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Culture du résultat

Publié le 23 février 2008 par Jfa

A priori, c’est une belle formule. Et puis qui pourrait s’opposer à un tel principe ? Qui pourrait refuser que l’on cherche à obtenir des résultats, notamment dans nos administrations ? Et puis …

Et puis on réfléchit un peu. Qui dit résultats dit chiffres, indicateurs, mesures. Et chacun sait qu’on ne mesure que ce sur quoi l’on focalise et qu’on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut.

Ainsi des chiffres sur la délinquance: on nous régulièrement annonce leur baisse globale.

Partons du principe, plus que discutable avec de tels manipulateurs, que ces chiffres sont honnêtes. Rentrant dans les détails, on constate alors que cette baisse vient surtout de la baisse des vols de téléphones portables et des vols de voitures, que l’on constate partout en Europe du fait des progrès techniques qui les rendent plus difficiles ou moins intéressants. Par contre les violences aux personnes sont en hausse régulière. Mais on en parle beaucoup moins.

Restons sur les chiffres de la délinquance. Ils sont comptabilisés à partir des dépôts de plainte. Mais si, comme l’ont fait les gouvernements successifs depuis 2002, on ferme des centaines de commissariats de proximité (7 rien qu’à Nice), on baisse mécaniquement le nombre de plaintes, beaucoup de gens renonçant à faire 10 km et une file d’attente de quelques heures pour aller porter plainte.

Enfin, si vous annoncez que les responsables policiers seront évalués au mérite, vous mettez en place un mécanisme pervers:

1- Un des indicateurs est le nombre d’interpellations. Or, si les policiers font correctement leur boulot, logiquement, il devrait y avoir moins de délinquance et donc moins d’arrestations… Tout à fait logiquement, cela signifie alors que peu d’efforts doivent être fait pour la prévention ou la simple dissuasion, ou alors qu’on va pousser les policiers à faire du zèle, à interpeler en masse, simplement pour “faire du chiffre”.

2- Un des ratios, le taux d’élucidation, est dans le rapport entre les plaintes et les interpellations. Vous avez alors tout intérêt à ne vous occuper que des petits délits, facile à résoudre et à laisser se développer la grande délinquance qui demande des investigations longues et coûteuses pour un relatif petit nombre d’arrestations.

Ce ne sont là que quelques exemples. Les fonctionnements sociaux sont complexes, fabriquent d’innombrables effets pervers (selon la définition qu’en donne Raymon Boudon). La “culture du résultat” version Sarkozy n’est qu’un outil de plus pour la démagogie.


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