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Carnage, film de Roman Polansky

Par Mpbernet

quatuorUnité de temps, unité de lieu, unité d’action : les règles immuables du théâtre classique du XVIIème siècle sont ici respectées dans cette longue scène de ménage à deux couples qui se déchirent parce que le fils de 11 ans des uns a blessé au visage le fils du même âge de l’autre.

On pense aussi irrésistiblement au Feydeau de "Feu la mère de Madame" ou "On purge Bébé" ....Une dramaturgie très française, transposée à Brooklin.

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Les Cowan viennent donc s’excuser chez les Longstreet. Alan est avocat, Nancy négociatrice immobilière. Ils sont habillés « formal », en route pour leur bureau en ce début d’après-midi. Ils ne sont pas très à l’aise. Les Longstreet appartiennent à la catégorie sociale moyenne. Des post-soixant huitards qui ont réussi. Michael dirige une entreprise de quincaillerie en gros, Pénélope est femme au foyer mais écrit, apprécie l’art européen moderne : ses goûts la poussent vers Bacon, Kokoschka et Foujita. On suppose les Cowan Républicains, on est certain que les Longstreet sont  Démocrates.

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La discussion s’avère difficile dès le départ, mais au lieu de fuir cette situation pénible, tout s’enraye lorsque les Cowan (Kate Winslet et Christopher Waltz) acceptent de rester pour boire le café de la réconciliation offert par les Longstreet (Jodie Foster et John c. Reilly) et manger un reste de gâteau.

Et là, comme dans la plupart des films de Roman Polansky, tout bascule dans l’absurde, la fatalité paranoïaque et kafkaïenne ….Effectivement, la discussion va tourner au carnage, tandis que les deux gamins se réconcilient sans peine.

Tiré d’une pièce de Yasmina Reza, qui a co-écrit le scénario, déjà adaptée à Broadway en 2009 avec James Gandolfini (Tony Soprano), le film s’emballe dans cet intérieur new-yorkais très conventionnel (le décor est construit en Seine-et-Marne mais on s’y croit vraiment).

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On rit souvent …de nous-mêmes aussi. Les acteurs sont extraordinaires de vérité dans la cruauté comme dans la veulerie. Les deux si jolies femmes, enlaidies de rictus, les hommes en enfants mal léchés, la tyrannie du portable, les faux bons sentiments...tout y passe.

Roman Polansky retrouve tout son art après son dernier opus un peu poussif (The Gohst Writer). On rit et on grince des dents à la fois.


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