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Mais a quoi servent les ars?

Publié le 27 janvier 2012 par Santelog @santelog

Les Agences régionales de santé ont reçu par la loi HPST mission de gérer en région la médecine de ville, l’hôpital et le médico-social.

Ce sont des institutions dont le principe constitutif est évidemment louable et que nous soutenons et c’est aussi pourquoi il est nécessaire de s’interroger aujourd’hui.

Fortes de beaucoup de pouvoirs, elles étaient légitimement attendues pour analyser et résoudre les problèmes récurrents du système de santé du triple point de vue des patients, des professionnels et des finances publiques.

Deux ans après leur création, qu’en est-il ?

Alors que les ARS devaient organiser la permanence des soins et réduire le recours systématique aux urgences des hôpitaux, leurs actions désorganisent la permanence des soins ambulatoires.

Réduction des enveloppes budgétaires préexistantes, suppression ou regroupement de secteurs de garde, et au final ce message répété « en cas de besoin, allez directement à l’hôpital !».

Alors que les ARS ont en charge la démographie et doivent apporter des réponses face à la progression des déserts médicaux, pas une initiative ne surgit, rien de novateur et les professionnels volontaires et décidés reçoivent partout la même réponse qui consiste en substance à déplorer le manque d’enveloppe financière disponible.

Alors que les ARS sont au cœur de la gradation des soins, les décloisonnements ville-hôpital pour éviter les hospitalisations sont surtout des initiatives hospitalières qui ont pour objet l’optimisation des taux d’occupation des lits, objectif certes louable mais non suffisant.

Alors que les ARS sont l’interlocuteur obligé des professionnels qui s’engagent dans les coopérations et les mises en oeuvre de protocoles pluridisciplinaires, c’est le vide sidéral quand ce n’est pas l’opposition systématique. Les coopérations, clé de voûte de l’organisation de la médecine de ville de demain, sont pour l’essentiel aujourd’hui exclusivement développées par l’hôpital pour optimiser la gestion de ses ressources humaines.

Certes les ARS ont eu à réunir des équipes de culture et de statuts différents, réorganiser des parcs immobilier, se lancer dans la rédaction des SROS, PRS et autres CPOM.

Pour autant, plus que sur des cartes séduisantes a priori, c’est sur le terrain que les professionnels attendent des réponses.

Certes les ARS ne sont pas aidées par l’assurance-maladie, pourtant partenaire de premier choix, qui utilise toutes les ficelles pour ne pas les voir réussir là où elle a échouée comme en attestent les diverses conventions nationales qui ont amplifié les échecs sans apporter de solutions.

Certes les ARS manquent de moyens financiers, surtout quand les réseaux dont l’IGAS et la Cour des comptes ont montré le peu d’efficacité, après avoir trusté au fil des FAQSV, DRDR, FIQSV la totalité des sommes considérables disponibles, conservent pour l’essentiel leurs dotations budgétaires. Ce qui prive les ARS et les porteurs de projets novateurs de tout moyen. Et on n’entend pas les ARS demander un soutien pour les actuels projets brillants et novateurs qui sont bloqués par manque de crédits.

A quelques notables exceptions près que nous saluons, aujourd’hui le bilan des ARS est mitigé pour ce qui concerne les soins ambulatoires.

Les complémentaires santé ont, comme nous, perçu ce vide et se proposent de devenir les régulateurs de la médecine de ville. Il est important de souligner que ce positionnement ne relève ni d’un sens du sacrifice ni d’humanisme. D’autant que leurs actions se limitent et se limiteront à modifier les flux financiers avec comme règle d’or : « sécuriser nos fonds de réserve financières en offrant moins aux professionnels de santé et en demandant plus de cotisations aux malades ».

L’Assurance-maladie avance quant à elle, sûre de ce qu’elle présente comme des réussites, Sophia en tête, vers plus de logique comptable et de désorganisation de la sphère professionnelle.

Dans ce panorama peu enthousiasmant, il reste les professionnels de santé et les patients volontaires qui peuvent encore, ensemble, avancer dans la voie d’un système organisé avec générosité et efficience. Les ARS n’ont sans doute qu’à leur ouvrir la porte.

Source : Martial Olivier-Koehret, médecin généraliste – [email protected]

Contact : Soins Coordonnés – 06 26 03 00 83 - [email protected]

MAIS A QUOI SERVENT LES ARS?
Accéder à l'Espace Médecin

ARS : Agence Régionale de Santé
CPOM : Contrat Pluriannuel d'Objectifs et de Moyens
DRDR : Dotation Régionale de Développement des Réseaux
FAQSV : Fonds d'Aide à la Qualité des Soins de Ville
FIQSV : Fonds d'Intervention pour la Qualité des Soins de Ville
HPST : Hôpital Patient Santé Territoire
IGAS : Inspection Générale des Affaires Sociales
PRS : Projet Régional de Santé
SROS : Schémas Régionaux d'Organisation des Soins


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