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M I 4 : Ghost protocole

Publié le 22 décembre 2011 par Unionstreet
  • M I 4 : Ghost protocole

M I 4 : Ghost protocole
de Brad Bird (2011)

Son nom est Hunt, Ethan Hunt.

La sortie du 4ème opus de la franchise Mission impossible peut se voir à de nombreux égard comme une clôture. Confié à chaque fois à des réalisateurs de prestige, la saga fut amorcée en 1999 avec le film de Brian De Palma qui ouvrait déjà de belles perspectives sur ce que sera le cinéma d’action des années 2000. Toujours avec un temps d’avance, De Palma utilisait son style cinétique pour renverser la gravité, s’enfoncer dans l’image. L’action gagnait en vitesse et l’utilisation intelligente de la synthèse offrait déjà ses premiers frissons immersifs (la séquence avec l’hélicoptère sur le toit du TGV !). L’espace d’une seconde, on y était !

Dix ans plus tard on en est on ? L’épisode de J J. Abraham à fait des déçus. Les spectateurs comme les critiques n’ont pas pardonner la trajectoire intimiste préféré par le créateur de Lost, et si l’action était bien mené, la mécanique semblait à bout de souffle, incapable de surprendre. En 2011, et avec le succès phénoménal des films d’animation,vCruise et la Paramount se sont donc logiquement tournés vers Brad Bird, réalisateur talentueux des Indestructibles et de Ratatouille pour redonner un nouveau souffle à la saga et débloquer de nouvelles possibilités spectaculaires.

Paradoxalement, le réalisateur regarde dans le rétro-viseur et ravive le Ethan Hunt de De Palma, c’est à dire le plaisir du plan huilé et la conception d’une équipe d’agents attachantes gravitant autour du héros et lui débloquant le passage. Si on ne reproche pas à John Woo sa mise en scène baroque, on constate tout de même que MI2 faisait de Hunt plus un chasseur solitaire à la James Bond qu’un véritable meneur d’équipe. C ‘est pourtant le point fort de la série. Que ce soit dans le film de De Palma ou de Bird, Hunt est un chef d’orchestre virevoltant qui, à la manière d’un McLane dans la série Die Hard, encaisse les coup et finit toujours le film à la limite de la mort. Voilà sonc une figure de « l’action Man » des années 2000. Surement plus moderne que le modèle, un peu archaïque de félin solitaire et séducteur, toujours propre sur lui; Ethan Hunt n’est jamais aussi bon qu’en maître penseur des plans d’infiltration les plus complexes.

Le meilleurs épisodes de la saga sont donc à mon sens, ceux qui favorisent le travail en équipe et la mise en scène du « plan » ardu, si parfaitement huilé que le spectateur en reste bouche bée. L’équipe de Hunt dans le film de Brad Bird est dès le départ très attachante et le flegme de Simon Pegg, très efficace dans les seconds rôles comiques (Star Trek) fait mouche à chaque punch line. Pas à dire la salle était sous le charme de l’acteur de Hot Fuzz. L’intime est réduit à son essentiel : la complicité entre les protagonistes et cela suffit amplement. Par deux fois le film s’égare sur le passé sentimental de Hunt, il devient alors ennuyant et bavard. Finalement, pourquoi vouloir à tout prix gonflé la saga d’éléments feuilletonesques alors que dans son essence même, elle n’est qu’action pure.

L’esthétique du « plan » impose forcément une mise en scène du montage alterné. On passe d’un personnage à l’autre par l’intermédiaire des micros tandis que la musique recouvre et unifie le réseau. Bird se heurte donc à deux problèmes nouveau. Il doit rester conforme à ce type de mise en scène typique de la franchise et de plus, se heurter à la matière du réel. En effet, l’animation permet de tout créer à partir de rien, mais le tournage live impose de se soumettre au poid du réel, pour reprendre la citation de Quentin Boutel. Pourtant, l’esthétique cartoonesque est bien présente. L’infiltration du Kremlin à quelque chose de burlesque, entre les pastiches et les gadgets à effet d’optiques. Chaque monde, que ce soit le Kremlin, la tour de Dubaï, ou l’usine de Mumbai sont autant de niveaux de jeux vidéos aux configurations différentes et au style plastique très définis.Si l’action est très découpée, on n’ira pas jusqu’à parler d’illisibilité. A part la scène de la tempête de sable qui découpe volontairement l’action avant l’impressionnante collision de voitures, filmée en plang long, l’action est souvent raccord, brouillée et tremblante mais raccord. Le film multiplie cependant les effets de choc sensoriels, si bien que dès que Hunt heurte sa mâchoire contre un mur, on à mal ! Une mise en scène de l’action assez typique des années 2000 qui ne se prive pas d’impressionnant mouvements sublime ou Hunt est confronté dans le cadre à des éléments titanesques : explosion du Kremlin, tempête de sable ou voiture s’écrasant à côté de lui. Bird tire le meilleur de la logique du film d’infiltration pourtant ressassée, jouant sur la manipulation des identités et l’élaboration d’un plan toujours plus fort que le plus pensé des système. Hunt finit toujours par vaincre le poid du réel, en le pliant à sa volonté. Loin de transcender la franchise, Bird la remet cependant sur de bonnes bases.

MI4 offre un vrai plaisir ludique. Le spectateur est installé dans une narration des plus confortable, pris dans le plaisir enfantin de l’évasion. Il y a presque, à la manière des Indiana Jones, quelque chose d’artisanal et de régressif dans le film de Brad Bird. Comme un retour au bon vieux cinéma d’action des années 1980 ou le héros n’existe et ne vit pour l’action. La présence physique de Tom Cruise est monstrueuse, le film part bille en tête et ne s’autorise que de rares moments de détente.


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