporel totalement inconnu à l’individu au cours de laquelle la conscience ne saisit le vrai réel vécu qu’au moment infiniment court qu’on appelle le présent qui se trouve happé continuellement et instantanément par ce que l’on nomme  le passé . Heureusement, le besoin de s’adapter  aux contraintes qui lui sont imposées par le milieu environnant  a doté le  dispositif cognitif  de l’être humain d’une faculté qui lui permet de  conserver l’essentiel de son expérience : la mémoire. Mais cette mémoire peuplée de souvenirs qui ne sont pas tous clairs ou heureux ou utiles a  plutôt l’aspect d’un gouffre au fond duquel se bousculent  des débris insaisissables et inquiétants d’images de ce que l’on a vécu auparavant. Et la question cruciale qui tourmente l’auteure dans ce contexte-ci  est justement la suivante : ce fonds mémorial inconstant, brumeux et fugitif fait-il partie de notre être  comme l’affirment Freud et ses adeptes ou n’est-il en fin de compte qu’une illusion ? Un texte  très profond  et extrêmement condensé   alliant la réflexion philosophique à  l’attrait esthétique.

Mohamed Salah Ben Amor

CE NOMADE

Tout est perdu.

Rien n’a été.

Rien n’est véritablement sûr.

Tout se noie dans une brume incertaine, une brume de tourbière.

Si tant est que quelque chose COMPTE, seul compte le pur instant présent, ce pur instant présent qui-ironie- est pure dissolution, pure fuite,

trahison assurée.

Qu’emmagasinons-nous en nous ?

Des souvenirs immatériels qui se déforment, et dont les cadavres, eux aussi, le temps aidant, se décomposent.

Des instants qui se précipitent, se ruent sur nous et traversent nos chairs.

Des errances d’ombres sans matérialité, de marionnettes qui tournent en rond, se promènent dans un espace où rien ne tire leurs fils, ni ne leur montre la direction précise.

Des sentiments persistants d’irréalité, d’absurdité.

Qui nous tiraillent au fur et à mesure que nous glissons sur cette planche savonneuse, huileuse qu’est le monde, ce nomade.

Patricia Laranco. 

27/12/2007.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines