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interview with Cellfony CEO : le Square a la francaise

Publié le 10 janvier 2012 par Denisvacher
interview with Cellfony CEO : le Square a la francaise
Jean-Luc Leleu est CEO de Cellfony , entreprise qui se lance sur une version de Square en phase avec le marché français et sa réglementation.
1) Bonjour jean-luc quel est votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière dans la Recherche et développement sur le programme de recherche esprit à l’époque chez telesysteme, puis j’ai évolué vers le business développement chez Sun Microsystems et ensuite  vers la création d’entreprise avec Enition, une solution de facturation de services pour les opérateurs. L’entreprise  a été financée entre autre par Cisco et Nokia, mais nous sommes arrivés trop tôt sur le marché.
2) Comment êtes-vous arrivé à créer Cellfony ?
Nous avons obtenu une subvention en tant que lauréat du concours de l’ANR-OSEO de création de jeune entreprise de technologie innovante. Cela  nous a permis de construire une solution disruptive  d’authentification sur mobile: à la fois, plus simple, plus souple et plus rapide pour l’utilisateur mais aussi beaucoup plus sécurisé que les solutions actuelles.  Cette solution n’a pas encore trouvé son marché, même si le premier pilote avec un opérateur mobile a été concluant.
De là nous avons décidé de faire un pivot vers une solution d’encaissement de carte de paiement sur Smartphone, comme le fait Square aux Etats-Unis.
La technologie et la plateforme mobile que nous avons construite est une bonne base pour adapter ce type d’offre dans l’écosystème du paiement Européen ou les contraintes de sécurité sont très fortes. Notamment, le paiement par carte requière l’utilisation d’une puce et la saisie du PIN contrairement aux US ou une piste magnétique et une signature sont suffisants.
Aujourd’hui, nous préparons le lancement de la solution.   Dans moins de trois mois, un service en beta sera disponible pour un nombre limité d’utilisateurs.
Au départ, notre marge sur la transaction sera assez faible. Nous pourrons l’augmenter très nettement des que la solution sera certifiée. C’est-à-dire lorsque nous pourrons la brancher directement sur les réseaux d’acquisitions de carte.
3) Quels sont les atouts de votre solution par rapport à Square ? à izettle ?
Nous permettons  la saisie du code PIN sur un simple smartphone alors que Square et iZettle  utilisent tous les deux la signature pour confirmer la transaction.  Jusqu’à présent, nous sommes les seuls, a priori, avec une technologie brevetée, à pouvoir obtenir le niveau de sécurité nécessaire pour opérer en France et dans certains pays Européen. C’est-à-dire,  obtenir  les certifications PCI PTS/EMV et les autorisations des réseaux européens d’acquisition de carte de paiement
Pour obtenir ces certifications aujourd’hui, il faut fabriquer un véritable terminal de paiement avec un clavier et un écran supplémentaire séparé du smartphone. C’est le type de solution disponible sur iPhone proposé par Ingenico dont le prix avoisine les 400€. Le cout d’un tel équipement est rédhibitoire pour adresser le marché de Square. Beaucoup plus couteux qu’un simple lecteur de carte à branché sur le smartphone avec notre solution.
Aujourd’hui, il n’y a pas d’autres solutions qui permettent une saisie du PIN sécurisée sur un simple smartphone sans clavier separé. Et en passant, il n’y a pas encore de solution de paiement sur mobile à l’épreuve des  malwares comme la nôtre. C’est le cœur de notre technologie et de nos brevets.
En Europe, l’avantage du PIN par rapport à la signature est incontestable. Plus sécurisée, plus pratique et surtout, c’est une habitude bien ancrée chez les  clients. L’adoption du PIN  en France et en Europe a été le fruit d’une longue éducation des utilisateurs. La plupart des banques et des acteurs de cette chaine de valeur ne sont pas prêts à revenir en arrière. Ils sont en majorité, réticents à autoriser la signature à la place du PIN sur les smartphones en Europe.
4) Comment voyez-vous votre arrivée face à des acteurs installés comme sont les fabricants de TPE ?
