Toc, toc, toc, mais qui est là?

Ne nous le cachons pas, on a tous des TOC.
Et je dis pas ça pour me sentir moins seule.
Je le sais, on a tous en nous une obsession suprême, un grain de riz pas cuit, un neurone qui tourne pas rond et qui nous pousse à faire des choses improbables.
Le genre de chose qu'on pourrait qualifier de TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif), parce que ça passe vachement bien en société et parce qu'on connait un panel impressionnant de TOC grâce à "Confessions Intimes".
Qui ne connait pas Mr Gilles de la Tourette et son fameux "dans l'cul ! dans l'cul !"

J'en étais sûr, 1 mm de plus de ce côté là. Bon, ben faut tout refaire

Bon, moi je vous parle pas quand même de ces TOC là, eux c'est du high level.
Je vous parle tout simplement de ces petites obsessions quotidiennes et ses manies que chacun a et qui peuvent finir par vous pourrir la vie.
Qui n'a pas pesté contre soi-même à cause de cette manie de vérifier 50 fois que le gaz est bien fermé, que la lumière est bien éteinte et que le portefeuille est bien dans notre sac?! On ne sait jamais, mieux vaut être méfiant, d'ici à ce que le portefeuille décide de se faire la malle et de sortir du sac pour aller se dégourdir les jambes, hein. Non, je pense qu'il ne faut pas prendre de risque inutile, c'est plus prudent.
Déjà ado, de temps à autre, j'avais tendance à jouer à ce genre de jeu que tu qualifies toi-même de bidon mais que tu te sens obligée de suivre de peur de gâcher le restant de tes jours.
Je m'explique :
Y avait toujours un connard dans les parages pour te chauffer et te lancer à la rigolade :
"Si en marchant tu dépasses la ligne grise du trottoir, David il t'invitera pas à danser un slow à la boom de Manon".
Oh bordel, ce slow je l'avais déjà répété 12 fois avec Pépito (ma poupée préférée), alors il était hors de question que je prenne ce risque là. Le trottoir, je ne le dépasserai pas, un point c'est tout.

Deux jours à marcher comme un phoque, à faire en sorte que le pied gauche soit toujours posé en premier. Des fois fallait même faire un pas de géant ou un sur-saut pour tomber pile comme il faut.Bref, la galère.
Et cet enfoiré de David s'est jamais pointé à la boom.


Si je fais pas un double six, je mourrai mangée par mon poney un soir de pleine lune


Et évidemment ce genre de situation se reproduisait fréquemment.Et plus besoin que quelqu'un me lance sur un sujet, je me faisais mes petits challenges perso, quoi.
Le coup du "sur les passages cloûtés, il faut absolument que je marche que sur les bandes blanches" était un grand classique.Et si je respectais pas ça, tout allait s'effondrer autour de moi :

• Benoît va me quitter pour cette garce de Nelly qui a montré sa culotte à tous les mecs
• Madame Bouril va découvrir que j'ai pécho le devoir de maths sur minitel et va me diviser ma note par deux
• Héloise aura une jupe qui vole plus haut que la mienne quand tu tournes vite

Bref, un cauchemard.

Bon si je reste immobile à cloche pied pendant 666 minutes, les doigts croisés et le regard vers le plafond, ma boss mourra écrasée par un éléphant en Thaïlande et me laissera son siège molletonné tout confort

Au bout de quelques années, après m'être sûrement ridiculisée plus d'une fois et après avoir renvoyée 50 chaînes, je me suis rendue compte que :

• Je n'ai jamais gagné au loto, pas même 5 euros
• J'ai jamais rencontré le Roi du Pétrôle et ne suis toujours pas devenue Princesse d'Alaska
• Elite Modèle ne m'a jamais contacté, pas même pour faire du secrétariat
• Et même Ophélie Winter a eu une carrière plus fulgurante que la mienne

J'ai tout arrêté. Des presques années sans TOC, sans manie, sans croyance, sans chemise et sans pantalon.
"Presque" car la rechute me guette toujours du coin de l'oeil.
J'avoue avoir encore quelques séquelles. Notamment avec tout ce qui est pair et impair.
Je DETESTE les nombres impairs, je ne fais rien en impair, c'est maladif.
Quand je monte le son de mon autoradio ou de la télé, c'est toujours deux par deux. Je passe de 10 à 12 à 14 etc.... Mais JAMAIS tu ne verras le son sur 11 ou 13. Ca me file la nausée tout simplement.
Mais ne tinquiète pas, je me soigne, tout doucement... Tout doucement....