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Sarkozy se moque du Triple A, ou de nous ?

Publié le 16 décembre 2011 par Juan
Sarkozy se moque du Triple A, ou de nous ? Nicolas Sarkozy l'avait anticipée, il y a quelques jours, quelques heures à peine. L'une des trois agences de notation allait lui retirer sa médaille Triple A. Comme un mauvais élève résigné à un sinistre bulletin trimestriel avant les vacances de Noël, il s'est fait une raison.
Mais la véritable mauvaise surprise était ailleurs: l'incroyable sommet européen nocturne du 9 décembre dernier a fait choux blanc. Il devait rassurer les marchés, et à défaut les Français.
Ni les uns ni les autres n'ont suivi.
Jeudi, Nicolas Sarkozy préférait récupérer la mort d'une policière prénommée Anne, tuée dans une fusillade il y a deux mois. 
Désavoué par les marchés...
Sans surprise, l'accord de Bruxelles n'aura pas convaincu les marchés. « Une autre Europe est en train de naître » avait expliqué notre Monarque.  Cet accord était surtout une « supercherie », dixit Mediapart. Et le site détaillait ce jeudi les quatre arnaques évidentes de l'accord : un « calendrier intenable pour usine à gaz juridique », l'inutilité du « nouveau traité », « l'affaiblissement supplémentaire de toutes les institutions européennes », et surtout une « machine de guerre électorale de Nicolas Sarkozy ». Les ténors de Sarkofrance, eux, défendaient l'oeuvre de leur patron à son retour du sommet européen il y a 6 jours à peine. Depuis lundi, ils étaient embarrassés.
Les indices boursiers chutent (le CAC 40 est repassé sous la barre des 3.000 points jeudi); et les écarts de taux d'intérêt entre Etats membres se creusent à nouveau. Mercredi, la France empruntait à 3,17%, contre 1,91% pour l'Allemagne, pour des obligations à 10 ans. Soit une dégradation d'environ un quart en 8 jours.
Dès mercredi, il se murmurait que la France perdrait son triple A français d'ici ce vendredi, veille de weekend et avant les congés de Noël. Nicolas Sarkozy lui-même avait opéré l'un de ses revirements d'argumentaire dont il a le secret, en déclarant au Monde, dans une interview publiée lundi, qu'une dégradation « serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable ». Depuis, Alain Juppé, François Fillon, Valérie Pécresse, François Baroin ont suivi les consignes et procédé à ce déminage accéléré. Comme si un vent de panique avait saisi le Palais de l'Elysée: finalement, le Triple A, ce « trésor national » tant vanté par Alain Minc, n'était pas si important.
Quand il avait déclaré, en novembre dernier, que la France avait déjà perdu son Triple A, Jacques Attali s'était fait traiter d'irresponsable par la ministre du Budget...
Qui est responsable ? On devine déjà les excuses que ces pontes de Sarkofrance nous sortiront quand ce Triple A sera tombé...
Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, l'INSEE confirma jeudi que la France était bel et bien entrée en récession au dernier trimestre de cette année. « Selon les dernières prévisions publiées par l'Insee, l'économie française plonge dans le rouge au dernier trimestre et va y rester les trois premiers mois de 2012 » commentait France Info dans la soirée.
Bientôt par la justice ?
La justice a fait son travail, bien tardivement. Jeudi 15 décembre, journée historique. Vingt ans après les faits, un ancien président de la République, membre de droit du Conseil Constitutionnel, a été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour détournements, prise illégale d'intérêt et abus de confiance. C'est une première, bien tardive, sous la Vème République.
A l'Elysée, on « ne réagit pas ». On serre les fesses. Car l'affaire qui valut cette condamnation à Jacques Chirac est autrement moins grave qu'une autre, celle de Karachi. Tout juste si Sarkozy a rappelé que Chirac « avait l'estime des Français ».
Mercredi à l'Assemblée nationale, la députée socialiste Delphine Batho avait demandé à François Fillon de préciser ce que savait Nicolas Sarkozy, ministre du budget à l’époque. Michel Mercier, garde des Sceaux, est monté au front ... pour répondre à côté. . Le clash s'est poursuivi quelques heures plus tard quand le président de l'Assemblée, l'UMP Bernard Accoyer refusa une nouvelle question sur l'affaire.
Renaud Donnedieu de Vabres, ancien conseiller de François Léotard, ministre de la Défense en 1995, a été mis en examen jeudi. Il avait été libéré après 20 heures de garde à vue entre mardi et mercredi.
Les juges van Ruymbeke et le Loir enquêtent toujours sur le financement illégal de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 par des rétrocommissions en marge de deux ventes d'équipements militaires par la France, des sous-marins Agosta au Pakistan pour 84 millions d'euros, et des frégates Sawari II à l'Arabie saoudite pour 200 millions d'euros, signées par le gouvernement Balladur. Ministre du Budget, Nicolas Sarkozy avait notamment validé la création de la société HEINE, par qui transitaient les commissions du contrat Agosta.
Plusieurs témoins ont accusé Renaud Donnedieu de Vabres (« RDDV ») d'avoir introduit deux intermédiaires dans ces contrats d'armement, dont Ziad Takieddine, déjà inculpé. Ce n'est pas tout. RDDV aurait été présenté à Thierry Gaubert, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, par ... Nicolas Bazire, ami toujours de ... Nicolas Sarkozy.
Sarkozy sera-t-il sanctionné ?
Jeudi, il avait fait venir deux caméramans de l'Elysée, monter une estrade, installer un pupitre. Il s'agissait de récupérer un hommage à une policière tuée dans l'exercice de ses fonctions.
«  Elle a rendez-vous quelques instants plus tard avec une mort héroïque, une mort qui allait bouleverser la France. Lorsqu'elle arrive sur les lieux avec ses collègues, le forcené qui s'était armé d'un sabre japonais est pris d'une rage criminelle. Il blesse un employé de la Préfecture et se jette alors sur Anne qui vient de s'avancer pour protéger ceux qui se trouvent sur les lieux et ne pas exposer les deux jeunes adjoints de sécurité qui l'accompagnent. »
Nous avions la nausée devant une telle opération.


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