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Le soleil et la mort - Elise FONTENAILLE

Par Liliba

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"Je m'appelle Ulysse, j'ai 15 ans et je veux mourir."

Ulysse veut mourir parce qu’il se sent seul. Son grand-père qui l’a élevé est décédé quelques mois plus tôt et il doit maintenant vivre avec son père, un inconnu, et avec sa femme qu’il déteste et qui le lui rend bien.

Pas de communication non plus avec les copains du nouveau lycée, pas d’activités extra-scolaires qui le changeraient de ses idées noires, et même plus Mao le chat à qui il confiait ses tourments, écrasé volontairement par la belle-mère.

C’est la petite goutte qui fait déborder le vase et Ulysse cherche et trouve (facilement) sur internet comment en finir. Au milieu de dizaines de sites traitant de suicide, il découvre « Le soleil et la mort », un site géré par le mystérieux Vlad, étudiant en philosophie, sur lequel s’épanchent des centaines d’ados qui vont mal. Chacun pourtant a des raisons différentes à son mal-être et Ulysse découvre vite qu’il est assez privilégié, même s’il se sent terriblement malheureux et veut toujours mourir. Pas d’inceste chez lui, pas de violence gratuite comme celle que subit quotidiennement Kim avec laquelle Ulysse s’est lié, sentant vis-à-vis d’elle une empathie qu’il ne se porte pas à lui-même. Le jeune garçon a un père prêt à lui payer des études, et un minimum d’encadrement familial même s’il ne retrouve pas la chaleur et la complicité distillées pendant de longues années par son grand-père, et s’il trouve la vie des adultes totalement superficielle.

Vlad promet sur « Le soleil et la mort » un suicide collectif sans douleur. Ils sont quatre à oser le suivre et aller jusqu’au bout en organisant leur mort commune. Avec Vlad, Kim, Océane et Marco, Ulysse organise leur « départ », qui ressemble plus à un départ en week-end avec des copains qu’au chemin vers la mort. Un week-end breton, sur l’ile où Ulysse a passé toutes ses vacances est en effet l’alibi idéal. Vlad a décidé qu’ils « partiraient » tous là-bas, emportés par la marée. Mais l’échéance se rapproche bien vite et les jeunes semblent de moins en moins motivés à en finir…

J’ai beaucoup aimé ce petit roman, même si l’histoire est parfois un peu "cliché". Il faut en effet faire prendre conscience à nos ados des dangers d’internet et de sites comme « Le soleil et la mort » qui fleurissent sur la toile, servant d’exutoire à des jeunes un peu paumés, mais aussi de déclic pour se supprimer. On voit très bien, avec nos yeux d’adultes et le recul donné par l’histoire, la manipulation que Vlad exerce sur les autres et comment il les mène où il veut sans qu’ils soient plus capables d’émettre un avis. On voit aussi que les déprimes des ados sont faites parfois de réelles causes, mais aussi de petits riens et qu’on pourrait les « soigner » avec juste un peu d’attention et de dialogue. Fort heureusement, on réalise également qu’il y a toujours une solution pour améliorer les choses et une façon ou une autre de se sortir d’une ornière. Un roman qui est donc parfaitement adapté aux jeunes adolescents pour lesquels il a été écrit, et qui se lit avec plaisir.

"On cherchait l’endroit idéal, isolé, tranquille.
Une nuit, j’ai eu l’idée : Irus ! L’île d’Anton était en vente depuis sa mort, mon père venait de trouver un acheteur, on ferait d’une pierre deux coups : on partirait dans un endroit génial, et après une histoire pareille, le type ne voudrait plus l’acheter, Irus… l’île du Bonheur serait à nous pour toujours. Et le grand saut, on le ferait comment ?
Là, Vlad a eu l’idée du siècle. En douceur, impossible à louper : il suffisait d’attendre la marée.
Il avait fait fort le Prince des Ténèbres… un moyen aussi simple, je n’y aurais jamais pensé. Pas de sang, de violence, de boîte crânienne éclatée, ni de grosse langue noire ou de corps bleu pendu à une poutre.
— Dommage, a dit Mishima qui aimait bien se la jouer gore.
Il pensait déjà aux photos dans les journaux.
Kim et moi, on aimait autant que ce soit clean, en plus on pourrait se regarder partir en se donnant la main, ce serait comme une estampe japonaise."


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