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Les dessous d’un sommet social

Publié le 19 janvier 2012 par Vogelsong @Vogelsong

“Pauvres laborieux ou infirmes, c’est toujours votre lutte contre ceux qui disent encore: “Travaillez beaucoup pour vivre très mal.” G. Sand

 Les us et coutumes de la République sont tels. Le président convoque les partenaires sociaux, pour donner une impulsion à la politique économique du pays. Qui va très mal, soit dit en passant.

Les dessous d’un sommet socialLes us et coutumes de la République sont tels. On singe le consensus, le dialogue entre partenaires. Eric Hazan l’a démontré dans son ouvrage LQR. Il ne faut pas croire ce que l’on entend, ce que l’on dit. Ce n’est pas parce qu’un chambellan baptise une rencontre en associant deux mots “sommets” et “social” que l’affaire est entendue. En d’autres termes qu’il s’agit d’une étape cruciale dans la vie du pays et qui plus est, dans le segment de communication politique que l’on nomme vulgairement aujourd’hui le “social”.

Ce n’est donc pas, parce que les journalistes rabâchent au premier degré (car ils y croient) le vocable de “sommet social” que l’évènement a du sens. La portée de ce type de rencontre tient à l’importance qu’on lui donne. Au sérieux qu’on lui porte. Qui peut croire aujourd’hui qu’une telle pantomime puisse produire un quelconque effet sur la cohésion nationale ?

La perte de légitimité de toute la sarabande d’egocentriques participant au “sommet social” est aux limites de la crédibilité. On fait mine de donner une vraisemblance à la représentation, en oubliant le niveau de désynchronisation entre les officiels et la base. La pièce qui se joue sous les lambris du château participe à la mise en place d’une stratégie de légitimation qui perdure mais s’essouffle. Que viennent quémander les représentants syndicaux, dont la fonction première consiste à garantir les droits des travailleurs, du plus grand nombre ?

Alors qu’il y a juste un an, ils ont failli dans la mère des batailles sur l’acquis de 1981, la retraite à 60 ans. Que viennent quémander les patrons des centrales syndicales à un pouvoir qui, trois jours avant le rendez-vous fait donner ses voltigeurs (Luc Châtel et Gérard Longuet) en remettant en question de la 5e semaine de congés payés ?

Pourquoi se rendre à une pantalonnade “sociale” sinon pour y trouver une (autre) légitimité, non pas des travailleurs (qui ont fui depuis belle lurette) mais du pouvoir ? Qui peut penser sérieusement que les représentants du patronat vont trouver des solutions à l’agonie de l’économie française ? Et dont la seule et unique obsession se trouve concentré dans le terme valise de “compétitivité”. La plus grande escroquerie économique et sémantique de cette crise.

Sous les joyeux auspices de la concurrence on peut tenir à la fois le discours des rémunérations mirobolantes pour les capitaines d’industrie sous peines de la voir passer à l’ennemi, et prôner (en même) la modération salariale sous peine de contempler tristement les délocalisations inéluctables. Un paradoxe qui ne trouble apparemment personne…

Qu’un gouvernement, enfin, en dessous d’à peu près tout en ce qui concerne les affaires et la gestion de l’Etat, puisse encore, juché sur ses ergots faire comme si tout était sous contrôle. Faire comme si en ne changeant fondamentalement rien, on aller changer le cours des choses. En d’autres termes en fixant comme horizon connu l’austérité pour des impératifs de compétitivité.

La mise en place d’une TVA dite sociale, entre pleinement dans ce théâtre d’ombres, où tout n’est que concepts, adjonction de termes, oxymorons, pour vendre du mieux que l’on peut, une marchandise frelaté à un consommateur de politique qui au fond de lui n’y croit plus. Ce gouvernement qui organise des réunions factices, dont s’amuse la galerie, n’a qu’une seule préoccupation : préserver ce qui lui reste de chance de se perpétuer par les urnes. En misant sur la lassitude, la démotivation.

Vogelsong – 18 janvier 2012 – Paris


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