Magazine

Emor - Attention au business de la sainteté

Publié le 30 avril 2007 par Frison
La Paracha de la semaine commence ainsi : ' D.ieu dit à Moïse : Dis (Emor) aux Cohanim…. '
Contrairement à la Paracha de la semaine dernière où Moïse s’adressait à l’ensemble du peuple sans exception (hommes, femmes, enfants, séfarades, ashkénazes,…), cette fois-ci il ne s’adresse qu’à une partie spécifique du peuple : les Cohen. Maurice Cohen, Jo Cohen, Moïshele Cohen, Izzy Cohen, Meïr Kagan, Aaron Rappaport (qui sont aussi des Cohen), etc...
Et ceux-ci ont un rôle particulier : ce sont des 'véhicules' de sainteté. En étant de manière régulière dans l’enceinte du temple, et ressentant une proximité particulière avec la présence divine, les Cohen se doivent de respecter certains commandements qui leur sont propres.
Et parmi ceux-ci, un commandement particulier, que les Eclaireurs Israélites sont évidemment à même de comprendre : l’uniforme. Ah, cette belle Houltsa orange avec tous ses écussons ! En un clin d’œil, il doit être possible d’identifier un EI à l’aide de son uniforme : Quelle branche ? Combien d’Azimuts , de Guesharim ? Foulard rose donc formateur ? Ah, tiens des tisons, combien y en a ? etc, etc…
Bref, il est facile de passer d’un outil de rassemblement et de progression scout à un instrument permettant de passer pour un beau gosse et plus si affinités… Eh bien, pour le Cohen c’est pareil et l’on va voir qu’il s’agit d’une problématique universelle.
Que dit le verset : ' Ils doivent rester saints pour leur D.ieu '.
Le Netziv de Volojhine, un des très grands penseurs du judaisme contemporain et notamment maître du Rav Kook, a un commentaire très...polémique sur ce verset.
Il dit en effet dans son commentaire sur la Thora (Haemek Davar), que cette sainteté doit se manifester par des qualités morales exceptionnelles dans le cadre du service de D.ieu.
OK, qu’y a-t-il de nouveau là-dedans ? Attendez la suite : …et si le Cohen se met à se prendre pour un saint homme dans sa vie de tous les jours alors qu’il n’est pas en situation de servir D.ieu, ce n’est rien d’autre que de l’arrogance et de la prétention (Gahava ve Hitrabarvout).
Le Cohen est effectivement familier du concept de sainteté. Il a une place à part au sein de peuple d’Israël. Mais attention ! Cette place n’existe que parce qu’il voue sa vie à servir dans le temple et à sanctifier D.ieu.
Le Cohen n’est pas saint en lui-même ! Qu’il n’en profite pas pour se faire mousser à l’extérieur et obtenir des places de ciné gratos ! Quel rapport avec l’uniforme ?
Et bien, dans ce commentaire, le Netziv nous renvoie à une autre de ses œuvres : le Rehev Davar, qui appuie son premier commentaire à l’aide d’exemples issus des livres des prophètes par exemple.
Et il vient rapporter une preuve supplémentaire de ce qu’il vient de dire d'un passage du prophète Ezechiel. Le prophète Ezechiel rappelle en effet les lois applicables aux vêtements sacerdotaux (à l’unif du Cohen quoi !) déjà définis dans la Paracha Tétzavé.
Mais il rajoute quelque chose de nouveau : ' Et quand les prêtres ayant achevé leur service dans la cour intérieure du temple passeront dans le parvis extérieur où se tient le peuple, ils ôteront les vêtements dans lesquels ils ont officié, les déposeront dans les salles consacrées, et en mettront d’autre pour ne pas sanctifier le peuple par leurs vêtements '.
Commentaire du Netziv : les vêtements du Cohen ne doivent servir au Cohen pour qu’il acquiert un statut spécial, indépendamment de son service au temple. S’il profite de son ' outil de travail ' pour faire croire au peuple, qu’il dégage une sainteté intrinsèque, eh bien voilà où se niche ' l’arrogance et la prétention '.
Mine de rien, ce petit commentaire à propos du Cohen est en fait valable pour toutes les générations. Beaucoup (Leibowitz, par exemple) ont d’ailleurs relevé que ce commentaire du Netziv s’adressait surtout aux Rabbis Hassidiques avec leurs habits, leurs rituels et leur cour de fidèles qui les prenaient pour des saints.
Attention prévient le Netziv ! Ces Rabbis ne sont dignes de respect que si leur enseignement et leur service de la Thora sont à la hauteur ! Une adoration aveugle pour une personne avec une longue barbe blanche, un chapeau, des pseudo-formules kabbalistiques ou des amulettes sacrées est condamnée par la Thora !
Le respect dû à un Rav est un respect dû à sa connaissance, à sa capacité d'enseignement et à sa maîtrise de la Thora !
Et nous revoici avec le problème de l’uniforme : celui-ci est un outil pédagogique intrinsèque à la méthode scoute. Il doit bien sûr marquer la hiérarchie, mais attention aux déviations possibles d'arrogance et de prétention ! Le respect du à un 'bel unif' est en réalité un respect dû au parcours pédagogique et militant de celui qui le porte !
Bon, c’est pas mal comme conclusion, mais y a-t-il un vrai rapport entre le Netziv et les EI ?
Evidemment ! Lequel ?
Souvenez-vous, le Netziv mettait en garde dans son commentaire contre les attitudes un peu 'magiques' de certains rabbins très éloignés de réels préoccupations d’enseignement et qui ne lui inspiraient que peu de respect.
Le Netziv était le maître du premier Rav Avraham Itzhak Kook. Le 2ème Rav Kook (Tzvi Yéhouda) était l’élève du 1er (évidemment, c’était son fils !)
Et le 2ème Rav Kook était le maître d’un ancien Commissaire Général des EI : Manitou.
Et que disait Manitou sur ce sujet ? 'Un Rabbin miraculeux, c’est un miracle qu’il soit Rabbin !'
…où l’on retrouve la patte du Netziv !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Frison 269 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte