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La blanche hermine

Publié le 10 décembre 2011 par Juval @valerieCG

On m’a raconté il y a peu une histoire assez marquante. Une jeune femme est violée et battue de manière extrêmement violente par son agresseur. Elle passera 8 mois dans un corset en plâtre, couchée. Au procès, le criminel a lourdement été condamné pour le viol, les coups et blessures ont simplement été considérés des circonstances aggravantes.

C’est un jugement qu’elle a mal vécu. Le viol était difficile pour elle mais son véritable drame était de perdre 8 mois de sa vie à attendre que ses os se ressoudent.
J’entends souvent dire « plutôt mourir qu’être violée« . dans une série, il y a peu, un enfant venait d’être assassinée et sa  mère de dire « dites moi qu’il n’a pas été  violé ! « . C’est une phrase qu’on entend souvent, comme si, au fond il valait mieux « la mort que la souillure ».
Beaucoup de personnes violées témoignent d’un sentiment de salissure, de dégradation, de souillure.

Pourquoi ? Pourquoi, clairement, le viol est-il si particulier ? Et devrait-il l’être ?

Il ne s’agit évidemment pas de faire une justice selon la souffrance endurée par les victimes mais de comprendre pourquoi par exemple, il serait plus grave de violer quelqu’un que de lui casser les deux bras.

On est face à deux faits compliqués et qui me paraissent peut-être contradictoires.
1. faire reconnaître à la société ce qu’est un viol,  que cela n’est pas une fille qui regrette un rapport sexuel, que non c’est non, qu’aucune raison ne justifie un viol. Insister sur le fait que c’est un acte grave.
2. que la victime se répare. Le peut-elle si on lui dit que c’est un acte grave ? Et le peut-elle si on lui dit si on ne lui dit pas ?

Le sexe des femmes – dans une moindre mesure celui des hommes – a toujours été une propriété collective. On nous a expliqué quand avoir des rapports sexuels, quand enfanter et comment, ce qu’on devait ressentir pendant l’acte sexuel ou ne pas ressentir. Auparavant en cas de viol, c’est notre père ou notre mari qu’on dédommageait.

On élève les femmes dans la peur du viol. Les hommes sont pourtant plus victimes d’homicides que les femmes mais c’est aux petites filles qu’on apprend que quelque chose d’horrible les attend dehors. Cette peur du viol est omniprésente.
Une femme qui a peur de rentrer seule chez elle ? le viol.
Une femme qui ne fait pas d’autostop  ? le viol.
Une femme qui ne boit pas à une soirée ? le viol.

Est-ce que le viol est le crime des crimes ?

Au 19eme et 20eme siècle, il n’y a viol qu’entre personnes non mariées mais l’on punit également l’adultère (faute pénale jusqu’en 75), le concubinage est condamné et les enfant nés hors mariage mal vus. Pour Iacub on punit davantage, via le viol, la sexualité hors mariage que le viol en lui même. Une femme mariée peut en effet être violée chaque jour par son mari ; celui ci ne risque rien.

Si je lis ceci par exemple, qui est vrai et maintes fois observable ; ces traumas là sont-ils évitables ?
Est-ce qu’en disant aux victimes qu’elles ont vécu le pire, quelque chose de si dommageable qu’elles peuvent faire des tentatives de suicide, on n’oeuvre pas contre elles ?


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