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Plus de 38 millions de migrants environnementaux dans le monde

Publié le 05 janvier 2012 par Bioaddict @bioaddict

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a publié le premier "Etat de la migration environnementale 2010" (State of Environmental Migration 2010) avec l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Cette étude montre notamment que les migrations liées à une cause environnementale ne sont plus un phénomène à venir, mais déjà une réalité : elles sont devenues plus importantes que les migrations liées aux conflits.

Plus de 38 millions de migrants environnementaux dans le monde
 

Si, en 2008, on comptait 4,6 millions de personnes déplacées dans leur pays du fait d'un conflit violent, il y en avait 20 millions qui avaient dû quitter leur lieu de résidence à la suite d'une catastrophe naturelle. Les "migrants environnementaux" ont ainsi été 15 millions en 2009, 38 millions en 2010. Pour les chercheurs, l'année 2011 devrait voir un chiffre de même ampleur. En effet, le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima, les inondations en Thaïlande, en Chine et aux Philippines ont provoqué des déplacements massifs.

Le rapport rassemble une série d'études de cas qui montrent la diversité des situations et la complexité du phénomène. Réalisées par des étudiants de Sciences Po-Paris sous la supervision de spécialistes, elles analysent précisément la gestion des crises qui se sont produites en 2010 au Pakistan (inondations), en Russie (feux de forêts), en Haïti ou au Chili (séismes), en France (tempête Xinthia).

Mais l'un des principaux apports de la recherche est de montrer que des événements soudains et brutaux ne sont pas seuls à provoquer ce type de migrations. Une dégradation lente de l'environnement peut aussi conduire à des déplacements involontaires. Par exemple, la fonte des glaciers himalayens au Népal se traduit à la longue par des inondations dues au déversement des excédents des lacs glaciaires.

Des sécheresses durables peuvent aussi induire des migrations sur la longue durée, comme au Darfour (Soudan) ou dans le Nord-Est brésilien. Le cas de l'Amazonie brésilienne est un autre exemple : la déforestation entraîne une occupation des terres puis, rapidement, les sols ainsi mis à nu s'épuisant, les populations finissent par migrer.

D'autres caractères des migrations environnementales apparaissent nettement. D'une part, la très grande majorité des cas analysés sont des migrations internes aux pays, sans franchissement de frontières. Les pays sont seuls face au problème qu'ils endurent, alors que, lorsque celui-ci découle du changement climatique, ils n'en sont souvent pas responsables.

D'autre part, les migrants environnementaux subissent leur situation et aspirent fortement à revenir chez eux - à la différence des migrations économiques, où l'on espère trouver ailleurs un meilleur sort que chez soi.

Un troisième élément original de l'étude est de montrer, à travers le cas français de la tempête Xinthia, que les pays du Sud ne sont pas seuls à être confrontés au phénomène de la migration environnementale. Plusieurs milliers de personnes durent aller vivre ailleurs, soit du fait de la tempête elle-même, soit en raison de la décision prise par la suite d'évacuer les habitations situées en zone vulnérable. "La tempête a montré des failles significatives dans le système français de contrôle des inondations et de protection des populations sur les zones côtières", observe sobrement le rapport.

De fait, le cas français - comme les autres - souligne l'importance des politiques publiques adoptées : un leitmotiv du rapport est d'indiquer que les conséquences des catastrophes naturelles sont tout aussi liées à la préparation et à la gestion des pouvoirs publics qu'à l'ampleur même de l'événement.

Les migrations environnementales commencent à pénétrer l'agenda international. Par ailleurs, les événements météorologiques extrêmes devraient se multiplier, selon le résumé du rapport spécial publié en novembre par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Le droit international reste à construire. La convention de Genève sur les réfugiés (1951) n'est pas adaptée à la migration environnementale, notamment parce qu'elle implique rarement un franchissement de frontières.

Le problème consiste à trouver chez les pays responsables du changement climatique les fonds pour aider les pays qui en sont le plus victimes à y faire face. La décision de la conférence des Nations unies sur le climat à Cancun, en décembre 2010, a ouvert la voie : son article 14-F cite les migrations et déplacements liés au changement climatique parmi les mesures qui pourraient être financées par le "Fonds vert". Ce fonds est pour l'instant une coquille vide. Les pays riches ont promis de le doter de 100 milliards de dollars (77,3 milliards d'euros) par an à partir de 2020.

Mais, pour certain il faut voir encore plus loin : il faut déjà réfléchir à un scénario de fort réchauffement, qui impliquerait une nouvelle distribution des populations à la surface du globe. Certaines zones ne seront plus vivables, et leurs habitants devront migrer. Il vaudrait mieux y penser aujourd'hui, plutôt qu'avoir à décider dans l'urgence.

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