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"Fatigue du sens" de Richard Millet

Publié le 17 décembre 2011 par Francisrichard @francisrichard

Dans Fatigue du sens, publié chez Pierre-Guillaume de Roux ici, Richard Millet montre qu'il est un véritable esprit libre, puisqu'il y exprime des idées qui sont à rebours du conformisme actuel en matière d'immigration.

Il dit très nettement que l'immigration extra-européenne de masse n'est ni une chance pour la France, ni pour l'Europe.

Richard Millet ne se fait guère d'illusion sur le sort de la culture européenne en présence d'une telle immigration.

En effet cette immigration massive se traduit peu à peu par l'islamisation du continent européen, qui est une conséquence de la déchristianisation et qui est accrue et accélérée par l'hédonisme. Or l'islam est incompatible avec la culture européenne, c'est-à-dire avec les valeurs judéo-chrétiennes et l'héritage gréco-latin de l'Europe.

Qui est responsable de cette immigration extra-européenne massive ? Ce que Richard Millet appelle le Nouvel Ordre moral qui s'appuie sur les deux piliers que sont le Droit et le Marché. Richard Millet a une conception bien à lui de ce que sont le Droit et le Marché, avec une majuscule.

Par Droit il entend l'arsenal juridique, mis au service de l'idéologie antiraciste, qui empêche de parler d'immigration et qui exerce une véritable terreur juridique sur les récalcitrants. Pour Richard Millet la sottise s'est judiciarisée. Le résultat est que l'immigration extra-européenne n'est plus une question que l'on peut poser, ni qui se pose.

Par Marché il entend le libéralisme, autrement dit le capitalisme protestant international, qui détruirait les nations, qui détruirait par là-même la culture européenne et la verticalité spirituelle, et qui conduirait à l'horizontalité américaine. Il n'a d'ailleurs pas de mots assez durs pour fustiger la sous-américanisation de la France et de l'Europe.

Richard Millet ne voit pas que l'immigration massive ne résulte pas de la libre circulation des personnes, qui est une bonne chose. Il reconnaît lui-même que l'immigration "n'est pas un mal en soi (je défendrai jusqu'au bout l'idée qu'un individu puisse émigrer, la rupture étant aussi légitime que la fidélité), mais, en tant que massive, le mal contemporain, facteur de ruine."

Or, si elle massive, ce n'est pas du fait du libéralisme, ni de la mondialisation des échanges, qui est également une bonne chose, mais du fait du mondialisme, idéologie qui conduit à établir un gouvernement mondial, à réglementer les échanges, à uniformiser les esprits et à plonger dans la misère les pays extra-européens d'émigration, qui sont également paupérisés parce qu'ils ont à leur tête des dirigeants corrompus et restreignant les libertés.

Richard Millet constate :

"Plus l'hygiène et les conditions de vie s'améliorent, plus l'homme peut donner libre cours à la barbarie du nombre, dans lequel s'éteint toute idée de culture."

Pourquoi ? Parce que, du fait de la déchristianisation, les Européens, au lieu de profiter du bien-être matériel dont ils jouissent pour se consacrer à des aspirations spirituelles, s'adonnent à l'hédonisme, qu'encouragent en plus les Etats-Providence. C'est la pente des hommes, plus enclins, du fait de leurs faiblesses, à l'horizontalité qu'à la verticalité. C'est ce qui les fait renoncer à l'intelligence, à l'héritage, à la profondeur, à l'effort.

Devant les dégâts que provoque cette attitude, devant l'effet de masse, devant l'illimité, ne faut-il pas se résigner ? Ne faut-il pas céder à la fatigue du sens quand, entre autres conséquences, la langue française est en lambeaux; quand elle est multiculturelle, n'assimile plus, ne francise plus les mots; quand elle est finalement '"une décharge linguistique qui ne fait que signaler son impuissance à nommer le monde" ?

Pour s'en sortir Richard Millet adopte une position unique, avant tout linguistique : "la langue comme seule éthique". C'est ainsi que le style lui apparaît "comme le rempart contre la terreur de l'information et la novlangue du divertissement", "le premier ferment de réplique à la fadeur du réel, à la fatigue du sens, à l'insignifiance hédoniste". Car, pour lui :

"Ecrire, c'est jouer de ce double vertige du singulier et de l'universel au croisement du vertical et de l'horizontal ; ce vertige peut recevoir le nom de sens."

Même si l'on n'adhère qu'en partie aux causes de la fatigue du sens avancées par Richard Millet, on ne peut que faire le même constat sur les effets, et lui reconnaître la qualité d'écrivain qui ne saurait être, comme il le dit, qu'un spécialiste de l'inconciliable. Son style clair et aisé - chose rare dans les essais contemporains - fait tout le prix de ce livre au service de l'intelligence.

Francis Richard


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