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Critique Ciné : Case Départ, comme quoi on peut rire de tout

Publié le 10 décembre 2011 par Delromainzika @cabreakingnews

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Case Départ // De Fabrice Eboué, Thomas Ngijol et Lionel Steketee. Avec Fabrice Eboué et Thomas Ngijol.


Critiqué par les américains pour être un film raciste, Case Départ est pourtant là pour répondre à ce que Fabrice Eboué et Thomas Ngijol voulaient faire avec le sujet de cette comédie : faire rire pour faire réfléchir. De ce point de vue le film est réussi. Le film prend son sujet du bon pied. Il est borderline et il faut le prendre comme il est : une vraie comédie. Même si je n'ai pas ri à toutes les blagues, parfois certaines étant assez limite. Mais c'est drôle malgré tout, et c'est justement ce qui fait que ce film est bon. La réussite de Case Départ vient sûrement de cette prise par l'humour d'un sujet difficile. Le film est aussi très dépaysant, nous plongeant dans un univers qui n'a rien de moralisateur. Ce qui est une vraie force pour lui. J'aurais pensé qu'au contraire, ce genre de comédie n'aurait été que mièvre et niaise. Là c'est au contraire subversif. Je pense que c'est ce qui rend le film encore plus intéressant. Ils n'ont peur de rien. Une comédie qui a tout d'estivale et en ces temps hivernaux, a donc tout en main pour vous réchauffer.
Demi-frères, Joël et Régis n’ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine. Joël est au chômage et pas vraiment dégourdi. La France, « pays raciste » selon lui, est la cause de tous ses échecs et être noir est l’excuse permanente qu’il a trouvée pour ne pas chercher du travail ou encore payer son ticket de bus. Régis est de son côté totalement intégré. Tant et si bien, qu’il renie totalement sa moitié noire et ne supporte pas qu’on fasse référence à ses origines. Délinquance et immigration vont de pair si l’on en croit ses paroles. Réclamés au chevet de leur père mourant aux Antilles, ils reçoivent pour tout héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves, document qui se transmet de génération en génération. Faisant peu de cas de la richesse symbolique de ce document, ils le déchirent. Décidée à les punir pour le geste qu’ils viennent de faire, une mystérieuse vieille tante qui les observait depuis leur arrivée aux Antilles décide de leur faire remonter le temps, en pleine période esclavagiste ! Parachutés en 1780, ils seront vendus au marché comme esclaves. Les deux frères vont alors devoir s’unir, non seulement pour s’évader de la plantation mais aussi pour trouver le moyen de rentrer chez eux, au XXIe siècle.
L'histoire du film arrive à créer des moments très drôle (comme la partie de jambe en l'air des ancêtres de Joël et Régis) ou encore elle face à face final avec les maîtres. C'est osé mais au moins le film ne s'embête avec quoi que ce soit, et sans prendre des pincettes, Thomas Ngijol et Fabrice Eboué signent un film surprenant. On ne tombe jamais dans une suite de gags bas de gamme. Les deux acteurs/réalisateurs/scénaristes nous livrent un récit sympathique. Le fil conducteur du film est tiré par les cheveux et me rappelle le très mauvais Les Deux Mondes avec Benoît Poelvoorde. Sauf qu'ici, au lieu de plonger dans la facilité, le film touche le spectateur. Aussi bien l'humour que le dramatique fonctionnent très bien. Mais il ne faut pas non plus voir en Case Départ un monument du cinéma français. Certes c'est une bonne comédie, certes elle est meilleure que 3/4 de ce que l'on fait dans ce genre, certes c'est une très bonne surprise mais il y a un problème : le film n'est pas mémorable en tant que tel.
Une fois vu, et une fois avoir passé un bon moment, le film peine à laisser l'empreinte de son sujet. Mais bon, le film d'un film de ce genre est de faire passer un bon moment, sans prise de tête, mais en se posant les bonnes questions. Il ne s'agit pas ici de faire un roman fleuve de blague avec une première partie hilarante et une seconde pour faire pleurer dans les chaumières. Le film alterne les deux sujets sans aucun soucis. La fin du film s'avère plutôt correcte et lance donc une seconde salve de blagues à venir (car oui, Case Départ 2 a été confirmé vu le succès surprise du premier volet). J'espère juste que ce sera aussi bon car souvent les suites au cinéma ont tendances à souffrir d'un manque total de lucidité, voulant simplement jouer le coup de l'argent facilement fait. Je vais faire confiance à Eboué et Ngijol, en espérant retrouver des dialogues ciselés, et tout ce qui fait que ce gros patchwork sera encore bon une seconde fois.
Note : 8/10. En bref, une très bonne comédie française et c'est rare pour être dit. La bonne surprise à découvrir en famille.


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