Magazine France

L’Etat français veut-il nous purger de toute matière grise ?

Publié le 05 janvier 2012 par Mister Gdec

Caricaturons à grands traits volontairement pour la compréhension du lecteur non averti des choses du bazar de la recherche, et de toutes ses arcanes universitaires, et  Dieu le grand rien sait s’il y en a dans cet univers mazarinesque là…

Pour préciser mon langage quelque peu abscons, j’en ai conscience, tout a commencé avec cette affaire d’étudiants étrangers qui se voyaient purement et simplement supprimer leur visa alors qu’il avait parfois un emploi. Une circulaire du 31 mai dernier de Guéant et Bertrand, ministre du Travail, avait mis le feu aux poudres. Elle prévoyait en effet des conditions très restrictives d’ octroi d’un titre de séjour aux étudiants étrangers embauchés à l’issue de  leurs études.

L’affaire n’aurait pas fait grand bruit ailleurs que dans le circuit gauchiste habituel s’il s’était agit de maçons ou de femmes de chambres. Mais voilà que le phénomène atteint le cercle vertueux de la croissance économique française et de son oligarchie économico-médiatique… De jeunes étrangers qui ont fait des études brillantes (y en aurait-il de plus pâles , voir carrément sales ?) et de haut vol aux compétences très pointues sont concernés, devaient travailler dans de très grandes entreprises aux Pdg zinfluents, dans des secteurs de pointe, alors forcméent, là, ce n’est plus pareil… !!!

Donc, d’un côté, des étudiants étrangers qui se voient refouler dans leur pays d’origine alors qu’ils auraient pu nourrir la recherche et le développement de nos entreprises, et faire avancer éventuellement la recherche fondamentale, ce dont notre pays ne pourrait pourtant que se féliciter. Ainsi, très concrètement, je suis d’une région où Nancy par exemple n’a pu que se féliciter du rayonnement qu’elle pouvait avoir à l’étranger avec ses nombreuses écoles d’ingénieurs, et ses secteurs de recherche de pointe. Voudrait-on organsier la fuite des cerveaux qu’on ne s’y prendrait pas autrement. La recherche, elle, n’a pas de frontière ni de nationalité, ni de couleur…. Le savoir pour circuler doit être libre.

De l’autre, des étudiants bien français qui eux sont soumis à un régime de précarisation outrancier. Celui-ci voit par exemple  des pontes,  chefs de laboratoires, en sciences molles comme en sciences dures, s’approprier le travail et les résultats (notamment financiers et en termes de prestige personnel), de leurs étudiants et chercheurs, grâce à de savants colloques et autres publications spécifiques qu’ils n’ont probablement pas écrit eux mêmes… Le grand public ne le voit pas forcément, mais toute une cohorte d’aspirants thésards frustrés sont soumis au régime des ronds de jambes obligatoire et de la lèche à tout crin pour parvenir à leurs fins : simplement espérer survivre économiquement et avoir un emploi. Face à eux, un homme ou plus rarement une femme, seuls, décident de leur avenir, et doit être conquis. Pour certains, par tous les moyens. Un monde de sauvages aux allures policées, vous dis-je,  j’en sais quelquechose.  Pour peu que les pauvres impétrants aient affaire à une personnalité perverse narcissique qui leur pourrit la vie quotidienne de surcroît pour une rémunération misérable, quand ce n’est pas une allocation d’études, ils doivent encore s’estimer heureux. Les autres se sauvent dès qu’ils le peuvent de cet enfer, et vont voir à l’étranger si l’herbe est plus verte… On appelle ce phénomène courant et connu la fuite des cerveaux.

Autrement dit, on organise d’un côté la fuite des cerveaux français vers l’étranger et on renvoie les cerveaux étrangers vers l’étranger également. De beaux esprits pourront même parer ce dernier mouvement d’une apparence respectable en prétendant qu’il ne s’agirait pas de déshabiller les pays plus pauvres que le nôtre de leur matière grise. Sauf que. Si ces pays n’ont pas les moyens d’organiser la recherche faute de finances suffisantes, il y a là un cynisme certain à oser opposer ce genre d’arguments spécieux. Moi, tout ce que je vois, c’est que l’on est en train d ‘assécher la recherche en France, et de nous priver de nos éléments les plus précieux. Qu’ils soient français ou étrangers, on s’en contrefout, l’urgence n’est pas là : comment se bâtira donc, sans eux, la revitalisation industrielle que la gauche comme la droite appelle à corps et à cris dans leurs discours de campagne  ?

Et pendant ce temps là, que fait la police ? Monsieur Guéant Wauquiez (misère…) vient de proposer dans sa grande générosité d’ « assouplir les règles », sans que celles-ci n’apparaissent autrement, au commun des mortels doté d’un cerveau plus habituel, que comme un fonctionnement à la gueule du client. Tout le monde le dit, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas aussi. C’est fait. En ajoutant de surcroît, persistant et signant, au risque de me répéter, exprès, qu’il y a une totale incohérence d’ensemble dans la politique de la France en matière d’organisation, de transmission et d’appropriation des savoirs, ainsi que de leur insertion dans notre tissu industriel, économique, politique, médiatique, et tout et tout. Point barre. Pour ce qui me concerne, le sujet est clos. A vous la parole… J’aimerais ainsi que les principaux concernés s’expriment, s’il y en a qui me lisent… S’ils ont le temps !

NB. J’ai oublié d’évoquer ici tout ce qui fait que la France est France, par le rayonnement notamment qu’elle a pu obtenir dans le monde grâce aux étudiants étrangers qui ont eu la chance à une époque plus favorable de faire leurs études en France, et qui ont pu transmettre leur savoir à l’étranger…  Ce dont leurs pays d’origine, ou ceux dans lesquels ils ont choisi de s’installer, n’ont pu que bénéficier… Mais ça, c’est un autre monde, une autre époque, à laquelle manifestement la droite dure qui nous gouverne a décidé de mettre fin. C’est plus que regrettable : affligeant. Ils n’ont rien compris…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mister Gdec 134609 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte