De la fermeture de Megaupload...

L

a fermeture par le FBI de Megaupload la semaine dernière a eu l'effet d'une bombe. Pas un média, tout support confondu, n'a pu se retenir d'en parler. Même nos politiques, tout bord confondu, Président de la République en tête, se sont sentis obligés de commenter l'évènement, c'est dire.

Dans pas mal de cas, on nous essaye de nous expliquer que la mise à bas du site de téléchargement direct le plus populaire du monde marque la victoire de la lutte contre le piratage. Pourtant, et bien au-delà des représailles attribuées aux Anonymous, je pense que c'est loin d'être le cas. En fait, j'aurais même tendance à penser que c'était une erreur...

D'abord, parce que l'énorme publicité faite autour de cette fermeture est en train de se retourner contre ses instigateurs. D'une part, elle va dans le sens de ceux qui dénonce l'inutilité pratique de lois qu'on essaye de nous fourguer plus ou moins en douce à l'échelle mondiale, et donc leurs buts liberticides à peine voilés. Car si faire la peau au piratage de contenu, comme on nous le présente, ne nécessite que la saisie d'une poignée de nom de domaines et l'arrestation d'une demie-douzaine d'individus, et que tout ceci a été possible sans les ACTA, PIPA et autres SOPA, il convient de s'interroger très fort sur le véritable pourquoi de ces initiatives...
D'autre part, le fait que le caractère expéditif de cette fermeture qui a été prononcée sans autre forme de jugement, est considéré par beaucoup comme un déni de la présomption d'innocence des personnes interpellées d'une part, mais également des utilisateurs du services d'autre part . D'autant qu'un nombre non négligeable de ces derniers n'y avaient pas recours à des fins illégales. Ce qui ne fait que renforcer la grogne contre les lobbies des médias, offrir une tribune de choix aux associations qui luttent contre le filtrage du net et rallier plus de gens à la protestation active.

Ensuite, l'absence d'offre légale à la hauteur des attentes de l'internaute moyen ne permet pas de combler le vide laissé par Megaupload en attirant les utilisateurs. Et de fait, ce sont d'autres technologies et/ou acteurs qui le comblent. Ce n'est pas un problème nouveau, mais on ne peut que constater l'immobilisme de l'industrie en la matière. Ou plutôt son entêtement à vouloir nous proposer, à des prix parfois prohibitifs mais jamais concurrentiels, des contenus souvent dépassés sur des services à l'ergonomie catastrophique...
Car nul besoin d'un QI au dessus de la moyenne pour comprendre qu'il est plus facile pour les majors de s'offrir les services que quelques lobbyistes dont l'action aboutira, en plus de porter toujours un peu plus atteinte à la neutralité des réseaux, à faire peser les coûts d'une lutte stérile sur la société et à constamment invoquer d'autre part la prétendue faiblesse de l'arsenal juridique en cas d'échec... Plutôt que de remettre en question un business model obsolètes et investir en conséquence...

Aussi, il ne faut pas s'étonner que les réseaux commencent déjà à se remettre des impressionnantes chutes de trafic constatées çà et là du fait, principalement, d'un report progressif d'activité sur le peer2peer. Pas plus qu'il n'était besoin d'être sorti de la cuisse de Jupiter pour le prédire...