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Le paradoxe du gauchisme

Publié le 05 janvier 2012 par Variae

Il était tôt le matin. J’ouvrais sans trop y penser Facebook pour parcourir d’un œil distrait les nouvelles du jour. Quand je fus littéralement saisi par ce statut d’un ami visiblement bien remonté pour 2012 : « Voter Socialiste, c’est voter pour le Front de Gauche ».

Le paradoxe du gauchisme

Puis un peu plus loin, dans la discussion enflammée qui s’ensuit : « Voter Hollande, c’est voter Sarkozy ». Référence probable à la dernière sortie de Jean-Luc Mélenchon, appelant à lui le vote des vrais socialistes. C’est logique : si la vraie gauche, c’est Mélenchon, alors tout ce qui est moins à gauche que lui n’est pas de gauche, donc est de droite.

La discussion continue et s’échauffe. Sarkozy et Le Pen, c’est kif kif, alors finalement, voter Sarkozy, c’est voter Le Pen. Donc voter Hollande, c’est voter Le Pen, puisque c’est comme voter Sarkozy. Ben oui : le sarkozysme est transitif.

Mais imaginons qu’un camarade non unitaire du NPA surgisse alors. « Eh oh les amis, pas si vite ! Méluche, on sait bien qu’il est vendu aux socialistes, il essaie de nous rallier à eux avec ses mains tendues … voter Mélenchon c’est voter Hollande, il deviendra ministre de Hollande. »

Donc voter Mélenchon, c’est voter Hollande, donc Sarkozy, donc Le Pen (vous suivez toujours ?).

Et vous ne me ferez pas croire que l’on ne peut pas faire venir témoigner à la barre un dur de chez dur, un radical de Lutte Ouvrière, qui expliquera que voter pour le NPA, c’est voter pour un parti de rigolos qui ne remet pas vraiment en cause le système et qui sert de sas entre la vraie radicalité et les crypto socialistes comme Mélenchon. Bref, voter Poutou, c’est voter Mélenchon, et c’est même donc voter Le Pen (vous avez compris).

On peut ainsi, par cette belle régression potentiellement infinie, toujours montrer que voter à gauche, c’est voter à droite. Une gauche qui se définit par dénigrement d’une autre gauche est toujours la droite de quelqu’un. Démonstration par ailleurs parfaitement inversable (« voter Sarkozy c’est voter Hollande », vous dira un militant FN).

Conclusions ? Déjà, qu’il serait peut-être bon d’arrêter de se payer de mots. Ensuite, que chacun devrait balayer devant sa porte. Car les militants susceptibles d’employer ce genre d’arguments sont les mêmes qui conspuent par ailleurs celui du « vote utile ». Or ces deux arguments ont exactement la même structure : affirmer que voter pour untel, c’est en fait voter pour son pire adversaire (« toute voix qui se perdra sur Mélenchon sera une voix pour Sarkozy … voter Mélenchon c’est voter inutile, c’est voter Sarkozy »).

Un partout, balle au centre. Heu, à gauche, pardon. Vraiment à gauche.

Romain Pigenel


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