Magazine Beaux Arts

Les Neiges du Kilimandjaro (2/2)

Publié le 06 janvier 2012 par Sheumas

 

   Et puis la vie reprend pour le couple dans cette nouvelle retraite qui prépare « le grand voyage ». Mais un soir, violent changement de cap avant l’Afrique. Attaque à main armée au domicile, opération de rapine, et « le trésor », les cartes bleues sont raflés. Déraillés, les anciens dockers se retrouvent ébahis, dépassés par ce geste lâche qui a forcément été commis par l’un des « témoins de la fête ».

   Et de fait, Michel remonte facilement à la source lorsqu’il surprend dans un bus deux enfants occupés à lire le magazine de « Strange » qu’en clin d’œil à sa passion d’adolescence, son ami d’enfance lui avait offert en même temps que le coffre. L’agresseur est aussitôt arrêté, condamné, et Michel et les autres satisfont ainsi la soif de vengeance du clan... Mais parallèlement, ces anciens syndicalistes au grand cœur, ces jeunes idéalistes militants (qui se sont retrouvés du jour au lendemain comme le dit Marie-Claire « vieux et retraités »), constatent qu’en punissant le coupable, ils ont aussi atteint au cœur un foyer en déroute, et notamment les deux jeunes frères de leur agresseur. Ces derniers n’ont ni père, ni mère pour s’occuper d’eux. Avant le drame, c’était le grand frère qui tâchait de les élever comme il le pouvait, le grand frère victime comme Michel du tirage au sort et du licenciement...

   Alors, courageusement, chacun à sa manière, Michel et Marie-Claire font machine arrière sans rien dire à l’autre, et oeuvrent pour aider les deux enfants abandonnés. La scène finale a lieu sur la plage. Michel ne sait pas que Marie-Claire s’occupe plusieurs heures par semaine des enfants. Elle lui a dit qu’elle aidait une amie. Il la retrouve par hasard accompagné des deux gamins, un peu comme le marin des « Pauvres gens » qui trouve qu’il devrait demander à sa femme de bien vouloir élever les orphelins qui viennent de perdre leur mère. La dernière image indique clairement la référence : « ce film est inspiré du poème de Hugo »

L'homme prit un air grave, et, jetant dans un coin
Son bonnet de forçat mouillé par la tempête :
"Diable ! diable ! dit-il, en se grattant la tête,
Nous avions cinq enfants, cela va faire sept.
Déjà, dans la saison mauvaise, on se passait
De souper quelquefois. Comment allons-nous faire ?
Bah ! tant pis ! ce n'est pas ma faute, C'est l'affaire
Du bon Dieu. Ce sont là des accidents profonds.
Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons ?
C'est gros comme le poing. Ces choses-là sont rudes.
Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.
Si petits ! on ne peut leur dire : Travaillez.
Femme, va les chercher. S'ils se sont réveillés,
Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte.
C'est la mère, vois-tu, qui frappe à notre porte ;
Ouvrons aux deux enfants. Nous les mêlerons tous,
Cela nous grimpera le soir sur les genoux.
Ils vivront, ils seront frère et soeur des cinq autres.
Quand il verra qu'il faut nourrir avec les nôtres
Cette petite fille et ce petit garçon,
Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.
Moi, je boirai de l'eau, je ferai double tâche,
C'est dit. Va les chercher. Mais qu'as-tu ? Ça te fâche ?
D'ordinaire, tu cours plus vite que cela.
- Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, lès voilà!"


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