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"Marine One" (Homeland - 1.12)

Publié le 21 décembre 2011 par Shoone

Homeland: 1.12 Marine One (Season Finale)



J'aurais aimé ne jamais quitter l'univers d'Homeland et continuer éternellement à suivre les aventures de Carrie et Brody, comme si leurs vies étaient la mienne. Une idée dingue. Pourtant, je suis sûr que nombre de sériephile ont déjà dû l'avoir. Pas forcément devant Homeland mais n'importe quelle autre série. C'est ça la force du genre. C'est ce qui fait que j'aime la télévision, plus que le cinéma. Elle a cette possibilité de susciter un attachement dépassant l'entendement. Homeland y arrive dans ce final en me faisant passer par bien mille et une émotions. Inévitablement, le générique de fin a néanmoins fini par défiler et c'est sonné que je suis ressorti de l'épisode. Si bien que je ne sais pas vraiment comment en parler.

Si on commençait par le commencement, tiens. Les premières minutes se partagent entre la dépression de Carrie, les préparatifs de Brody pour son attaque et l'intrusion de Walker en zone protégée. Peu d'action donc, ce qui crée une certaine lenteur dans le récit que j'ai toutefois trouvée nécessaire. Elle installe un vrai calme avant la tempête, donnant d'autant plus d'impact à celle-ci. Dans l'oeil du cyclone, on retrouve bien sûr Brody. Il est la vraie star de ce final ce qui laisse la chance à Damian Lewis d'offrir une prestation bluffante. Il porte à l'écran l'expérience d'un kamikaze de façon poignante. Les scènes de préparation où il se cache de sa fille sont néanmoins quelque peu plus faibles car assez forcées mais restent essentielles pour donner à Dana le rôle clé dans le dénouement de l'intrigue. C'est en effet elle qui, involontairement, met un terme au projet de son père. La scène où elle l'appelle est peut-être la plus puissante de l'épisode, chacun des personnage étant tiraillé entre deux attitudes. Lewis, mais aussi sa jeune partenaire Morgan Saylor, y sont d'une justesse époustouflante. Ceci additionné à la mise en scène en huis-clos est ce qui accentue toute la tension du moment. On a toutefois, avant ça, toute une attente autour de la veste d'explosifs, que Brody cache, puis n'arrive pas à faire fonctionner, qui joue bien avec nos nerfs et participe aussi à une réelle intensité. Sans mentionner le mouvement de panique engendré par le tir de Walker sur la conseillère Elizabeth. Le renoncement final de Brody peut décevoir sur le coup, mais pour ma part, j'ai complètement adhéré au twist. Il remet en relief une vraie ambivalence de Brody entre son dévouement et ses émotions. Il obéi donc bien à Abu Nazir, mais pas aveuglément. Bien sûr, son exécution immédiate de Walker sur ordre de Nazir montre bien sa fidélité. Il peut tout de même toujours revenir du bon côté de la force, comme le prouve la séquence du bunker, et donc être source de surprises. Celles-ci ne devraient pas manquer la saison prochaine puisque Brody convainc Nazir de le laisser poursuivre son ascension politique. Preuve d'ailleurs que le bougre a son mot à dire est qu'il n'est pas qu'un pion du terroriste.  La perspective est en tout cas enthousiasmante car à mesure que l'influence de Brody grandira, son champ d'action pourra faire de même.

 

Légèrement mise de côté, Carrie conserve, à mon soulagement, un rôle important à jouer dans l'enchaînement des évènements. Évènements qu'elle prévoit d'ailleurs, mais sans que personne ne veuille la croire, ce qui fait le tragique de la situation. Seul le fidèle Virgil ose la soutenir et j'ai apprécié qu'on ait pas oublié ce rôle de l'ombre si j'ose dire, dans ce dernier épisode. Le pire revers pour Carrie reste certainement la petite trahison de Saul qui l'avait pourtant défendue précédemment. C'est ce qui finit par l'entraîner inévitablement vers le fond, la conduisant d'abord à se ridiculiser devant la famille de Brody. Ironiquement, cela permet aussi d'éviter le massacre du gouvernement. C'est là que la résolution de l'intrigue est la plus originale et cruelle: Carrie devient l'héroïne de la journée mais sans le savoir et finit même par se remettre en question. Évidemment, dans cette continuelle déchéance, Danes continue d'impressionner. L'aveu de son amour pour Brody à Saul, puis ses adieux au soldat teintés d'amertume sont les meilleures retranscriptions de l'effondrement du personnage. Face à elle, Lewis et Pantinkin ne déméritent pas, ne manquant pas d'amener une vraie émotion aux confrontations.

Dans le même temps, Saul finit (un poil facilement) par confirmer les théories de sa protégée et découvre les crimes de la CIA. Il apporte du coup un certain sentiment de conclusion à l'arc de la saison, mettant en lumière les quelques mystères derrière la guerre contre Abu Nazir. Ses confrontations qui s'ensuivent alors avec Estes et le vice-président, en plus d'introduire des discordances prometteuses à la CIA, viennent bien montrer la complexité des relations au sein d'un même camp. Malheureusement pour Carrie, la thèse sur Brody reste inconfirmée et les précisions de Saul arrivent trop tard car elle s'est déjà résolu à se faire traiter, quitte à risquer l'amnésie. Le choix est le parfait symbole de la fin de sa chute. La jeune femme a été si mise à l'épreuve par ses investigations, ses troubles, qu'elle finit par renoncer à elle-même. En résulte une fin particulièrement frustrante où Carrie fait finalement le lien entre les révélations de Saul et ses soupçons sur Brody grâce au souvenir d'un détail habilement placé quelques épisodes plus tôt: le nom d'Issa, fils de Nazir, mentionné par Brody dans son sommeil. Sauf qu'à peine la jeune fait-elle cette déduction, qu'elle est emportée par l'anesthésie. Sa soeur a-t-elle toutefois pu l'entendre? Carrie s'en souviendra-t-elle? C'est en tout cas cette information qui fera toute la différence et la série souligne bien son importance en basant son cliffhanger sur le risque qu'elle disparaisse.

 


En conclusion, Homeland signe une fin de parcours à l'image du reste de sa saison. Eprouvante, dérangeante, finement ficelée. Après le roman que je vous ai écrit à son sujet, je vois difficilement ce que je pourrais faire de plus pour vous en convaincre. Chacun des acteurs y atteint une sorte de perfection dans son interprétation. Danes, Lewis, Pantinkin mais aussi la jeune Saylor. Leurs personnages sont à fleur de peau et ils nous le font sentir avec intensité. L'épisode se charge de plus d'admirablement redistribuer les cartes se posant alors plus comme une ouverture qu'une conclusion. La partie ne fait que commencer semble-t-il dire et elle se promet encore plus intense dans son deuxième round. Il sera définitivement attendu au tournant après une première saison si magistrale.


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