Nous visons un marché qu’ils n’adressent pas aujourd’hui. Le marché des gens qui n’ont pas de TPE mais qui voudraient profiter des bénéfices du paiement par carte. C’est-à-dire, avoir la garantie d’être payé (lorsque le PIN est saisi) et pas de chèques ou de liquide à aller déposer à la banque. Hors, ces personnes, ou ces entreprise individuels n’ont pas accès à ce service dans leur banque (ou difficilement) et  ne veulent pas louer +- 30€ par mois un terminal de paiement.
Nous ne faisons pas le même métier que Verifone ou Ingenico. Ils fabriquent et vendent des terminaux de paiments. Nous allons proposer un service qui permet de se servir de son smartphone pour encaisser un paiement par carte n’importe où ! et nous fournissons le lecteur gratuitement.  Il n’y a pas de compétition frontale.
5) Quelle est votre cible : les petits commerçants ? les vendeurs dans les grands magasins ? les particuliers ? les babysitters comme square aux US ?
Les babysitters sont un bon exemple de la cible de départ. Les gens qui veulent les avantages d’un paiement par carte sans les inconvénients. Les babysitters n’ont  de toute façon pas accès à un compte marchand dans leurs banques. Même si c’était possible, elles seraient certainement  réticentes à utiliser un terminal  de paiement Ingenico. Cela fait désordre dans un sac à main et la location est trop chère !!
Au-delà, des particuliers  « prosumers » comme les babysitters, nous visons certains commerçants ou très petits commerçants pour qui une solution classique reviendrait trop chère.
De la baraque à frite aux maraichers, des très petits transporteurs aux chauffeurs de taxi, mais aussi toutes les professions d’assistance à la personne : de la femme de ménage, au masseur, jusqu’à  l’aide-soignante à domicile.  Cela peut-être une alternative par exemple aux chèques-emplois très couteux à gérer.
Nous visons au départ  principalement le marché des auto-entrepreneurs et des professions libérales qui veulent  à la fois des paiements garantis et ne plus avoir à gérer des chèques et du liquide. Ils existent aussi certains commerçants qui  n’ont pas de TPE et qui privilégient au contraire d’autres moyens de paiement. Ils veulent  néanmoins avoir la possibilité d’encaisser une carte pour ne pas perdre une vente.
Ce marché est estimé à environ 5% de l’ensemble du marché des paiements par carte. En Europe, Il n’existe aujourd’hui qu’une seule solution qui n’est  disponible qu’en suède, celle d’iZettle.
Pour la suite nous réfléchissons aussi  à l’utilisation du service pour d’autres  solutions, comme le   « pas livré, pas payé ». Le compte du client sera débité au moment du retrait du colis. Seulement si, la carte utilisée pour  l’achat sur le site web est lue par le smartphone et que le PIN est vérifié.  Comme pour le retrait des billets dans les bornes SNCF. Une solution de « livraison non répudiable » qui pourrait éviter le cauchemar de la gestion des livraisons en mode  « pas livré/pas payé ».
En passant, cela peut-être un relais de croissance intéressant pour des sociétés comme Kiala, qui pourraient proposer ce service aux marchands online.
6) Quid de l'offensive de paypal sur le paiement en boutique ?
Payer avec son compte ou une carte Paypal dans une boutique, C’est une stratégie très intéressante pour attaquer le commerce physique.  D’autre part, l’approche de Paypal est très pragmatique et intéressante sur le NFC. Cette offensive, par contre vise les plus gros marchands qui doivent adapter leurs terminaux. Il n’y a pas de frictions concurrentielles avec nous, d’ailleurs nous avons déjà été contactés par Paypal qui s’intéresse à ce que nous voulons faire.
8) Que pensez-vous des solutions de type ShopKick ?
C’est une approche intéressante du couponing sur mobile. Je viens de voir l’apparition de Shopmium financé par Accel et ISAI qui prend position sur ce marché. Il y aura surement à terme des synergies possibles pour nous avec ce type d’acteurs.  Nous proposerons probablement des APIS pour des applications smartphones permettant d’encaisser un paiement carte, de vérifier une carte et son PIN, etc. De nouvelle possibilités de lier une  carte de paiement aux coupons. Par exemple, un pas livré pas payé pour le couponing, mais cette fois-ci pour le marchand.
Aujourd’hui par contre, nous restons concentrer sur notre cible de départ, les particuliers « prosumer » et les petits marchands.
Pour en savoir plus [email protected]
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