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Géographie électorale des primaires du 4 mars (1) : Texas

Publié le 01 mars 2008 par Scopes
Obama à la frontière mexicaine (D. Winter, NYtimes)

Les primaires du 4 mars, qui se tiennent dans quatre États (Texas, Ohio, Rhode Island et Vermont) pourraient bien être décisives tant chez les démocrates que chez les républicains. Toute élection est d’abord locale aux États-Unis : les enjeux diffèrent selon les États, voire selon les comtés ou même les communautés. Seule une plongée au cœur de la mosaïque ethnique américaine nous permet d’y voir un peu plus clair.
L’Ohio, le Rhode Island et le Vermont viendront ensuite. Par son étendue, par sa population et par sa diversité, le Texas mérite bien un post à lui tout seul !
Cet État immense (près d’une fois et demi la France) est bien plus divers qu’on ne l’imagine de prime abord. Certes, le Texas, c’est Dallas et ses barons du pétrole portant fièrement santiags et chapeaux. Mais le Lone Star State abrite également d’immenses et monotones étendues de prairie (au Nord), des marécages (à l’Est), et d’arides vallons (au Sud)… Et tout oppose la zone frontalière mexicaine (El Paso, Brownsville, Corpus Christi) peuplée à plus de 75% d’Hispaniques ; les fiefs conservateurs et évangéliques du centre (Fort Worth, Waco) ; l’esprit de cow-boy des plaines septentrionales (Amarillo) ou la mentalité très Vieux Sud de la région limitrophe avec la Louisiane (Beaumont, Galveston). Le Texas accueille à la fois le ranch de George W. Bush et l’une des universités les plus libérales du pays à Austin ; des clandestins, des militaires, des ingénieurs (Houston) et des retraités s’y battent tous pour une place au soleil.
Ce sont donc des Texas que les candidats doivent parcourir, séduire, et conquérir. Chez les démocrates, l’avance conséquente d’Hillary Clinton a fondu ces derniers jours. Barack Obama la devance de peu (45,8 % contre 45%, moyenne calculée par RealClearPolitics), la marge d’erreur des sondages empêchant toute prédiction.

Son avantage pourrait toutefois être renforcé – ou sa défaite limitée – par un système électoral d’une complexité à faire pâlir un spécialiste de la théorie des cordes. Petite revue de détail : -- Le jour des élections se tiennent à la fois des primaires (qui désignent les 2/3 des 228 délégués) et des caucus (le tiers restant), mis en place juste après la fermeture des bureaux de vote. Seuls les membres du parti démocrate ayant voté dans la journée peuvent ensuite participer aux caucus dans la soirée. L’équipe Clinton craint que son électorat plutôt familial ne délaisse la vie politique après 19 heures, au profit de la vie domestique… -- Plus retors encore, le système de réparation des délégués dans chacun des 31 districts électoraux : leur nombre est fonction de la participation et du pourcentage du vote démocrate lors des élections présidentielles (2004) et locales (2006). La prime va donc aux districts très politisés, généralement urbains (Houston, Austin, San Antonio) et à forte proportion d’électeurs afro-américains. L’abstention est bien plus forte au Sud, dans le pays latino plutôt acquis à Hillary Clinton. D’où l’inquiétude de son équipe de campagne : elle pourrait perdre en nombre de délégués même en ayant remporté le vote populaire, dans un scénario plus ou moins similaire à celui du caucus du Nevada.
Chez les républicains, moins de suspense ou de tracas électoraux. John McCain, avec près de 54% des intentions de vote (Rasmussen), domine largement Mike Huckabee (34 %) ainsi que le local de l’étape, l’atypique libertaire (libertarian) Ron Paul (7%). McCain, sénateur de l’Arizona voisin, séduit les Hispaniques, les militaires et les businessman, et bénéficie du soutien implicite du l’enfant du pays George W. Bush (qui cela dit n’est pas né au Texas, mais à New Haven, Connecticut – W. étant tout sauf un vrai Texan…). De quoi l’assurer d’une confortable victoire.
Les Hispaniques sont la clé du vote, au Texas. Comment les séduire ? InBlogWeTrust vous l'a déjà montré, la lutte électorale se fait aussi en chansons. Chez Obama, on a décidé une fois pour toute que le ridicule ne tuait pas :

Clinton ne pouvait rester passive devant une telle débauche de chapeaux mexicains :

Hillary ou Barack? Le choix est terrible. On se demande comment les électeurs hispaniques peuvent encore aller voter après ça…
Scopes


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