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Lièvremont sous le feu des critiques.

Publié le 01 mars 2008 par Ansolo

Le premier revers de Marc Lièvremont, Emile N'Tamack et Didier Retière face à l'Angleterre aura conduit à un véritable déchainement de critiques. Celles-ci émanent à la fois des supporters, qui s'expriment dans les forums sur Internet, et des spécialistes du rugby, intervenant dans le journal officiel (Midol) ou dans les émissions de radio et de télévision. Parmi les plus féroces pourfendeurs de la politique de "turn-over" et d'ouverture aux jeunes décidée par Lièvremont, on citera Vincent Moscato ou Philippe Saint-André.

On ne s'étendra pas sur les motifs qui peuvent sous-tendre un tel déchainement, car ceux-ci sont sans doute nombreux : amitiés avec l'ancien sélectionneur dont Lièvremont incarne l'antithèse, déception de n'avoir pas été retenu pour occuper les fonctions de manager du XV de France, certitude d'avoir reçu une forme de science infuse rugbystique...

Si l'on ne peut reprocher aux fans du XV de France d'exprimer une déception légitime à voir leur équipe battue à domicile par l'Angleterre, il y a quelque chose d'agaçant à regarder les anciennes gloires du rugby, pourtant au fait des difficultés qui peuvent exister pour mettre en place un projet de jeu, éreinter sans vergogne le trio de sélectionneurs. On ne parlera même pas des critiques émanant de la presse anglaise, qui accuse ces derniers d'insulter le rugby et le Tournoi des 6 nations, rien de moins !

En premier lieu, on rappellera que Marc Lièvremont n'a eu que quelques semaines pour installer son système de jeu, qui repose sur la responsabilisation des joueurs. Or ceux-ci sont aujourd'hui habitués à évoluer dans des dispositifs très formatés, laissant peu de place à l'initiative et à l'offensive. Qui plus est, Lièvremont a dû composer avec les clubs qui - effet d'un calendrier ridicule - ont continué de disputer le Top14 pendant le Tournoi.

Ensuite, on feint de découvrir les problèmes de renouvellement de joueurs à des postes clés (piliers, ouvreurs, demis de mêlée, centre), contre lesquels il n'existe pas cinquante solutions : il faut tester les candidats dans les seules conditions qui vaillent la peine, celles d'une rencontre internationale, conditions que certains ne connaissent pas. Va-t-on reprocher à Marc Lièvremont de sélectionner des joueurs qui évoluent dans des clubs qui ne disputent pas la HCup ?

N'oublions pas en outre que les sélectionneurs doivent s'adapter à un calendrier démentiel qui s'impose à eux, pas l'inverse comme c'est le cas dans l'hémisphère sud ou dans certaines fédérations presque entièrement "dévouées" à leur équipe nationale (Pays de Galles, Irlande).

Enfin, on peine quelque peu à discerner le "manque de respect" vis-à-vis des adversaires mis en avant par certains. Les joueurs sélectionnés ont tous fait honneur au maillot frappé du coq, ont tous donné le meilleur d'eux-même pour l'emporter. Ce qu'ils ont fait deux fois sur trois, ne l'oublions pas.

Le plus pénible est sans doute de constater que l'on compare le travail de Marc Lièvremont avec celui de Bernard Laporte, qui a disposé de huit ans pour préparer la Coupe du Monde 2007, avec le succès que l'on sait.

Laissons du temps à Marc Lièvremont, donnons-lui une chance de prouver que ses choix sont les bons.

Il ne s'agit pas de se comporter en mouton bêlant, simplement de faire preuve de recul et de refuser la dictature du court terme.


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