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Dans la nuit la liberté nous écoute – Maximilien Le Roy d’après le récit d’Albert Clavier

Publié le 22 janvier 2012 par Malaurie @jfbib

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« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Article 35, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1793.
L’auteur Maximilien Le Roy explique comment tout a commencé par un livre : celui d’Albert Clavier intitulé De l’Indochine au Vietnam libre. Après sa lecture Maximilien Le Roy est allez rencontrer Albert Clavier et lui a exposé son projet. Faire une biographie de son engagement humain au Vietnam.
Albert Clavier est un jeune homme de 18 ans en 1945. Issu d’une famille pauvre des abords de Grenoble, il s’engage dans l’armée coloniale au sortir de la Guerre en 1947. Fier des idéaux républicains acquis sur les bancs de la communale et de l’engagement communiste de son frère aîné qui a œuvré pour la Résistance et fut déporté par les Allemands, il reste confiant de la volonté civilisatrice de la France dans les colonies. Ce qu'il va découvrir va le plonger dans une perplexité sans fond. Tiraillé par son amour pour la patrie et sa devise, se sentant trahi par le comportement de ses compagnons d’armes, comprenant que les Vietnamiens combattent un envahisseur et luttent pour leur liberté et leur indépendance, découvrant les atrocités commises par l’armée française, qui lui rappellent celles que commettait la Wehrmacht quelques années auparavant Albert Clavier n’a d’autres choix que de rejoindre le Vietminh et ses combattants parmi lesquels il trouvera amitié et réconfort et surtout la reconnaissance des valeurs républicaines et humanistes qu’il pensait défendre en s’engageant dans l’armée française.
Cette défection, cette trahison lui vaudra une condamnation à mort et un exil de plus de 21 ans.
Maximilien Le Roy réussit, dans ce portrait à mettre en avant les valeurs défendues par Albert Clavier. Ce livre offre aussi de matière à réfléchir : ce qui est nécessaire et indispensable, surtout lorsque l’on choisit de défendre non pas une cause futile (un drapeau, un pays, une ethnie, une religion…) mais des idées (celles par exemple de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen). Ainsi un soldat peut-il ne faire qu'obéir aveuglément à ces chefs ? Le parcours d'Albert Clavier montre que lorsqu'on est un être pensant on peut être amené à s'engager contre l'armée de son propre pays. La défense de ces valeurs (liberté, égalité, fraternité, droit des peuples à disposer d'eux même...) peut transcender l'engagement patriotique. Maximilien Le Roy montre dans cet ouvrage un talent de conteur et une belle capacité à s'engager pour des causes difficiles.
« Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ? »
Maurice Druon – Joseph Kessel, Le chant des partisans, 1943.

L'éditeur  Le Lombard. Un beau billet de Sullivan.


Dans la nuit la liberté nous écoute

Maximilien Le Roy d’après le récit d’Albert Clavier, Le Lombard, 2011 – 24,95 €.


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