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La voûte étoilée

Publié le 24 décembre 2011 par Philippe Thomas

Poésie du samedi, 40  (nouvelle série)

Je suis de ceux qui partent au quart de tour dans d’infinies méditations à chaque fois que nous nous retrouvons sous la voûte étoilée. Je partage alors pleinement cet état d’esprit que résume Pierre Bergounioux avec des accents hautement kantiens : « Nous avons toujours sur nos têtes la splendeur de la voûte étoilée. Nous sentons en nous la loi morale qui nous confère « une vie indépendante de l’animalité et même de tout le monde sensible » (in La fin du monde en avançant, Fata Morgana, 2006). A de tels moments se pose immanquablement la question de l’origine de l’univers et corrélativement de la présence sinon d’un Créateur, du moins d’une certaine Transcendance.

Entre autres formulations possibles de ce questionnement lancé face à l’infini par l’être fini que nous sommes chacun, il y aurait celle-ci : Qu’est-ce que la terre devant ces vallées supérieures de pétillement d’étoiles ?

Et la réponse est strictement contenue dans la question puisque la phrase que vous lirez après le signe  = , que j’emploie à dessein comme s’il s’agissait de la solution d’une opération mathématique, est l’exacte anagramme de la question ! Donc , Qu’est-ce que la terre devant ces vallées supérieures de pétillement d’étoiles ? = Le vide quantique est et reste la source réelle de l’espace-temps et de l’univers.Troublant, non ?

Mais vous parlez d’une source ! Elle n’est pas de celles où l’on s’abreuve d’une onde pure recueillie au creux des mains. Impalpable, elle nécessite de s’être longuement nourri aux mamelles de la science physique la plus sophistiquée. A côté de ce vide quantique, j’ai tendance à penser que les abstractions kantiennes ont l’air familier de risettes fleurissant sur le visage d’un nouveau-né… Oui, c’est bientôt Noël…

Je suis très troublé par le savoureux recueil d’anagrammes qui vient de paraître sous la plume d’un éminent physicien, Etienne Klein. Comme jadis dans la langue des oiseaux, des sens cachés se font jour dans des séquences verbales d’allures innocentes… La question qui précède est tirée de là et sa réponse aussi, bien entendu. Et dans cet énoncé comme dans bien d’autres, le physicien questionne l’origine de l’univers… Il était même tout récemment l’invité de Raphaël Enthoven  pour en parler (Philosophie, Arte) et l’émission était parsemée de ces surprenantes anagrammes. Ainsi, voilà comment il pose simplement la question  et comment il y répond avec esprit ! L’on se rend compte que sur ce coup là, la physique tutoie la métaphysique. Et qu’en peu de mots, tout est dit ou presque sur le Bereschit, le commencement du commencement…

L’origine de l’Univers

L’univers a émergé d’un lieu mystérieux, disent les récits cosmogoniques, un lieu illimité et fertile, une sorte de tohu-bohu où titubaient la matière, l’espace et le temps. Mais, curieusement, pas la lumière : ce monde avant la lettre baignait dans l’obscurité, jusqu’à ce que la nuit se retire pour laisser place au premier jour. Au commencement,

un vide noir grésille.

Étienne Klein et Jacques Perry-Salkow, Anagrammes renversantes ou le sens caché du monde, illustrations de Donatien Mary, Flammarion 2011.

Et les particules élémentaires, en écho, tissèrent l’espace et la lumière ! Les trous noirs, quant à eux, sont irrésolus et l’énergie noire est la reine ignorée de l’Univers…

Ce serait délectable de continuer, mais je ne peux que vous recommander de courir chez quelque libraire pour vous procurer cet élégant ouvrage où chaque anagramme est certes performance mais aussi objet de méditation... Un énoncé y voit la plupart du temps son aboutissement anagrammatique précédé d’une savoureuse « démonstration ».

Tout de même, pour qu’il soit clair pour tous que la problématique à laquelle il faut s’attacher sans relâche est le questionnement sur l’origine de l’univers, soulignons qu’il ne faut pas se tromper de mots. En effet, la question de l’origine du monde est religion du démon ! Mais l’on se convaincra aisément que la question de l’origine du monde est sans doute l’expression première d’une libido sciendi visant à sonder les mystères de la création et en particulier des créatures… Comme d’habitude, la réponse est contenue dans la question qu’il faut donc décrypter correctement : L’origine du monde, Gustave Courbet…


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