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L’Inde échoue encore contre la corruption

Publié le 31 décembre 2011 par Journalpakistan @journalpakistan

Le Parlement a repoussé un projet de loi anti-coruption pourtant très attendu dans un pays rongé par ce fléau. Cette paralysie alimente un rejet de la classe politique.

Emmanuel Derville, New Delhi.

Paru dans la Tribune de Genève et 24 heures le 31 décembre

En 43 ans, le Parlement indien a examiné 8 projets de loi anti-corruption. Aucun n’a jamais été voté. La neuvième tentative n’a pas été la bonne. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la chambre haute a été incapable de se prononcer sur un texte déposé le 22 décembre. L’examen a été repoussé sine die. De quoi exaspérer un peu plus l’opinion publique. Depuis 9 mois, des millions d’Indiens réclament que l’Etat agisse contre la corruption. Emmenés par Anna Hazare, un ancien militaire de 74 ans devenu activiste têtu, ils exigent une agence anti-corruption dotée de pouvoirs forts. Sous pression, le gouvernement avait déposé un projet de loi prévoyant la création d’une commission présidée par 9 membres, la Lokpal. Celle-ci devait pouvoir instruire les plaintes pour corruption déposées contre les fonctionnaires et les politiciens, mais n’avait aucun moyen d’enquête.

Les militants pro-Hazare sont donc frustrés. Des affaires de corruption impliquant de hauts responsables politiques ont éclaté ces derniers mois tandis que la population doit verser des pots-de-vin pour obtenir un passeport, un permis de conduire, une autorisation d’acheter du gaz domestique…. Mardi, Anna Hazare a entamé un jeûne pour la quatrième fois cette année devant 15 000 personnes à Bombay. Il a finalement interrompu sa campagne mercredi pour raisons de santé. A Delhi, un millier de personnes ont manifesté mardi et mercredi pour réclamer une loi anti-corruption plus efficace. « Je suis en colère contre les autorités. Elles ne luttent pas contre la corruption alors que nous en souffrons tous les jours », déplore Shiv, un étudiant de 24 ans. Chirangib est peintre dans le BTP. Il gagne moins de 6000 roupies par mois (110 francs suisses). La veste tâchée de peinture, les cheveux poivre et sel, Chirangib paraît avoir 10 ans de plus. « Quand mon père est mort, j’ai dû payer 100 roupies pour récupérer le certificat de décès. 100 roupies, c’est ce que je gagne en une demi-journée. Mais ça, nos hommes politiques sont incapables de le comprendre. Avec l’argent de la corruption, il s’enrichissent sur notre dos et vivent dans le luxe. » L’apathie de la classe politique vis-à-vis de la corruption alimente le rejet des partis. « Je n’ai pas voté aux dernières élections et je ne voterai pas la prochaine fois, précise Deepak qui gère un magasin de lunettes. Ils sont tous pourris. »


Classé dans:Economie / Societe Tagged: Anna Hazare, corruption, Inde

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