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Bilan 2011 : tous révoltés face à la corruption de l’État

Publié le 19 janvier 2012 par Copeau @Contrepoints

De par le monde, 2011 a été l’année de la colère face à la corruption de l’État. 2012 sera peut-être l’année où les oligarchies au pouvoir seront démocratiquement fragilisées.

Par Alex Korbel

Bilan 2011 : tous révoltés face à la corruption de l’État
Le mercredi 4 janvier 2012 aura été le premier anniversaire du suicide d’un vendeur de fruits tunisien appelé Mohamed Bouazizi. Son décès a inspiré une série d’évènements qui seraient bientôt baptisés « Printemps Arabe ».

À l’époque, ces actes de protestation ont été décrits comme ayant des motifs principalement politiques. Mais dans un récent article pour le magazine Foreign Policy, l’économiste Hernando de Soto a fait remarquer que ces mouvements mettaient également en avant un ensemble très précis de revendications économiques.

Mohamed Bouazizi était avant tout un entrepreneur incapable de faire son métier en raison de l’irrespect des droits de propriété en Tunisie. Il était ainsi constamment en conflit avec les titulaires de charges publiques et les policiers locaux qui, eux, gagnaient leur vie en verbalisant et en exigeant des pots de vin. Le 17 décembre 2010, des policiers ont saisi l’intégralité de son stock de fruits, détruisant ainsi son entreprise. Le vendeur de rue se dirigea alors vers les bureaux de l’autorité locale et s’immola devant le bâtiment.

Des millions d’arabes se sont identifiés à Mohamed Bouazizi : comme lui, ils vivent au quotidien la corruption des autorités de leur pays. Dans les mois qui suivirent, la colère face à la corruption apparaît comme l’unique thème qui a réuni l’ensemble des mouvements de protestation à travers le monde arabe, que celle-ci prenne pour cible la fortune des Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi. Les tunisiens francophones sophistiqués et les paysans analphabètes égyptiens ne sont pas d’accord sur ce que devrait être un régime politique idéal mais tous ressentent que ni le racket quotidien des autorités locales envers la société civile ni le détournement de fonds publics vers des individus proches du pouvoir n’y ont leur place.

L’année 2011 a montré qu’ils ne sont pas les seuls.

Des Tea Party aux Indignés, de Occupy Wall Street aux révoltés indiens de Hazare, des campagnes locales au Brésil aux insurgés chinois de Wukan, des mouvements de contribuables en Grèce aux manifestants de Moscou, le thème de la corruption est le plus petit dénominateur commun de tous les mouvements de protestation qui ont surgi depuis lors.

Bien que les deux dernières manifestations moscovites aient eu lieu à la suite des élections parlementaires truquées, les bases du mouvement sont plus anciennes et le bloggeur Alexeï Navalny n’y est pas étranger.

Alexeï Navalny anime un site Internet documentant la corruption locale en Russie et publie des photos d’infrastructures publiques délabrées. Il analyse aussi les activités des plus grandes entreprises de mèche avec le pouvoir. Il conseille ses lecteurs dans leurs démarches juridiques au niveau local. Son travail de recherche et de conseil, ainsi que sa transparence quant à l’origine de ses fonds, lui ont donné une crédibilité que les dirigeants politiques russes n’ont plus. Le résultat ? Aujourd’hui en Russie, il devient acceptable de critiquer le Kremlin.

En Inde, Anna Hazare, un militant non-violent de 74 ans à la tête d’un important mouvement social, a utilisé la désobéissance civile et la grève de la faim pour forcer le parlement indien à voter une loi anti-corruption cette année.

La multiplication de ces mouvements de protestation n’est pas un hasard.

Au-delà de la donnée démographique, l’information se diffuse plus vite qu’hier et ce d’une multitude de façons. Partout dans le monde, la possession d’un téléphone mobile se répand parmi les plus pauvres, les classes moyennes ont accès à Internet, tous ont la télévision par satellite et les frontières sont ouvertes aux flux de travailleurs, de réfugiés et de touristes. Les personnes se tiennent davantage informées de l’action des dirigeants politiques, peuvent discuter plus facilement de la corruption à laquelle elles sont confrontées et des meilleures façons de la combattre. Et elles le font en plus grand nombre, de plus en plus souvent.

2012 sera une année électorale. Cinquante-neuf États – soit un tiers des 193 États que compte le monde – organiseront des scrutins locaux, régionaux ou nationaux cette année. Vingt-six d’entre eux sont susceptibles de déboucher sur un changement de leadership national. Ensemble, ces changements pourraient affecter 53% de la population mondiale, représentant la moitié du PIB de la planète. Beaucoup de ces changements pourraient avoir lieu au sein des pays les plus puissants du monde : aux États-Unis, en Russie, en France, en Chine (dans une moindre mesure), au Mexique, au Venezuela, en Egypte, à Taiwan et au Kenya pour n’en citer que quelques-uns.

2011 a été l’année de la colère face à la corruption de l’État. 2012 sera peut-être l’année où les oligarchies au pouvoir seront démocratiquement fragilisées.

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Texte originellement publié le 9 janvier 2011 sur 24hGold


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