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Mon traître

Publié le 15 janvier 2012 par Auroretaupin

Mon traître

Avec la sortie du nouvel opus de Sorj Chalandon qui avait l'air fort alléchant, les conditions semblaient propices pour se lancer enfin dans le premier de ses romans sur l'IRA : Mon traître.

L'auteur nous fait suivre Antoine, jeune luthier parisien, devenu passionné par l'Irlande à la suite d'un voyage qui l'a laissé amoureux de la contrée. Pas seulement pour ses beaux paysages mais aussi et surtout du fait des gens qu'il y rencontre : Jim O'Leary, sa femme Cathy, Tyrone Leehan, et tous les autres membres de l'IRA qu'il croise au hasard des pubs. Il découvre peu à peu leur engagement dans le combat républicain, les sacrifices que celui-ci implique, la difficulté de la vie quotidienne dans les quartiers catholiques de Belfast mais aussi la joie de vivre irlandaise et cet accent incompréhensible qui le fait chavirer.

Antoine s'éprend amicalement du charismatique Tyrone Leehan, dont on sait d'emblée qu'il est "son" traître, celui qui a trahi l'IRA secrètement pendant plus de 20 ans. L'amitié des deux hommes se noue au fil des visites d'Antoine à Belfast, au fur et à mesure de son implication dans ce qu'il croit être le combat de Tyrone. En parallèle de cette amitié, Sorj Chalandon distille les grands faits de l'histoire de l'IRA, de la grève de la faim de Bobby Sands à la mort de Connolly, nous donnant un excellent aperçu du contexte irlandais de ces années-là.

Sorj Chalandon ne répond volontairement pas à la question qui tarabuste le lecteur ni le héros : pourquoi Tyrone Meehan a-t-il trahi, nous laissant nous imaginer les raisons qui pouvaient être les siennes. Pourtant on sent la profonde réflexion de l'auteur sur le sujet, depuis les petites lâchetés du quotidien jusqu'à la trahision des grandes causes.

"Il a dit qu'un bon traitre était un homme heureux, choyé, considéré par ses nouveaux maîtres. Qu'il avait besoin de reconnaissance et qu'on lui en donnait. Il a dit qu'un bon traître ne pouvait pas haïr l'autre camp. Qu'on ne pouvait le tenir ni par la force ni par le chantage. Que le chantage et la force le rendaient volatil, versatile, fragile et sans valeur pour l'ennemi"

L'activité professionnelle d'Antoine ajoute de la poésie au livre, décrivant ce véritable art qu'est celui du luthier dans des pages pleines de précision et de musique. Cette poésie permet d'adoucir le constat brutal de la trahison de Tyrone pour le héros, préoccupé principalement de savoir si Tyrone lui mentait également sur l'affection qu'il lui portait. Ces alternances de poésie et de noirceur en font un roman très mélancolique et tout à fait prenant, qu'on dévore en deux jours, content de savoir qu'il y a un second tome qui nous attend.

Mon traître de Sorj Chalandon

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