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Transmartinique: mon récit de course.

Publié le 18 décembre 2011 par Sylvainbazin
Voilà déjà plus d'une semaine que j'ai terminé, dans un état passablement lamentable (cf la fameuse photo publiée dans un post précédent...) cette 2e édition de la Transmartinique. Dire que depuis, j'ai tout de même avalé plus de 200 kms de sentiers supplémentaires à la Dominique, certes sur un autre mode mais finalement plus vite... Bon le sol et le climat de l'île voisine (nous sommes à deux heures de bateau de Fort de France), sont certes plus favorables au trail et au trek. Mais j'y reviendrai...
Je vais donc maintenant vous raconter un peu plus en détail ma Transmartinique. Je suis arrivé sur place trois jours avant la course, de quoi tout juste s'acclimater au climat (un climat qui me pose en général bien des problèmes), en compagnie de Christophe Le Saux. Nous logeons près de l'arrivée à St Anne et retrouvons dans notre location des amis venus de divers horizons et régions: auvergnats avec la bande de Damien Poulet, bretons, savoyard avec Taoufik, guyanais et même une pointe d'accent du sud-ouest avec le marcheur Francis Gauze (un gars très performant sur Paris-Colmar et autres réjouissances de ce type). C'est très convivial.
La veille de la course, au soir, nous nous dirigeons vers Grand Rivière afin de dîner et dormir près du départ, ce qui nous évitera de faire cette longue route de nuit, comme l'an passé, et nous permettra de grignoter quelques heures de sommeil de plus. Nous y retrouvons Mehdi, qui était avec nous au Pérou cet été et qui habite sur l'île depuis l'an passé. Nous avions d'ailleurs fait quelques kilomètres ensemble sur cette Transmartinique l'an passé, avant que je me désagrège complet dans les champs de cannes...
C'est d'ailleurs un peu ma crainte en me retrouvant là: de souffrir autant que l'an passée pour simplement boucler le parcours. J'avais souffert, très tôt, de coups de chaud assez terribles et j'avais fini avec peine. Bon là, je suis prévenu et je pense être déjà dans une meilleure forme que l'an passé avant le départ, c'est déjà ça. Dans notre petit groupe, certains sont un peu stressé par la peur de l'inconnu, d'autres semblent confiants...
Juste avant le petit jour, un peloton de 200 coureurs s'élance donc pour traverser du sud au nord la Martinique. Nous attaquons directement par la partie la plus technique et riche en dénivelé: la montagne Pelée, le point culminant de l'île, se profile sous nos semelles. Ca va pas trop mal pour moi. La chaleur n'est pas encore étouffante et je grimpe à un bon rythme. Mon dernier séjour au Népal m'a redonné de bonnes sensations. Je dois me situer aux alentours de la 25e place en haut de la montagne, où je retrouve mes amis auvergnats. Le terrain est bien détrempé par les pluies récentes et il faut faire un peu attention dans la descente. Mais j'ai au pied de solide Inov 8 Roclite 400 qui accrochent bien et sont très "rassurantes" sur ces terrains. J'en reparle dans un prochain post.
La suite du parcours va de mornes en mornes, le tout dans une bouillasse de plus en plus compacte et glissante. Mais ça va bien. D'autant plus qu'il fait moins chaud que l'an passé.
Transmartinique: mon récit de course.Dans la Pelée, ca va pas mal! Photo de Gérard Guillaume (Gégé l'auvergnat pour les intimes...)
Ma course aurait donc pu presque prendre une bonne tournure, d'autant que j'en garde sous le pied (pas que de la boue)... Mais à un embranchement, sans que je puisse trop dire pourquoi, je devais rêvasser, je prends bêtement un mauvais chemin. Ca devient très technique et plus vraiment balisé, mais je continue. Un grimper de corde plus loin je suis en haut du morne Jacob, qui bien sûr n'est pas au programme. Le temps d'une redescente acrobatique et me voilà reparti dans le peloton en ayant retrogradé d'une grosse cinquantaine de place et perdu presque une heure.
Mais bon ça va encore bien et je remonte le peloton; parmi les coureurs quelques connaissances, la guadeloupéenne Delphine, Francis, Mehdi et aussi quelques coureurs qui me reconnaissent avec qui j'entame de courtes conversations. Le terrain est vraiment très glissant, mais je m'en sors plutôt mieux que d'habitude et j'arrive à m'amuser. Le décor c'est "l'enfer vert" dans toute sa splendeur.
