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Pierres de mémoire, de Kate O’Riordan

Par Litterature_et_chocolat @HeleneChoco

La relation mère-fille vue par la mère

Pierres de mémoire, de Kate O’RiordanKate O’Riordan m’a épatée avec Le garçon dans la lune; la lecture commune proposée par Canel et partagée avec Céline était l’occasion rêvée de renouer avec cet écrivain. Pierres de mémoires est un roman tendre et bienveillant, mais sans sentimentalisme outrancier, sur les relations qu’une femme entretient avec sa fille et sa petite-fille. Une lecture en demi-teinte…

RÉSUMÉ :

Trois générations de femmes se retrouvent en Irlande, dans la maison de leur aïeule, prêtes, cette fois, à en découdre pour démêler les relations compliquées qui les unissent. Nell, la mère d’Ali et grand-mère de Grace, revient sur les pas de son enfance et affronte enfin son histoire familiale.

MON AVIS : un livre émouvant mais un dénouement trop prévisible

L’originalité du roman réside dans le choix du personnage principal : c’est Nell qui nous invite à partager son univers dans lequel sa fille Ali tient si peu de place. Nell ne se cache pas derrière les faux-semblants et la bienséance pour nous confier ses difficultés à être mère.

Nell a fui son passé et habite à Paris, Ali est revenue habiter dans la maison familiale et tient le pub du village. Ali se débat dans les affres de la drogue et de l’alcool, sa vie quotidienne se résume à une lutte contre les démons qui la rongent; elle s’applique sans grand succès à mener une vie normale et élever à son tour sa fille tout en soignant son mari malade. Quelle est la responsabilité de Nell dans la souffrance de sa fille? Comment gérer la révolte et la colère qu’Ali nourrit à son égard?

Kate O’Riordan réussit, grâce à une écriture simple, pleine de retenue, à nous faire pénétrer l’intimité d’une mère qui se sait défaillante face aux exigences inextricables de sa fille, tout en évitant l’écueil du parti-pris. On est ému par Nell, on partage le désespoir d’Ali, et on a envie de protéger Grace.

Mais l’auteur semble céder à la facilité : une mère et sa fille peuvent-elles vraiment résoudre leurs différends si rapidement? Se parler, s’écouter, s’entendre, se raconter? Une fille accepte-t-elle aussi aisément le retour inopiné d’une mère physiquement absente tant d’années, voire depuis toujours? Kate O’Riordan nous dit que c’est possible, mais on a du mal à y croire.

JE VOUS LE CONSEILLE SI…

… vos lectures mettent presque toujours en scène une mère indigne ayant perturbé irrémédiablement le destin de sa fille. Et si être mère, ce n’était pas si simple?

… vous avez envie de gouter l’atmosphère irlandaise, avec ses pubs, ses paysages, son héritage culturel et religieux encore prégnant.

EXTRAITS :

Deux extraits “coup de poing” :

Nell a souvent voulu dire à sa fille : Prenons nos distances un bout de temps cette fois-ci. Pas de communication, pas de coups de fil haletants et paniqués tard le soir, pas de silences prolongés pour attiser mon inquiétude, affûter mes appréhensions. Ca m’évitera de te courir après. De te voir t’enfoncer dans tel ou tel nouveau bourbier de ton invention, un bras tendu pour appeler à l’aide et l’autre qui me repousse. Programment ton propre échec, insistant pour que je regarde, puis furieuse que je le fasse. [...]

Comment ne pas se sentir responsable de ce qu’on a fait? Et de ce que cet enfant fait de ce qu’on lui a donné? Et, oui, de ce qu’on ne lui a pas donné aussi. Parfois, on dirait que ce qu’on n’a pas donné est la seule chose dont les enfants choisissent de se souvenir. Donnez moins – ne donnez rien du tout, à vrai dire – et leur subconscient interviendra peut-être pour compenser, si bien que le moindre bon souvenir suffira à éclipser les fêlures et qu’une enfance de misère passera pour relativement heureuse.
Pourquoi Ali ne lui sait-elle pas gré de toutes les fois où elle a été là pour les sortir d’affaires?

Mais Kate O’Riordan sait aussi faire preuve d’humour :

Cette femme a tout enduré pour prouver au monde ce qu’il soupçonnait depuis longtemps – à savoir que le vin rend SAOUL.

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