Magazine

"La prière, ça ne marche pas"

Publié le 27 février 2008 par Fr. Adrien

Merci à Bernard, qui m’a pris au mot : commentant le billet précédent, il a voulu « parler vrai » et mettre sur la table franchement des questions difficiles. Il doute en particulier de l’efficacité de la prière : Je demande d’être guéri et je ne le suis toujours pas. C’est vrai que ma prière est « si tu le veux, tu peux me guérir » Peut-être ne veut-il pas ? J’ai 63 ans et je n’ai jamais vu une prière qui soit exaucée. Après plusieurs d’entre vous, j’ajoute à mon tour quelques éléments sur cette question désarmante.

Il est légitime de prier pour demander une guérison. La maladie est un mal, même si de ce mal Dieu peut faire sortir un bien. Si cette maladie nous préoccupe – et comment en serait-il autrement dans le cas d’une maladie grave ? – ne pas en parler à Dieu dans sa prière serait lui mentir, et essayer de lui cacher nos véritables soucis. Au contraire, il faut les lui présenter, avec confiance. Prier, nous dit Jésus, sans se décourager. Et pourtant, dans cette prière même, il faut garder à l’esprit qu’une guérison miraculeuse n’est pas automatique ; elle est même rare. Pourquoi ?

Il faut d’abord écarter les réponses culpabilisantes ou magiques, du type : « C’est que tu n’as pas assez la foi », ou pire, « Ta prière n’est pas bonne, essaie plutôt de prier de telle façon ». Cette image d’un Dieu sensible à des formules, ou prêt à n’exaucer que des grands saints, quelle catastrophe !

Alors pourquoi ? Dieu ne voudrait pas mon bien ? Au contraire, Dieu veut le bien de chacun d’entre nous, et non seulement le bien, mais le meilleur : ce qu’il veut nous donner, c’est lui-même. Dans la prière, nous découvrons que Dieu peut nous donner davantage que la santé ou d’autres biens, et nous apprenons à l’aimer pour lui-même, non pour ce qu’il peut nous donner (même si ces biens sont, une fois encore, des biens réels et légitimes). Peu à peu nous cessons de désirer quelque chose du Seigneur, pour ne désirer que le Seigneur. Il se peut que la guérison soit pour nous une porte, peut-être pas. Mais dans ce chemin de la prière, il ne faut pas brûler les étapes : pour que Dieu transforme mon cœur, il faut que je lui présente mon cœur tel qu’il est, avec ses demandes les plus profondes et les plus vraies ; il se chargera, si c'est nécessaire, de purifier mes désirs.

Les plus curieux d’entre vous iront peut-être jeter un coup d’œil à cette confidence pudique de Paul sur sa propre prière, dans la 2è lettre aux Corinthiens (2Co 12,7-9). Personne n’accusera Paul de manquer de foi, mais cela ne l’empêchait pas de prier avec insistance pour sa guérison d’un mal mystérieux. Paul, d’ailleurs, s’y connaissait en guérisons miraculeuses ! Mais en réponse à son insistance, Dieu refuse, et indique à Paul comment de ce mal il peut faire naître un grand bien : « Ma grâce te suffit ; ma force se déploie dans ta faiblesse. »


Retour à La Une de Logo Paperblog