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Capitaine courage

Publié le 17 janvier 2012 par Malesherbes

Nous avons été suffisamment adroits pour porter à la tête de notre État un capitaine, terreur des tempêtes.  Qui d’autre pourrait mieux affronter le gros temps qui a déjà commencé à nous menacer ? Quel homme courageux, intrépide, bondissant, toujours en action !


Il y a quelques mois, il s’est aperçu de ce que d’autres pays n’avaient pas eu notre chance et disposaient de pilotes beaucoup moins aguerris que notre merveilleux timonier. Il s’est donc mis en tête de faire adopter par tous les pays de l’Union européenne une règle d’or destinée à juguler les déficits.


Malheureusement, lorsque l’on est sans cesse de quart à la barre, on n’a guère le temps de se préoccuper des lois existantes. S’il avait eu le loisir de le faire, il aurait remarqué que, depuis le traité de Maastricht, c’est-à-dire depuis presque vingt ans, oui, oui, vingt ans, pas cinq, pas dix, non vingt ans, quatre quinquennats, la loi imposait à tous les États de notre Union, pas seulement à ceux qui sont membres de la zone euro, de maintenir leur déficit inférieur à 3%  de leur PIB et leur dette inférieure à 60% de ce même PIB.


En examinant les statistiques européennes, il aurait pu constater que les sanctions promises en cas de transgression de cette règle d’or n’avaient jamais été appliquées et que la France, tout comme la si vertueuse Allemagne n’avaient pas été les dernières à bénéficier de la mansuétude des institutions européennes. Comme quoi, ce qui importe, ce n’est pas tant de faire voter des lois nouvelles que  d’appliquer les lois existantes.


Mais, sur la base du pourcentage de notre produit national brut qu’il faudrait consommer pour rembourser la dette,  admirons donc le palmarès de Nicolas le Navigateur.

- En 1997, Alain Juppé, le meilleur d’entre nous, a cédé à Lionel Jospin les rênes d’un pays où le ratio cité ci-dessus tutoyait déjà les 60% fatidiques avec 59,5%. Sous cette législature, il a oscillé entre 57,1 et 59,6% et en 2002, année du retour aux affaires de notre droite sécuritaire, il s’élevait à 59,1%.


- Sous la législature suivante, Jean-Pierre Raffarin puis Dominique de Villepin s’affranchissaient allègrement de ces contraintes et, dès 2003, passaient la haie maudite avec un score de 63,3 pour se limiter à 64,2 en 2007, après un léger pic à 66,8 en 2005.


- Enfin, Capitaine courage, flanqué de son collaborateur François Fillon, vint : 68,2 en 2008, 79 en 2009 et, youppie !, 82,3% en 2010, soit dix-huit points de plus que lors de son accession à la magistrature suprême.


Et ce sont ces incapables qui viennent donner des leçons à la terre entière, qui veulent gérer la France comme une entreprise ! Si c’était le cas, il y a au moins trois ans qu’ils auraient été virés !  


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