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[Critique Cinéma] Le Havre

Par Gicquel

Il filme à l’économie : ses images sont d’une belle sobriété. Les dialogues, tout aussi minimalistes, mais tellement appuyés, tellement drôles et pertinents donnent le ton de la comédie .Un bonheur de cinéma pour dire le malheur des déracinés. Après le «Welcome» de Calais, on les retrouve au Havre où un homme de la marge s’est lui aussi mis en travers de la société. Il recueille un jeune africain et la vie poursuit son cours, comme si de rien n’était. Mais bien évidemment, il n’en est rien.

Tout est dans ce laissez aller du quotidien que Kaurismaki apprivoise avec l’œil du passant qui s’attarde. Dans une autre époque où le commissaire roule toujours en R 16 et qui fleure encore bon le pain frais du matin. Tout près de là  l’épicier s’en va conduire sa carriole au marché.

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Un monde à la Doineau sorti de son sépia, quand ressurgit le jeune Idrissa (Blondin Miguel) pour qui le quartier va secrètement se battre, face à la hardiesse de quelques délateurs, toujours prompts à venir en aide aux plus démunis. Kaurismaki a peut-être choisi Le Havre pour la mélancolie de ses quais délaissés et qui fait une jolie tâche dans son paysage ; comme un spleen bercé par l’humanité débordante de Marcel. Après avoir abandonné l’espoir d’une carrière littéraire, le héros solitaire brasse aujourd’hui les sentiments par milliers. André Wilms , est impeccable dans sa pelure bohême, personnage emblématique du cinéaste finlandais, que rejoint avec un bonheur égal notre Jean-Pierre Darroussin  national. Il faut le voir faire son entrée dans le bistrot du quartier où vit Marcel, un ananas à la main ; c’est drôle, émouvant, parfait.

Avec parfois un côté rapiécé à la Mocky, on imagine peut-être alors sinon un hommage, tout du moins un gros clin d’œil au cinéma français. Pierre Etaix , dans le rôle du docteur, Jean-Pierre Léaud, en voisin dénonciateur et son actrice fétiche Kati Outinen , prénommé … Arletty.

[Critique Cinéma] Le Havre

La scène de l'ananas, rien qu'une tranche,savoureuse...

Même s’il ne fait que passer, je m’en voudrais d’oublier  Roberto Piazza , en personne, soit Little Bob dans sa panoplie de rocker éternel. Pour le concert de soutien à Idrissa désireux rejoindre sa maman, quelque part en Angleterre. Loin de la jungle de Calais, dont au passage  on ne parle plus beaucoup aujourd’hui. Mais l’actualité ce matin, il est vrai, c’est plutôt Beckham !


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