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Perte du triple A, une catastrophe prévisible

Publié le 14 janvier 2012 par Jplegrand

La perte du triple A par la France vue par Paul Jorion

Je partage beaucoup de l'analyse et de la réaction de Paul Jorion que je publie intégralement ci-dessous, même si je ne suis pas forcément d'accord avec l'ensemble de sa conclusion. Pour ma part j'espère une radicalisation démocratique des peuples pour construire un nouveau système fondé sur le développement de chaque individu (voir mon article du 4 janvier sur ce blog)

14 janvier 2012 par Paul Jorion 

Catastrophe ou pas catastrophe, la perte par la France de son AAA, auprès de Standard & Poor’s  ?

– Catastrophe !

Catastrophe prévisible ou imprévisible ?

– Prévisible ! Hautement prévisible.

Pourquoi prévisible ? Parce que la finance était devenue au XXIe siècle un château de cartes, et qu’une fois donnée la pichenette des subprimes, le reste s’écroule automatiquement.

Parce que, voyez-vous, toute cette belle construction n’était prévue pour marcher que d’une seule manière : « excellemment ». L’homme étant « rationnel » au sens des économistes – entendez : cupide, misanthrope et sociopathe – le capitalisme était parfait, et son immortalité assurée n’était que l’une des multiples facettes de cette immense perfection.

Mauvais esprit !

– Oui, je sais (je viens de l’entendre dire encore à Lyon) : « Le capitalisme a récemment sorti un milliard d’êtres humains de la pauvreté »… à moins que, plutôt que le capitalisme, ce ne soit la mise à sac de la planète dans son stade final, … « Regardez l’efficacité de la Chine aujourd’hui… »… à moins que, plutôt que le capitalisme, ce ne soit le temps de réponse très court propre aux régimes autoritaires, « Les trains roulaient à l’heure sous Mussolini ! » (je sais, ce n’est qu’une légende !)

La perte du AAA, ce sont des taux plus élevés exigés par le marché des capitaux lors de l’émission de dette souveraine, autrement dit quand les États empruntent. Pourquoi ? Parce que la part « prime de risque » augmente au sein du taux exigé. Ce qui ne serait pas encore trop grave si n’était intervenue l’invention géniale – je l’ai écrit l’autre jour dans Le Monde, mais je le répète, en insistant – l’invention géniale, du pacte financier européen, qu’on appelle aussi « règle d’or » quand on ajoute encore au génie en l’inscrivant dans sa constitution.

Qu’exige le pacte de stabilité ? Que le taux de croissance de la nation soit supérieur au taux moyen (oui, je sais : en réalité pondéré par le calcul de la duration) auquel un État emprunte. Donc un pays qui emprunte à du 2% doit avoir une croissance supérieure à 2%, à 3%, supérieure à 3%… à 7%, supérieure à 7%…

– Euh… comment on fait dans ces cas-là ?

Eh bien on travaille davantage, bande de feignants (il y en a vraiment qui ne comprendront jamais rien et à qui il faut tout expliquer !)

Sans compter les petits camarades à qui on avait juré – croix de bois, croix de fer ! – qu’on ne les laisserait jamais tomber – plus solidaire que moi, tu meurs ! – et qui, constatant votre pâleur soudaine, se demandent si ce n’est pas vous maintenant qui allez devenir un poids supplémentaire, plutôt que le Chevalier Blanc promis initialement à grand renfort de sonneries de trompettes.

La solution : comparer les dépenses des États à leurs recettes au lieu de les comparer au PIB ou à la hauteur de la Tour Eiffel. Réduire les dépenses mais pas celles qui font que les perdants du système arrivent à trouver quand même supportable la vie qui leur est faite. Augmenter les recettes, en supprimant dans un premier temps les cadeaux faits aux riches parce qu’ils sont un exemple à suivre pour tout le monde (comme le prouve suffisamment leur Rolex à 50 ans), et en leur demandant de mettre la main à la poche s’ils veulent encore sauver le système qui les a rendus si riches. Parce que le château de cartes qui s’écroule en ce moment, après tout, c’est bien eux qui l’ont voulu, c’est bien eux qui l’ont bâti.


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