Magazine Politique

Les malentendus du "Made in France"

Publié le 21 décembre 2011 par Pierre

Les malentendus du Made in FranceOMC, FMI, Banque Mondiale mais également Commission Européenne et nombre de Parlements Nationaux s’appuient sur une théorie vieille de 200 ans pour justifier l’ouverture des frontières comme la garantie du progrès économique et social. Sans compter toutes les Universités, Ecoles de Commerce de France et de Navarre qui inlassablement prêchent la bonne parole depuis des décennies. Le libre-échange s’est imposé comme la forme incontestée du commerce international.

Bref rappel de nos cours d’économie… Cette théorie bicentenaire s’appuie sur la notion de l’avantage comparatif qui explique que, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s’il se spécialise dans la production pour laquelle il dispose de la productivité la plus forte ou la moins faible, comparativement à ses partenaires, accroîtra sa richesse nationale, se faisant la richesse mondiale également. Cette théorie simplifiée ici à l’extrême est ainsi un puissant incitateur à l’ouverture des frontières, à la libre circulation des marchandises, phénomène dont nous avons constaté l’accélération depuis 1945.

Dans ce contexte d’orthodoxie politico-économique, gare à ceux qui prôneraient l’ouverture sélective, le « made in… », les quotas ! Vous êtes au mieux un alter-mondialiste vénérant le retour à la terre et à la lampe à huile (ce qui n’est pas un gros mot en soit), au pire un terrible nationaliste xénophobe (ce qui est un gros mot en soit) !

Alors pourquoi aujourd’hui un tel engouement pour le « made in France » de tous nos candidats à l’investiture suprême depuis plusieurs semaines ? Ne nous y trompons pas, bien qu’il recouvre des a priori idéologiques très différents (inutile d’expliquer en quoi le made in France de Marine diffère de celui des François, j’ose l’espérer de Nicolas également), nous sommes en face d’un véritable argument électoraliste qui traverse un paysage politique en campagne électorale. Il ne vise pas à remettre en cause l’orthodoxie économique du tout libre-échange mais à flatter l’électeur en lui promettant du « bien de chez nous » et les emplois à la clé.

Les malentendus du Made in France
Cette pensée unique économique a enfermé de nombreux pays du Sud dans des situations de mono-productions (énergétique, agro-alimentaire, textile, etc.) qui a construit la nature et les termes de l’échange international. A rebours des messages catastrophistes sur une mondialisation qui pille les emplois des vieux pays industrialisés, cette inégalité intrinsèque des échanges est en fait pour beaucoup dans la croissance des pays du Nord et les retards du développement des pays du Sud : l’accumulation considérable des capitaux a permis aux pays du Nord de financer leur développement et  son enfant illégitime, la spéculation financière ; le rapatriement de ces mêmes capitaux a maintenu les seconds dans une situation de dépendance.

L’intensité de la lutte des « pays émergents » pour intégrer les centres de décision des institutions internationales est à cet égard évocatrice, tout autant que celle des pays du Nord pour y conserver leurs privilèges. Collons (sans jeux de mot) un logo « made in France » sur nos produits bio, simulons une bienséance environnementale pour justifier de consommer et de produire local, louons le savoir-faire des industries de niche françaises (un rossignol n’a jamais fait le printemps !!), tant que Ricardo restera la référence des institutions internationales, le  « made in France » n’aura d’autre fonction que d’attraper quelques votes supplémentaires dans un monde immobile. Messieurs les candidats, mesdames les candidates, ne vous disputez pas la paternité d’une fausse bonne idée, offres-nous une vision alternative de l’organisation des échanges internationaux, plus juste, plus humaine, moins caricaturale, moins repliée sur nous-mêmes.

Sébastien


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pierre 381 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines