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[Critique DVD] Drôle de genre

Par Gicquel

Il faut toujours regarder les génériques jusqu’à la fin. Sans la dernière image «  La cérémonie » de Chabrol fait un flop. Et pour ce «  Drôle de genre »  la formule consacrée, «  toute ressemblance avec des personnages … » accompagnée de sa délicate prévention  «  mais pour l’avenir, qui sait ? » veut bien dire quelque chose. Elle résume quasiment tout le film.

Cette projection sur des lendemains incertains, c’est effectivement le sujet et le sel d’une histoire peu commune qui inverse les rapports habituellement établis entre les hommes et les femmes. Camille dans sa peau de prof d’anglais est avant tout un homme à la maison. Trop affairée par son entreprise qu’elle dirige en maîtresse femme, Dominique lui laisse la gestion du foyer où trois enfants ne sont pas de tout repos. Il fait les courses,  elle paie ….

[Critique DVD] Drôle de genre

Bien évidemment, si Jean-Michel Carré , plus connu peut-être pour ses nombreux documentaires sociétales, nous fait le coup du couple à contresens (avec les prénoms ad-hoc), c’est pour aller au-delà de ce qu’il veut bien nous montrer.

Sa première approche est déjà très intéressante par sa manière de disposer la caméra .Le cinéaste filme très souvent au plus près ses personnages, et la manière de faire ainsi parler les visages est assez rare dans le cinéma français. Il s’intéresse aux gens, et réussit à nous les rendre très vite familiers, en les situant naturellement dans leur quotidien.

L’homme qui fait tout, et la femme qui râle quand le dîner n’est pas près, c’est d’abord amusant, mais pas si drôle que ça, puisque l’intelligence de Carré est de nous renvoyer ce que l’on ne voit pas. Les rôles sont inversés, d’accord, mais  l’envers du miroir est tout aussi vrai dans cette mise en scène qui peu à peu prend le pouls d’une situation sociale, où les problèmes de crèche et l’urbanisme environnemental ne datent pas d’hier.

[Critique DVD] Drôle de genre

A ce moment là, le film bascule  sur un aspect plus politique (élections municipales à Chartres, le PS et les écolos, en bisbille, déjà) sans tomber dans les travers du militantisme, et encore moins de la caricature. Bien au contraire, c’est une envolée salvatrice de la part de notre héros (Hippolyte Girardot , alors au mieux de sa forme)  qui met les pieds dans le plat. L’homme au foyer s’oppose maintenant ouvertement à madame (Agnès Soral , tout aussi magnifique dans son rôle de femme libérée) qui bien que ne partageant pas les fruits de sa réussite avec ses employés, milite ouvertement au PS. Un petit coup de griffe au passage de la part d’un réalisateur qui depuis se fait bien rare. Et c’est bien dommage.


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