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La bocca.

Publié le 11 décembre 2011 par Alexcessif
La bocca. Ana me parle de quotidien, d'enfants à torcher, de courses à faire pour le repas de son mari ce soir, et tandis que je prends la direction de l'autoroute, elle s'interrompt apercevant un chemin de traverse:
"-arrête-toi là, je vais te sucer!"
Moi, tu me connais: la vie privée j'en parle pas. Ou alors avec des phrases à triple niveaux de lecture. Minimum!
Là c'est brutal, je te le concède, mais elle est comme ça Ana: Elle te dit que ses enfants,  son mari, sa maison  sont formidables et la phrase d'après c'est: " si tu t'engages sur l'autoroute, on ne trouveras jamais un chemin tranquille pour baiser."
Dix ans que je ne l'avais vu, Ana. 
Elle a aussitôt retrouvé ses réflexes.
Oui, elle m'accompagne chez un client en banlieue.
Oui, elle m'attend dans la voiture.
Et sur le chemin du retour, on déjeune dans une petite auberge où elle me mitraille  de questions genre: "Benjamin a commencé la fumette? Et son bac?il redouble?" bref des trucs qui me démontent le moral. Alors je lui parle d'elle pour qu'elle ne parle pas de moi.
Et puis cette idée du détournement vers un chemin creux sur le trajet du retour pour être bien sûre de son pouvoir et de sa liberté.
J'ai de la répartie habituellement. Du genre suicidaire:"-c'est combien?" ou"- t'avales?" qui appelle la baffe et me permet de sauver les meubles. Là,  néo-célibataire depuis trois mois, je dors sur la béquille et, malgré la reprise des travaux manuels qui  manquent de chaleur humaine, j'ai du stock!
Après tout, au prix d'un peu de perte de l'estime de soi, il me faut accorder à ma libido le training qu'elle me réclame.
Si j'étais une fille je dormirai avec le doigt dedans pour ne pas que "ça" cicatrise, mais je ne suis qu'un homme, alors, un orifice humide même avec des dents à l'embouchure, je prends.
J'ai les jambes qui flageolent à l'entrée du chemin. Je me gare à l'arrache à l'entrée d'une piste pare-feu réservée à l'accès des pompiers aux prochains feux de forêt de l'été. Le feu est localisé entre mes jambes et le pompier est une pompeuse.
Je recule le siège au maximum et enlève une seule jambe de mon pantalon et de mon slip: on est dans l'urgence. Ana m'embrasse. Elle m'envahit la bouche et je la laisse s'échauffer les labiales tandis que ses mains sont déjà au boulot.Comme la majorité des mecs, je préfère le baiser d'avant que le baiser d'après. La tendresse, cet autre nom de l'amour d'après, du baiser qui suit à un gout bizarre.
Elle alterne l'action mains/ bouche puis les deux coordonnées. Je pense au siège cuir de l'Audi (on a pris sa bagnole). Bêtement, car non seulement elle avale mais elle me garde en bouche comme un taste-vin savoure en comptant les caudalies* tandis que j'appelle ma mère. Contrairement au gouteur de pinard, qui recrache pour ne pas s'enivrer, elle m'absorbe après m'avoir gardé le temps qu'il faut sur sa langue et là, c'est le deuxième effet Kiss Cool. Je gémis doucement pendant son travail de succion et l'entend déglutir comme un nageur boit la tasse. J'ai peur de la noyer: c'est vrai qu'il y avait du stock! Trois spasmes violents et je coule encore.Toute résistance est inutile et je sombre. Minute essentielle où il faut accepter de perdre le contrôle. Je me sens une petite chose face à cette femme généreuse et déterminée. Elle a un troublant sourire coquin presque infantile quand je me glisse entre ses cuisses pour lui payer la dette de mon plaisir.
* caudalies: durée, en secondes, de persistance d'un vin en bouche.

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