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Ecologie : le mythe de l'origine chrétienne du pillage de la nature

Publié le 07 décembre 2011 par Hermas

 

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AGEA.— Il est fréquent de rencontrer, dans des textes qui traitent de l'écologie et de l'environnement, des commentaires selon lesquels la civilisation judéo-chrétienne serait à l'origine du pillage de la nature, par l'introduction de sa notion de « domaine » (dominium).

Il ne fait aucun doute que ce despotisme soit présent dans la conception moderne de la nature, comprise à l'instar d'une ressource disponible pour accroître un compte-courant, mais il s'agit là d'une idée complètement hétérodoxe et étrangère à la conception chrétienne.


Il suffit de se reporter aux sources de la Genèse pour constater que ce préjugé est faux. Dès le premier chapitre, au verset 26, il est dit que Dieu a créé le premier couple humain à son image et à sa ressemblance, et qu'il l'a mis à la tête de la création, pour commander à ce cosmos merveilleux. Un peu plus loin, au verset 28, nous trouvons un texte susceptible de recevoir plusieurs sens : « Et subicite eam et dominamini ». Souvent il est traduit ainsi : « Remplissez la terre et soumettez-la », commandement du Seigneur. Cependant, cette traduction ne recueille pas tout le sens original du texte. « Subicio » signifie « placer en-dessous de », « sub-ordonner », ce qui exprime en même temps une mise à disposition de l'intelligence, sous la lumière de la raison, pour qu'elle exerce son examen et son activité ordonnatrice.

De fait, dans le deuxième chapitre de la Genèse, il est dit que le premier homme donna des noms à tous les animaux des champs. Nommer, dans le langage de la Bible, a un sens précis : la connaissance et la priorité sur ce qui est nommé, avec une connotation amoureuse. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut également comprendre que, par la suite, il soit dit de l'homme et de la femme qu'ils « dominent » - « dominamini » - la création tout entière. Cela signifie qu'ils gouvernent, qu'ils subordonnent – en l'ordonnant – cette création qui dépend d'eux.

Toutefois, ceci serait incomplet si n'était également indiqué la manière de le faire. Dans le deuxième chapitre, au verset 15, du livre de la Genèse, il est précisément indiqué ceci : « (…) ut operaretur et custodiret illum ». L'homme et la femme sont faits pour travailler la création, veiller sur elle avec soin et la conserver.


Par conséquent, cette idée monstrueuse selon laquelle l'homme devrait se comporter de manière absolutiste, capricieuse et despotique avec la création est étrangère à la pensée chrétienne, parce qu'elle est contraire à l'ordre de la nature. Elle correspond bien, en revanche, à une approche rationaliste, peut-être fondée sur le désenchantement de l'univers (Max Weber).


La vision chrétienne conduit à une toute autre approche : la création tout entière doit être prise « en charge », pour être conduite à son terme, selon le plan originaire de Dieu, par la médiation du travail. En conséquence, l'être humain est constitué comme un administrateur intelligent qui doit faire fructifier les dons qu'il a reçus en les aimant, en respectant la grandeur et la beauté de la nature, laquelle ne lui appartient pas, mais lui a seulement été confiée.


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