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Les boloss, le teen movie a l’anglaise

Par Unionstreet
  • Les boloss, le teen movie a l’anglaise

Les boloss
(The Inbetweeners)
de Ben Palmer

On peut forcément se demander si une teen sex comedy traduit en français par «les boloss» peut se révéler être une grosse arnaque. Disons le d’amblé, ce titre est infâme et étouffe la petite subtilité du titre original. The inbetweeners, en anglais : entre les entre deux, c’est à dire ni marginal ni cool, exprime bien mieux la morne normalité des personnages, le genre de types qui ne sortent pas du lot et dont on ne fait même pas at- tention.

Ceux qui connaissent la série télévisée dont ce long métrage est inspiré, iront voir le film les yeux fermés. Pourquoi ? Tout simplement parce que dès le premier épisode, on tombe sous le charme de ces quatre ratés dont le seul talent est de pousser la nullité et l’humiliation à son paroxysme. De plus, la transposition de tous les codes du teen movie (films d’ados) dans l’atmosphère pittoresque des banlieues britanniques est un vrai bol d’air frais. la série The Inbetweeners est à American Pie (1999) ce que Skins fut à Beverly Hills : juqu’au boutiste.

Pour les autres je suis sceptique, car cette si cette adaptation sur grand écran fait honneur à la débilité atta- chante de nos quatre loosers britanniques, son formatage l’empêche vraiment de décoller. On est ici dans le sous genre très codé du beach party movie américain. Souvenez vous d’American Pie 2 (2001). Après le pre- mier opus qui prenait la forme d’une comédie de campus montrant les héros passer leur diplôme avec succès, la suite les faisaient partir en vacances et profiter de leurs derniers instants d’innocence avant l’entrée dans le monde adulte. Le film The Inbetweeners reprend précisément cette trame et tous ses archétypes au point, hélas, d’en être vite prisonnier.

Bon, on connais tous les teen movies. Tout est cousu de fil blanc et la complexité de la narration est le cadet de nos soucis. On veut du gags, des situations grotesques et le tout à un rythme d’enfer…Hélas, le film ne tire que trop peu avantage de ses atouts de comédie potache à l’européenne, et sa mise en scène transparente l’enferme dans un mimétisme hollywoodien trop sage, au lieu de le laisser s’envoler vers les cimes de la débilité et de la décadence.

The Inbetweeners a pourtant un potentiel formidable et le prouve suffisamment pour séduire par instant le spectateur. On aime par exemple la liberté de ton, les dialogues mordants et très vulgaires qui faisaient le charme de la série et qu’il serait difficile de retrouver aujourd’hui à Hollywood. Des acteurs exceptionnels aux gueules uniques, qui parviennent, même enfermés dans leurs archétype (le romantique, le binoclard, le crâneur et le niais) à libérer une énergie et une cohésion délicieuse qui provoque une empathie immédiate.

L’humour potache repousse de nouvelles limites que le cinéma hollywoodien, souvent trop puritain à toujours refuser de franchir. Sans spoiler, je dirais juste que le film montre ce que Hollywood préfèrent suggérer et parvient, malgré une narration auto-centré sur un groupe de mâle en chaleur n’ayant que le mot «pussy» à la bouche, à être mille fois moins mysogine que nos voisins américains. Pour simple preuve, on y voit plus de pénis que de poitrines! Tout le contraire de Sex Academy (2001) ! Je lance quelque piques à Hollywood mais je reconnais tout de même que Easy A (2011) avec Emma Stone est un petit bijou incarnant à mes yeux le teen movie de demain. Ne poussons pas trop loin la caricature.

Quand le timming est juste, The Inbetweeners est hilarant, irrévérencieux et débile à souhait. Le problème c’est que le film avance dans un faux rythme qui se répète et tue parfois le plaisir. Il procède par accélération avant qu’un gag raté ne fasse retombé la dynamique comique. Puis il ré-accélère et pêche à nouveau, et ce jusqu’a la fin. Frustrant.

La plus grosse réussite, c’est le portrait très authentique de cette station balnéaire grecque, beauf à souhait. C’est simple, on connaît tous ce genre d’endroit où les jeunes adultes, avides de fête et de soleil vont s’en- tasser. Internet vend du rêve mais à l’arrivée, on se retrouve dans un pays en dessous du seuil de pauvreté, accueillant toute une jeunesse occidentale prête à tous les excès. Ce rendu authentique donne un vrai cachet au film, qui baigne tout du long dans un ambiance triviale et vulgaire, auquel seul l’alcool et les vibrations des basses finissent par redonner vie. Les fausses vacances cool par excellence !

On attendait secrètement que The Inbetweeners devienne un classique, une comédie britannique crado et pro- saïque à l’humour limite, mais le film est bien trop contrôlé pour répondre à cette attente. Des éclairs comiques traversent le paysage ça et là mais le passage au grand écran à eu vite fait de museler le tout.

C. Levassort


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