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Echos du Palet : comment expliquer la longévité de Fabrice Lhenry ?

Publié le 12 janvier 2012 par Guillemette
Echos du Palet : comment expliquer la longévité de Fabrice Lhenry ?Fabrice Lhenry, actuel portier de Rouen, a fêté ses 20 ans passés au sein des Bleus. Une longévité record pour un gardien tous sports collectifs français confondus. A 39 ans, l'international est le plus âgé à son poste en France, mais l'était également aux derniers Mondiaux de Slovaquie. A quoi tient cette longévité ? Réponses.

Guillemette Flamein : après votre blessure au tendon d'Achille en août 2008 à Rouen, vous êtes revenu à votre plus haut niveau et avez participé aux Mondiaux de Cologne de 2009. A quoi est due votre forme physique ?

Fabrice Lhenry : déjà, en plus de l'entretien physique, elle est due à une hygiène de vie que j'observe tous les jours. Lorsque j'étais à Mulhouse, nous étions suivis par un staff médical pointu et par une diétiticienne qui pratique la micro-nutrition. Je m'y suis beaucoup intéressé. J'ai appris depuis à manger différemment. Cela me permet de mieux récupérer et plus vite, d'éviter les problèmes tendineux.
Cela consiste à cuisiner beaucoup à la vapeur, à me nourrir de céréales, de légumineuses, à faire très attention aux aliments acidifiants car trop d'acidité provoque une mauvaise récupération. Je me prépare tous les jours un petit déjeuner spécial, à base de céréales, de fruits secs, de fruits frais. Quand je suis en déplacement, je m'adapte, mais ne mange pas n'importe quoi.
Quant à l'entretien physique, il est différent de celui d'un joueur de champ. Le haut du corps est très sollicité. Les bras et les mains doivent être rapides. Les abdos et le dos doivent être bien gainés. Il faut avoir de bonnes jambes, puissantes et rapides en même temps.
G. F. : pourquoi choisir un gardien de 39 ans au lieu d'un autre de 25 ans ?
F. L. : la différence est dans la vision du jeu. A 25 ans, on peut être techniquement très bon, voire meilleur que celui de 39 ans. On peut maîtriser tous les gestes. Mais la vision du jeu et comment anticiper les tirs, les situations, arrive bien plus tard, avec la maturité. Pour le mental, c'est autre chose car chaque gardien est une personne différente.
G. F : comment se forge-t-on un mental ?
F. L. : les jeunes me disent souvent qu'ils ont le trac face à de grosses équipes. Mais au contraire, c'est justement face à elles que tu t'amuses le plus. Car automatiquement, plus ton adversaire est fort, plus tu sais que tu seras sollicité et que ton rôle sera aussi très déterminant ! Et le propre du gardien, c'est d'arrêter le maximum de shoots ! Avec l'âge, on se met moins de pression. Sans être maniaque, j'ai pris des habitudes qui me permettent d'arriver tranquille à un match sans perdre d'énergie. L'énergie, j'en ai besoin pendant le match. La concentration pour un gardien est tellement importante pendant 60 minutes que ça ne sert à rien d'être concentré trois heures avant ! Car contrairement aux joueurs de champ qui retournent sur le banc, le gardien ne bouge pas de sa cage pendant toute la durée de la rencontre et ça change beaucoup de chose !
G. F : Antonin Manavian m'a dit que vous aviez un "style à l'ancienne". Comment a évolué votre technique de jeu ? Comment vous êtes-vous adapté ?
F. L. : quand j'ai commencé, on devait rester debout tout le temps et on arrêtait les tirs en bas avec l'intérieur du patin. Ensuite, il a fallu évoluer en style papillon. Il y a une dizaine d'années, j'ai dû apprendre à me mettre à genoux et à me déplacer ainsi. J'y suis arrivé à force de travailler et de répéter encore et encore ces gestes qui n'étaient pas du tout évidents pour moi.
G. F : quelle est la part de chance dans les arrêts ?
F. L. : ce que vous appelez la part de chance, ce sont les réflexes. Les réflexes s'acquièrent par la lecture du jeu, des situations et de la technique des joueurs que l'on a en face de nous. Il y a des joueurs vraiment faciles à lire. En fonction de la position de la crosse et de celle du corps, je sais comment ils vont tirer, où le shoot va arriver. Et puis, il y en a d'autres pour qui c'est plus difficile et qui, là, peuvent me surprendre.
G. F. : finalement la position de base n'a pas évolué...
F. L. : non, elle n'a pas évolué. C'est la technique d'arrêt qui a évolué. On joue simplement plus fléchi, on se déplace plus vite car le jeu va, lui aussi, plus vite tout comme la vitesse des shoots. Il y a moins de passes au 2e poteau, mais beaucoup plus de reprise de volées.
G. F. : comment définireriez-vous votre style ?
F. L. : j'attends vraiment le dernier moment pour me mettre en papillon car tant que tu es debout, tu peux encore te déplacer. Ce n'est pas la peine de te mettre à genoux si ta main est bien placée.
G. F. : chaque été, vous dirigez un stage pour gardiens à Briançon. Quels conseils prodiguez-vous aux jeunes ?
F. L. : je trouve qu'ils se mettent à genoux trop vite. Il faut être patient. Et plus on est petit, plus l'on doit jouer devant la cage et être bien sur le haut de sa zone. Pourquoi ? Parce que le joueur adverse a une vision de tir réduite, ce qui le perturbe bien pour tirer et parce que le gardien montre aussi qu'il n'est pas passif. Le gardien doit être agressif au sens où il doit aller vers l'attaquant et non attendre sagement que l'autre tire.

G. F. : on dit souvent que le gardien, quel que soit le sport collectif, est dans un monde à part. Pourquoi ? F. L. : être gardien, c'est faire un sport invididuel dans un sport collectif. Vous êtes seul face à vous-même, dans votre cage. Les systèmes de jeu ne vous concernent pas. Vous restez sur le terrain pendant 60 minutes, sans pouvoir vous relâcher une minute. Les entraîneurs, qui sont souvent des anciens attaquants, ne savent pas ce qu'un gardien ressent psychologiquement dans un match. Ils ne savent pas non plus corriger nos gestes.
Il n'y a qu'un autre gardien qui peut comprendre ce que vous ressentez. C'est pour cela que je parle beaucoup avec Sebastian Ylönen (2e gardien de Rouen), et que je discute beaucoup au téléphone avec Ronan Quemener (Grenoble) et Clément Fouquerel (Caen). Comme beaucoup de gardiens en France, j'ai appris tout seul en observant les pros encore et encore et en répétant encore aujourd'hui mes gestes des milliers de fois. Il y a un vrai besoin en France de formation de gardien.
crédit photo : Stéphanie Ouvry ;-)
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