Certains n’hésitaient pas, il y a encore quelques années, à prédire la fin du support papier pour les livres, les magazines ou encore les journaux. La réalité d’aujourd’hui apparaît plus nuancée : on peut notamment observer une tendance de fond dans le business de l’édition, qui consiste à marier plus harmonieusement les supports papier et numérique d’un même fournisseur d’informations, en particulier grâce à la montée en puissance des smartphones et tablettes tactiles. La démarche récemment engagée par le site italien Due Spaghi (2spaghi.it) est à ce titre assez emblématique : ce guide de référence des restaurants italiens, au départ purement virtuel, entame la commercialisation d’un guide papier tirant profit de la richesse des contenus disponibles sur le site Internet.
Plutôt que d’éditer un pavé qui copierait les milliers de pages et commentaires du site et serait obsolète au bout d’un mois, le SpagoGuida 2011 tire parti avec grande intelligence de la technologie déjà bien éprouvée des codes QR. Les codes QR sont ces fameux cryptogrammes carrés, à l’allure de codes-barres, que l’on peut désormais trouver de plus en plus souvent dans les musées ou certains magasins. Il suffit de scanner l’un de ces codes avec un téléphone portable doté de l’application dédiée pour ouvrir automatiquement une page web en rapport avec l’objet exposé.
La première édition du guide de Due Spaghi fourmille donc d’un millier de codes QR imprimés en marge des paragraphes, pour autant de restaurants présentés. Le scan du code permet d’accéder immédiatement aux derniers avis et commentaires concernant l’expérience des clients de tel ou tel restaurant : un moyen idéal pour ne pas se fier exclusivement à des appréciations élogieuses qui ne seraient plus forcément d’actualité, par exemple après un changement de cuisinier. Il est bon toutefois de noter que si l’ouvrage couvre un millier d’établissements, le site Internet référence quant à lui près de cinquante mille lieux de restauration, ce qui souligne les limites infranchissables de l’édition papier.
Cette restriction est compensée par la sélection attentive des meilleurs établissements, ce qui constitue un certain atout « prestige » pour le guide. Et il en aura besoin, dans la mesure où le guide papier est pour l’instant vendu principalement sur le site Internet, au prix de 15,90 euros. Une première estimation des ventes devrait rapidement permettre d’établir la viabilité ou non-viabilité de ce modèle économique prometteur, qui surfe à la frontière entre supports traditionnels et numériques. Un succès commercial pourrait bien donner des idées à des éditeurs audacieux, en France ou ailleurs.
Qu’en pensez vous ?