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Récidive

Publié le 29 décembre 2011 par Malesherbes

Il y a quelques semaines, l’assassinat d’une jeune pensionnaire d’un lycée du Chambon-sur-Lignon faisait la une des médias. Les réactions suscitées par ce drame m’avaient conduit à des réflexions sur le thème de la récidive et sur celui de la responsabilité, réflexions que je livre ici.

 
Comme toujours lorsqu’un suspect a déjà été condamné pour un crime de même nature, on soulève la question de la prévention de la récidive. On serait ainsi prêt, dans certains cas, à maintenir en détention pour un temps indéterminé des personnes jugées dangereuses, en dehors de tout jugement. Dans le cas évoqué ici, l’assassin présumé avait été remis en liberté dans l’attente de son jugement pour un viol précédent. Il est bien sûr indispensable d’examiner dans quelles conditions un homme accusé de viol avait pu être admis dans un pensionnat mixte. Est-ce que toutes  les procédures à appliquer en cette circonstance l’avaient bien été ? Si ce  n’est pas le cas, il convient de déterminer le ou les responsables et, éventuellement, de prendre des sanctions. Dans le cas contraire, il faudra modifier ces procédures pour empêcher le renouvellement d’une telle situation.

Mais ce qui apparemment échappe à nos gouvernants, c’est que la durée d’une détention préventive ou d’une liberté conditionnelle ne pose problème que du fait de la lenteur de notre justice. Et si celle-ci est si lente à accomplir sa tâche, c’est que les moyens nécessaires en personnels et en crédits lui font défaut. Un comble dans un État qui, depuis des lustres, ne cesse de brandir le spectre de l’insécurité ! Toujours prompt à réagir à retardement, le ministre de la Justice, Michel Mercier, indique triomphalement que les Centres éducatifs fermés, où l’on aurait dû placer le suspect, disposent de 500 places. Il oublie de relever que cette capacité est largement inférieure aux besoins.

M. Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, déclarait le 21 novembre 2011 à Europe 1 : « Je ne veux pas que ça aboutisse à une instrumentalisation. Honorer la mémoire d'Agnès c'est accepter de se poser les questions, mais pas dans la polémique, dans le respect et dans la dignité ». Je me garderai donc de polémiquer, du moins aujourd’hui. J’en viens plutôt à mon second thème. J’avais entendu à l’époque le même Wauquiez batailler ferme pour tenter de repousser ce terme de responsable qui visiblement  l’indisposait.

Dans l’affaire du sang contaminé, Georgina Dufoix avait déclaré en 1991 se sentir « responsable, mais pas coupable »  En fait, elle eut été mieux inspirée de s’avouer non coupable, mais responsable. Trop nombreuses sont les personnes qui, chargées de lourdes de responsabilités, feignent d’ignorer que ceci implique qu’elles puissent être jugées responsables des conséquences de leurs décisions ou de leurs absences de décision. Les Grecs antiques, qui ont inventé la démocratie, avaient même forgé un mot pour qualifier des hommes politiques : ceux-ci étaient alors soumis à reddition de comptes. Rendre des comptes, mais vous n’y pensez pas ! Les exemples ne manquent hélas pas qui démontrent qu’une telle pratique n’a plus cours de nos jours.


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