Arrivé au premier grand ravitaillement, je change de pompe et de tee-shirt sans trop fléchir pour repartir ensuite à la nuit tombée. Nous avons bien pataugé, d'autant plus que le nouveau parcours nous a maintenu près de 10km de plus dans des chemins très étroits et techniques. Maintenant, c'est le passage des champs de cannes, que j'avais très mal vécu l'an passé.
Ce sera presque un remake: il y règne une chaleur de four micro-onde et, repartis sans doute trop vite en courant, je ne tarde pas à me sentir bouillir. Ensuite c'est le processus classique dans ces cas là: nausées, maux d'estomac terribles et j'ai bien entendu de plus en plus de mal à avancer. Je peine terriblement notamment dans un morne en ciment qui accuse une pente à 20% peu avant Le François. Mon but est désormais simple: continuer d'avancer pour aller au bout sans trop me détruire, je dois être "opérationnel" la semaine prochaine pour ma reco sur l'île voisine de la Dominique.
Juste avant le ravitaillement du François un groupe de fêtard me sauve littéralement en m'offrant ce dont je rêvais depuis un moment déjà: un jus de fruit bien frais. Avec ça, je vais pouvoir au moins continuer... Mais ma course connaîtra encore bien des péripéties: la première d'entre elles vient du fait que ma lampe (une Silva, gentiment prêtée par Christophe mais qui ne s'en ait guère servi auparavant, j'avais perdu, souvenez-vous, la mienne au Népal) s'avère posséder une autonomie très faible, de trois heures environ... Et comme la nuit dure longtemps à la Martinique, je tombe en rade de pile de rechange dans la montée du Vauclin, un peu avant le jour... Le Vauclin, c'est une grosse butte rythmée par un chemin de croix qui peut, cette nuit là, se résumer à un toboggan de boue, surtout après le passage de nombreux coureurs avant moi (le Défi bleu venant d'y passer avec ses 400 jambes...). En montée, à quatre pattes et avec les derniers faisceaux valides de ma loupiotte, ça va encore... Mais quand se présente la descente... cela devient carrément aléatoire. Finalement, un très sympa concurrent, venu de Picardie, me permettra de ne pas attendre le point du jour en m'éclairant très gentiment. Bien sûr, on ne descend pas bien vite... Mais bon, après moulte glissades et autres rattrapages sur les mains ou les fesses, nous sommes en bas.
Maintenant, place à la partie "plage" de la traversée. Là aussi, l'an passé, j'avais terriblement souffert de la chaleur. Là encore, je vais revivre ça à peu près aux mêmes endroits. Au début j'arrive à profiter de la beauté des lieux, ces larges plages où s'échouent les vagues, mais ensuite... Les passages dans les savanes, bien boueuses en prime, sont terribles. Avant l'avant-dernier ravitaillement, je me désagrège complètement. Je suis à la limite de tituber et même certains plagistes s'inquiètent pour moi. J'arrive cependant à me traîner jusqu'au ravitaillement, où un tuyau et un pain de glace me seront salvateurs.
Après, c'est plus facile. Les plages de Saint-Anne sont un peu plus ombragées et l'après-midi avançant, la température baisse un peu. Je retrouve donc une forme un peu plus acceptable et mon estomac me laisse presque tranquille. J'accélère même de nouveau un peu et distance mes compagnons de route d'alors... Je commence à avoir bien envie d'arriver. Sur le dernier ravitaillement, je plaisante un peu avec les bénévoles et Christophe Le Luherne, venu à la rencontre de son père qui ne doit pas être bien loin derrière moi. Ma tenue 'désert" de Raidlight, maculée de boue, a beaucoup de succès.
C'est à peu près dans le même état, bien fatigué mais content d'avoir bouclé cette Transmartinique, qui m'a tout de même à nouveau bien plu par son ambiance et son parcours plus qu'exigeant, que je franchis un peu plus tard la ligne d'arrivée. 36h30 et une 48e place pour l'anecdote.
Je suis tout de même vraiment très fatigué après mon arrivée et suis bien content de retrouver les amis, Francis, Taoufik, Damien, Eric (ceux qui ont couru ont connu des fortunes diverses; pas mal d'abandons, Christophe 3e derrière un impressionant Antoine Guillon, Coincoin 5e, C. Le Luherne 6e, Régis 15e...) aux petits soins pour moi. Ils me remplissent de jus de fruits bien frais et je peux ainsi repartir à peu près droit vers notre location. Un peu de repos et quelques ti punch plus tard, je suis d'attaque pour la suite de mon séjour caraïbe: cap sur la Dominique.
Transmartinique: mon récit de course.Y en a un qui a l'air moins fatigué que l'autre? (Photo D.Poulet)

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